Tous ces instruments assurantiels ont été explicités par les panélistes lors de la 3ème édition de la Conférence arabe des actuaires qui ont également proposé des orientations pour un usage plus efficient.
Par Badreddine KHRIS
Les travaux de la 3e édition de la Conférence arabe des actuaires se sont poursuivis au troisième jour, avec des discussions autour de plusieurs thématiques, telles que l’assurance-vie, l’usage de l’intelligence artificielle dans l’assurance, la gestion des sinistres complexes, les tables de mortalité, les régimes de retraite complémentaire et les produits d’épargne. Celle-ci, a été longuement débattue lors de cette journée.
Les experts sont unanimes à reconnaitre qu’il est impératif, d’accroitre et de renforcer, la prise de conscience quant à l’importance de l’épargne dont les fonds contribuent au financement des projets économiques créateurs de richesses et de postes d’emploi.
En Algérie, l’on note une nette hausse des données relatives à l’épargne dans le secteur bancaire pour le premier semestre 2024. L’on en veut pour preuve, le nombre de comptes d’épargne qui a atteint plus de 12,5 millions de livrets (d’épargne), avec une enveloppe de 3.684 milliards de DA . Le nombre de cartes d’épargne a augmenté pour atteindre 1,8 million de cartes alors que celui des agences bancaires est passé à 1734 depuis le début de l’année en cours, avec 858 agences de finance islamique ayant contribué au développement de l’épargne dans notre pays.
Cette augmentation peut être expliquée par les mesures prises par les autorités publiques pour protéger et améliorer le pouvoir d’achat des citoyens tout en créant un environnement propice à l’épargne. Cette activité joue un rôle vital dans l’appui de cette orientation et contribue à réaliser un équilibre économique favorable au bien-être de la société en général.
Il a été clairement signifié dans ce panel que pour développer de nouveaux outils et cadres afin d’encourager les citoyens et les entreprises à épargner et faciliter les moyens d’un investissement sûr, il faut développer une infrastructure financière avancée garantissant un environnement propice à l’épargne et à l’investissement durable.
Garantir un environnement propice à l’épargne
L’autre thématique et non des moindres discutée dans ce panel a trait à l’usage croissant de l’intelligence artificielle dans les pratiques assurantielles. L’intelligence artificielle dans le secteur des assurances n’est plus une technologie futuriste réservée aux grandes compagnies d’assurance.
Elle s’impose aujourd’hui comme un outil indispensable pour les courtiers d’assurance qui cherchent à optimiser leur efficacité opérationnelle et à répondre aux exigences croissantes de leurs clients. L’intelligence artificielle offre au secteur de l’assurance des solutions innovantes pour améliorer la personnalisation des services, optimiser la gestion des risques et accroître l’efficacité opérationnelle de tous ses acteurs.
Dans un marché de plus en plus concurrentiel où la réactivité service client et la personnalisation des services deviennent des facteurs différenciants majeurs, l’IA représente pour le courtier une opportunité unique de transformation numérique assurance.
L’IA de plus en plus impérative de par les exigences clients plus élevées, les réglementations complexes et le besoin d’agilité et d’efficacité.
L’IA est, en effet, en mesure d’assurer une réactivité immédiate y compris en dehors des horaires d’ouverture grâce à des assistants virtuels.
Elle peut garantir des services sur mesure adaptés via des outils de personnalisation des services et entretenir une relation avec le client plus fluide et sans interruption entre les canaux (email, téléphone, messagerie).
L’IA offre également à l’assureur la possibilité d’effectuer une analyse prédictive qui consiste à anticiper les besoins clients ou le renouvellement de contrats. Ainsi, l’on peut identifier automatiquement les clients à haut potentiel, prioriser les relances commerciales en fonction du comportement client, prévoir les départs ou les besoins de couverture à venir…
Mieux, pour trouver des solutions au problème de fraude, devenue un enjeu majeur, tel que les sinistres inventés, exagérations des préjudices ou fausses factures d’artisans… les compagnies d’assurances se munissent d’outils d’IA pour identifier les schémas suspects. Car, elles sont tenues d’éviter des pertes financières significatives.
L’IA offre au secteur de l’assurance des solutions innovantes
La tarification actuarielle, autre thème abordé, a été largement explicité par les panélistes. Il s’agit en fait d’un processus par lequel les actuaires déterminent le prix (la prime) des produits d’assurance, en tenant compte des risques et de la probabilité de sinistres. Ce processus implique l’évaluation des risques à travers laquelle les actuaires utilisent des modèles statistiques et mathématiques pour évaluer la probabilité de survenance de différents événements assurés tels qu’un accident de voiture, un incendie, un décès.
Les actuaires procèdent également à l’estimation des coûts futurs, notamment le coût moyen des sinistres potentiels, en tenant compte de divers facteurs tels que la gravité, la fréquence et les tendances historiques.
En fonction des évaluations des risques et des estimations de coûts, les actuaires établissent les primes d’assurance, c’est-à-dire le montant que les clients doivent payer pour être couverts par l’assurance.
Il est à noter que la tarification actuarielle est essentielle pour garantir la viabilité financière des compagnies d’assurance et pour offrir aux clients des prix équitables et adaptés à leur profil de risque.
Sur un autre registre, les panélistes ont débattu de la construction des tables de mortalité en Algérie qui s’appuie sur des données démographiques et des méthodes statistiques pour estimer les probabilités de décès à différents âges. Ces tables sont essentielles pour divers domaines tels que l’assurance, la planification de la retraite, et l’analyse de la santé publique.
La tarification actuarielle pour la viabilité financière des compagnies
Les tables de mortalité utilisent, comme sources, les données des recensements pour connaître la répartition de la population par âge alors que celles liées au nombre de décès par âge sont collectées auprès des services d’état civil et des registres de décès.
Les tables s’appuient aussi sur les données spécifiques qui peuvent être utilisées pour des populations particulières telles que les retraités.
Ainsi, les compagnies d’assurance utilisent les tables de mortalité pour calculer les primes d’assurance-vie et les rentes viagères. Elles permettent d’estimer la durée de vie restante et de prévoir les besoins financiers à la retraite.
Les tables de mortalité aident en outre, à comprendre les tendances de mortalité, à identifier les problèmes de santé publique et à évaluer l’impact des politiques de santé.
L’importance des tables de mortalité précisée
En Algérie, des tables de mortalité ont été construites notamment lors des années 1997, 1998 et 1999. Des analyses de la mortalité générale et infanto-juvénile ont été réalisées, avec des études spécifiques sur la mortalité des retraités. L’Office National des Statistiques (ONS) est l’organisme en charge de la production de ces données.
La tarification des risques cybernétiques a été l’autre thématique traitée lors de cette journée.
En Algérie, la tarification des risques cybernétiques est un domaine en développement, avec une législation récente sur la protection des données personnelles et des mises à jour des lois existantes concernant la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Les assureurs commencent à proposer des produits d’assurance cyber, mais il n’existe pas encore de barème standardisé comme pour l’assurance automobile. Ils commencent à introduire des produits d’assurance cyber mais le marché est encore jeune et en développement.
Cela dit, l’évaluation des risques cybernétiques par les assureurs prend en compte divers facteurs, tels que la taille et le type d’entreprise, la sensibilité des données traitées, les mesures de sécurité mises en place, et l’historique des incidents de sécurité.
B. Kh.




