Le président du Groupe de la Banque islamique de développement (BID), le saoudien, Muhammed Al-Jasser, a prononcé un discours empreint de reconnaissance, d’émotion et de perspective, à l’ouverture officielle des Assemblées annuelles de la BID le 20 mai 2025 à Alger. Un moment solennel, marqué par un hommage vibrant à l’Algérie, hôte de cette édition, mais aussi par la réaffirmation des ambitions stratégiques de l’institution face aux défis mondiaux.
Un hommage appuyé à l’Algérie
Dès les premiers mots, le président a exprimé sa « gratitude profonde » au Président Abdelmadjid Tebboune, au Gouvernement algérien et au peuple tout entier pour « l’accueil chaleureux et l’organisation exemplaire » de ces rencontres. L’Algérie, qui accueille pour la troisième fois les Assemblées – un fait inédit pour un pays hors siège – a été saluée pour sa fidélité historique à l’institution, sa générosité et son engagement en faveur de la coopération Sud-Sud.
Sur un ton solennel et lyrique, il a évoqué l’héritage de figures historiques et spirituelles algériennes comme l’Émir Abdelkader, Lalla Fatma N’Soumer ou encore Ibn Badis, comme autant de symboles de résistance, de dignité et de savoir. « L’Algérie n’est pas qu’un pays, c’est une symphonie, une terre de martyrs et d’humanité », a-t-il déclaré.
Un partenariat solide et des perspectives renforcées
Rappelant que l’Algérie est membre fondateur de la BID depuis 1974, il a souligné la profondeur du partenariat bilatéral, illustré par des financements cumulés dépassant les 3 milliards de dollars. Il a salué la stratégie algérienne de diversification économique, qualifiée de « visionnaire et inclusive », et annoncé le lancement officiel du cadre de coopération 2025–2027, qui orientera les investissements futurs.
Contexte mondial difficile, réponse renforcée
Le président de la BID n’a pas éludé les tensions économiques mondiales. « Nous faisons face à un enchevêtrement de crises inédites : géopolitiques, climatiques, commerciales », a-t-il souligné, évoquant un ralentissement de la croissance mondiale à 2,8 % pour 2025 selon le FMI.
Si la région MENA subit un net recul économique, l’Afrique subsaharienne, elle, « offre un signal positif » avec une croissance estimée à 4,2 %, portée par sa résilience. Le président a plaidé pour un renforcement de l’intégration régionale, la diversification des marchés et l’essor des échanges intra-membres.
Un engagement financier renouvelé
Face à ces défis, la BID a renforcé ses efforts. En 2024, les engagements de financement du Groupe ont atteint plus de 13 milliards de dollars, en hausse de 12 % sur un an. Les décaissements réels ont, quant à eux, franchi la barre des 9 milliards.
Les secteurs clés ciblés incluent le transport avec 1,5 milliard USD ; l’agriculture avec près de 2 milliards USD ; l’énergie avec 918 millions USD ; le secteur privé avec 663 millions USD via la Société islamique de développement du secteur privé (SID) ; le commerce avec plus de 7 milliards USD via la Société internationale islamique de financement du commerce (ITFC) ; et l’assurance des investissements avec 13 milliards USD sécurisés par la Corporation islamique d’assurance des investissements et des crédits à l’exportation (ICIEC).
Le président de la BID a insisté en précisant que « ce ne sont pas de simples chiffres, ce sont des preuves concrètes de notre engagement à transformer les promesses en réalité. »
Vers une nouvelle stratégie décennale
Un moment-clé de son intervention a été l’annonce du nouveau cadre stratégique 2026–2035, appelé à devenir la feuille de route du Groupe pour la décennie à venir. Cette vision vise à positionner la BID comme « le partenaire privilégié du développement humain et de la dignité islamique », avec une attention accrue pour les pays à faible revenu.
Il a également confirmé le lancement d’une nouvelle fenêtre de financement concessionnel dédiée aux membres les moins avancés, reflétant l’engagement humanitaire de la BID, ancré dans les principes islamiques de solidarité et de justice.
H. N. A.