L’Algérie et l’Italie consolident davantage leur coopération économique historique, portée par une volonté politique réaffirmée et une vision commune du développement durable et mutuellement bénéfique. La visite du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à Rome, les 22 et 23 juillet dernier, a été l’occasion d’un véritable tournant dans la consolidation et la densification des liens économiques entre les deux pays. Cette visite consacre une nouvelle étape dans le partenariat algéro-italien, ancré dans l’histoire et plus que jamais tourné vers l’avenir. Le Président Tebboune a évoqué, à juste titre, la « profondeur des relations historiques entre l’Algérie et l’Italie, qualifiant ce pays de « partenaire essentiel et sérieux » dans l’accompagnement de la dynamique économique ambitieuse de l’Algérie. A ses cotés, Giorgia Meloni, Présidente du Conseil des ministres italien, a salué, elle, une relation fondée sur la « confiance mutuelle, les intérêts partagés et une vision commune de la stabilité régionale et de la prospérité durable ». Des mots qui valent leur pesant d’or. Les exemples ne manquent pas d’ailleurs pour attester de l’historicité et de l’excellence des relations entre les deux pays. En effet, depuis plusieurs années, l’Italie s’est imposée comme l’un des partenaires les plus constants et fiables de l’Algérie en méditerranée. Cette visite a permis en tout cas de projeter les deux partenaires sur de nouvelles perspectives de coopération, certainement plus solide, stable et mutuellement bénéfique. Le point d’orgue de cette visite présidentielle a été la signature de plusieurs accords de coopération bilatérale dans des secteurs économiques clés, à savoir l’agriculture, la pêche, l’agroalimentaire, l’aquaculture, les télécommunications, le cinéma, l’industrie, automobile et les hydrocarbures. Sur le plan énergétique, le groupe public Sonatrach et l’Italien ENI ont conclu un nouveau protocole d’accord portant sur les hydrocarbures, la transition énergétique et les énergies renouvelables. Ce texte vise à accroitre la production de gaz naturel, à garantir l’approvisionnement de l’Italie et à lancer de nouvelle initiative dans le solaire et l’hydrogène vert. Cet accord fait suite aux deux récents contrats d’exploitation signés entre les deux géants d’hydrocarbures dans les périmètres de Zemoul El Kbar et Reggane II.
L’énergie et l’industrie, piliers d’un partenariat stratégique
Grâce à ces initiatives couvertes par ce protocole, les deux partenaires nourrissent l’ambition d’augmenter la production de gaz de 5,5 milliards de mètres cubes par an d’ici 2028. Les discussions, à Rome, entre le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, et son homologue italien Gilberto Fratin, ont ouvert de nouvelles perspectives à la coopération énergétique entre les deux pays, notamment dans le domaine de l’hydrogène vert et l’interconnexion électrique. Dans le domaine industriel, le groupe Stellantis El Djazair a signé un accord de sous-traitance stratégique avec l’équipementier italien Sigit, qui produira localement des pièces de rechange en plastique destinées à l’approvisionnement de l’usine FIAT d’Oran, en partenariat avec l’Entreprise nationale des plastiques et caoutchouc (ENPC). Ce projet s’inscrit dans une vision de long terme visant à créer un écosystème automobile intégré en Algérie, capable de couvrir, à terme, plus de 30% des composants automobiles. Plusieurs autres accords, et non des moindres, ont été également signés au terme de la 5e session du Sommet intergouvernemental algéro-italien de haut niveau, coprésidé par le président de la République et Giorgia Meloni, en présence des membres des délégations des deux pays.
Une douzaine de mémorandums d’entente et d’accords ont été, en effet, signés, couvrant des domaines aussi variés que, l’agriculture, la pêche et l’agro-industrie pour le échange de savoir-faire et la modernisation des filières, l’aquaculture et la pisciculture à l’effet de renforcer la sécurité alimentaire et développer des chaines de valeurs, la Poste, les Télécommunication et le Numérique, visant à moderniser les infrastructures et stimuler la transformation digitale, la protection des personnes à besoins spécifiques, la lutte contre les incendies le sauvetage en mer et la coopération antiterroriste, la défense et l’investissement à travers un accord entre l’AAPI et l’Invitalia. Ces accords traduisent en tout cas une volonté claire de bâtir une coopération intégrée et durable en misant sur les complémentarités économiques, les intérêts stratégiques communs et l’échange de savoir-faire. La coopération algéro-italienne ne date pas d’aujourd’hui, mais cette nouvelle étape qui s’appuie, certes, sur une série de nouveaux accords, a été le fruit de l’engagement franc d’Abdelmadjid Tebboune et de Giorgia Meloni d’insuffler une nouvelle dynamique à ce partenariat bilatéral.
Une relation ancrée dans l’histoire
Depuis toujours, l’Italie, à travers son géant énergétique ENI, joue un rôle clé dans le développement du secteur des hydrocarbures en Algérie, notamment à travers ses investissements continus et sa coopération constante avec le groupe Sonatrach. Sur le plan industriel, la relance de la marque automobile FIAT en Algérie, en 2023, avec l’inauguration de l’usine Tafraoui (Oran), a marqué une étape importante dans le retour de la production automobile nationale. Ce projet, mené par le groupe Stellantis, illustre la volonté de l’Italie de contribuer concrètement à l’ambition de l’Algérie d’accélérer son industrialisation. Dans le domaine culturel, l’Algérie et l’Italie collaborent aussi dans les échanges universitaires, dans la formation cinématographique ainsi que dans la restauration du patrimoine archéologique. Autant de domaine où les synergies sont anciennes et fécondes. En somme, la visite du Président Tebboune à Rome, placé sous le seau du respect mutuel et la convergence stratégique, confirme le positionnement de l’Algérie comme acteur central en méditerranée en partenaire énergétique et industriel de premier plan. Face aux défis régionaux et aux mutations économiques mondiales, le tandem algéro-italien apparait comme un modèle de coopération équilibrée, basé sur la complémentarité, la stabilité et la vision partagée d’un avenir commun. L’escale présidentielle dans la cité éternelle confirme par-dessus tout la solidité et la viabilité du partenariat algéro-italien qui allie mémoire, intérêts économiques communs et ambition de développement partagée. Plus qu’une simple coopération bilatérale, c’est une véritable alliance stratégique euro-méditerranéenne qui se dessine entre Alger et Rome. La solidarité du peuple italien avec la guerre de libération nationale fait partie de ces ingrédients de la mémoire commune que se partagent les deux pays. Sans l’ombre d’un doute, l’exemple le plus parlant de ce rapprochement révolutionnaire est Enrico Mattei, fondateur et président de l’Entreprise Nationale Italienne des Hydrocarbures (ENI) de 1953 à 1962. Il fut un fervent défenseur de l’Independence de l’Algérie. Ce n’est pas pour rien que le premier gazoduc reliant l’Algérie à l’Italie a été baptisé en son nom.
Ali. T.