Réunis à Alger du 8 au 10 juillet 2025, des experts venus de plus d’une vingtaine de pays ont pris part à la 3e Conférence arabe des actuaires, un rendez-vous désormais incontournable pour l’industrie de l’assurance dans le monde arabe. Cette rencontre, organisée conjointement par l’Union algérienne des sociétés d’assurance et de réassurance (UAR), l’Union générale arabe des assurances (UGAA) et la société Mena Money, avait pour ambition de replacer l’actuaire au cœur de la stratégie assurantielle régionale. L’événement a souligné une conviction commune : l’actuariat, longtemps resté dans l’ombre, doit s’imposer comme une pratique experte, stratégique et innovante, capable d’accompagner les mutations profondes de l’économie et de la société.
Par Badreddine KHRIS
Les débats ont mis en lumière le rôle fondamental de l’actuaire dans la gestion des risques émergents – économiques, climatiques, sanitaires ou numériques – ainsi que dans la solidité financière des compagnies d’assurance et des systèmes de retraite. Loin de se limiter à des calculs techniques, la profession est désormais appelée à assumer une mission élargie : éclairer la décision publique et privée, anticiper les chocs systémiques et concevoir des solutions inclusives, notamment par la micro-assurance. « Sans évaluation actuarielle fiable, il est risqué de lancer un nouveau produit », disent les experts qui insistent sur la nécessité de transformer l’actuaire en stratège des risques globaux, du climat à la santé publique.
Les travaux d’Alger ont également montré que l’expertise actuarielle ne se réduit pas à une technicité savante, mais s’inscrit dans un contexte régional en quête de modernisation. L’essor de l’épargne en Algérie, la montée en puissance de la finance islamique, la tarification des risques cybernétiques, ou encore l’intégration de l’intelligence artificielle dans les pratiques assurantielles illustrent la profondeur de ces transformations. L’actuaire y trouve un terrain d’action privilégié : affiner la tarification, modéliser les tables de mortalité locales, développer des outils prédictifs contre la fraude et accompagner les compagnies vers une gouvernance data-driven.
En clôture de la conférence, une série de recommandations a été adoptée pour refonder la profession actuarielle dans le monde arabe. Elles appellent à intensifier la formation spécialisée, à actualiser les instruments techniques comme les tables de mortalité, à promouvoir l’assurance verte et inclusive, mais aussi à créer un observatoire de l’intelligence artificielle dans l’assurance. Cette feuille de route témoigne d’une volonté collective : faire de l’actuariat un levier d’innovation et de résilience, au service des compagnies d’assurance mais aussi des sociétés arabes dans leur ensemble.
La 3e Conférence arabe des actuaires marque ainsi une étape décisive. En rassemblant décideurs, chercheurs, étudiants et professionnels autour d’une vision partagée, elle consacre Alger comme une plateforme d’expertise et de projection pour une profession appelée à jouer un rôle stratégique croissant dans les économies arabes. L’actuaire, hier discret, devient aujourd’hui l’un des artisans essentiels de la stabilité financière, de l’inclusion sociale et de l’adaptation aux grands risques de demain.
H. N. A.




