Accueil L'ÉDITO Le pragmatisme comme boussole économique

Le pragmatisme comme boussole économique

0

Dans un environnement international marqué par l’incertitude, la fragmentation des échanges et la recomposition des équilibres géopolitiques, l’Algérie semble avoir fait un choix stratégique clair : celui du pragmatisme. La progression du pays à la 7ᵉ place du classement 2025/2026 des destinations d’investissement en Afrique, avec un gain de trois rangs, ne relève pas du hasard. Elle traduit une inflexion progressive mais déterminée des choix économiques, orientés vers l’ouverture, la diversification et le partenariat international.
Longtemps perçue à travers le prisme de sa dépendance aux hydrocarbures, l’économie algérienne amorce une mue structurelle. La volonté politique de réduire la vulnérabilité aux chocs énergétiques se matérialise par une stratégie de diversification sectorielle : industrie, agriculture, transformation locale, énergies renouvelables et services prennent une place croissante dans le discours et dans l’action publique. Ce virage n’est pas idéologique, mais résolument pragmatique : il repose sur la recherche d’efficacité, de valeur ajoutée locale et de création d’emplois durables.
Au cœur de cette dynamique, l’attraction des investissements directs étrangers (IDE) est devenue un levier central. Simplification des procédures, révision du cadre juridique de l’investissement, incitations fiscales ciblées et amélioration progressive du climat des affaires participent à créer un environnement plus lisible et plus compétitif. L’Algérie envoie ainsi un signal clair aux partenaires internationaux : elle ne se contente plus d’exporter des ressources, elle cherche à coconstruire des chaînes de valeur industrielles.
Le choix du développement industriel apparaît comme un pari stratégique assumé. En misant sur la production locale, l’industrialisation et le transfert de savoir-faire, le pays cherche à consolider sa souveraineté économique tout en renforçant son attractivité. Dans un continent africain en quête de pôles industriels solides, l’Algérie s’installe progressivement comme un acteur crédible.
Cette trajectoire reçoit une impulsion supplémentaire grâce à un épisode diplomatique significatif : la récente visite du Premier ministre vietnamien lors de laquelle l’Algérie et le Vietnam ont décidé d’élever leurs relations « au niveau de partenariat stratégique ». Ce partenariat n’est pas une simple déclaration de principe : il prévoit un cadre concret de coopération économique, industrielle et technologique, de l’agriculture à la transformation numérique, de l’énergie à l’urbanisme.
Cette coopération Sud-Sud a l’avantage d’ouvrir à l’Algérie un nouveau corridor d’investissements et d’échanges avec le Vietnam, pays asiatique en forte croissance, tout en valorisant la position géographique de l’Algérie comme plateforme entre Méditerranée, Afrique et Moyen-Orient. Cette alliance témoigne d’une volonté algérienne de ne plus se limiter aux partenaires traditionnels, mais d’élargir son horizon et d’attirer des capitaux asiatiques, des technologies et des compétences nouvelles.
Cette progression dans le classement africain, dans un contexte mondial défavorable, consacre cette orientation : elle récompense une trajectoire faite de réformes, d’ajustements et d’une lecture lucide des mutations globales. Plus qu’un simple indicateur, le classement révèle une réalité : l’Algérie n’est plus dans l’attentisme, mais dans la construction patiente d’un nouveau modèle économique, fondé sur l’ouverture, le partenariat et l’ambition industrielle. Un pari qui a toutes les chances d’être gagnant.. n
Par Hacène Naït Amara

Article précédentL’Algérie, un pilier de stabilité et un catalyseur d’intégration africaine 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here