Accueil DOSSIER CONTRIBUTION : L’Economie circulaire tire son épingle du jeu !

CONTRIBUTION : L’Economie circulaire tire son épingle du jeu !

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«C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas ». Victor Hugo serait très certainement effaré de constater le paroxysme que nous avons atteint en la matière, et la situation d’urgence dans laquelle nous nous trouvons.

Par Ahmed Fekairi, directeur des projets chez GIZ

l’heure d’une planète suffocante, nous franchissons chaque année un peu plus tôt la date d’épuisement de nos ressources et certaines limites planétaires. Le constat est sans ambigüité.
Et pourtant, face à notre déraisonnable surexploitation et contamination des ressources qui a surgi avec l’ère industrielle et la société de consommation de masse, a émergé en parallèle, au cours de la seconde moitié du XXe siècle, un consensus mondial sur la nécessité de fonder un droit international pour la protection de l’Environnement.
L’environnement ne connait pas de frontières et nous sommes tous indubitablement concernés.
Les évènements emblématiques et historiques de la genèse de ce droit international sont notamment la Conférence de Stockholm en 1972 et celle de Rio en 1992. De là fut adopté le premier grand principe du droit fondamental de l’homme à l’environnement, c’est-à-dire à « la liberté, l’égalité et à des conditions de vie satisfaisantes dans un environnement dont la qualité lui permet de vivre dans la dignité et le bien-être. ».
Également énoncés, les principes fondateurs bien connus comme le principe de précaution, totalement légitime ou encore du pollueur-payeur, bien plus discutable quant à la brèche qu’il ouvre sur le « droit à polluer moyennant finance ».
Les premières bases étant posées, ces conférences internationales des Nations Unies pour l’Environnement ont donné lieu à une série de traités et conventions thématiques qui ont peu à peu façonner et complexifier le cadre juridique international de protection de l’Environnement que nous connaissons actuellement.
Nous pouvons nous réjouir des accords « historiques » qui ont été conclus et ratifiés par la majeure partie des états cette dernière décennie. Du protocole de Kyoto au Accords de Paris ou encore des Conventions Cadres des Nations Unies pour le Développement, le Changement Climatique, la protection des eaux et de la biodiversité.
L’Algérie se positionne par exemple en tête des pays Africains en termes de Conventions Internationales ratifiées et du panel législatif déployé en droit national sur ces thématiques.
Cependant, la question d’actualité est la suivante : comment un état peut-il construire et décliner sa politique environnementale simplement et souverainement tout en respectant ses obligations internationales ?
Finalement, ces conventions convergent toutes dans un objectif commun de prévention et protection des ressources et des écosystèmes.
Ces conventions fixent des programmes, des objectifs, des agendas, des cibles, des indicateurs qui foisonnent et se multiplient mais qui résume finalement la prise en compte de la dégradation générale de l’environnement dans les activités anthropiques.
En effet, le cœur du sujet est bien la pression des activités humaines sur nos ressources et nos écosystèmes. Tout notre système de droit international est né d’un besoin de compenser nos impacts.
Aujourd’hui il est donc bien question de remettre en cause notre modèle de société de consommation et opérer une transition rapide vers des modes de vie et de production à basse empreinte, aussi bien à l’échelle locale qu’internationale.
L’économie circulaire qui semble être la réponse toute trouvée et le modèle à suivre a tout de même plusieurs facettes et une multitude de déclinaison.
Elle est souvent réduite (à tort) à la gestion intégrée des déchets comme si miraculeusement nous pouvions espérer régénérer et valoriser l’ensemble de nos produits dans une boucle infiniment vertueuse. Même si cette utopie s’avérait réalisable, elle serait totalement inefficace pour autant que la croissance économique serait recherchée.
Se laisser bercer par cette douce illusion d’une croissance infinie dans un monde fini et portée par une économie circulaire, ou bien encore miser sur les ruptures technologiques capitalistiques en guise de mesures correctives des impacts de nos activités de production sont des leurres.

En effet, l’accélération des consommations de flux d’énergie carbonée et de matières premières sont causées en grande partie par nos techniques de production mais également par la combinaison d’une croissance de la population et d’un niveau de vie.
Si nous perséverons dans le maintien de la croissance du PIB comme cible et indicateur de développement ou pire encore de bien-être, nous courons à notre perte et à la déchéance de ce que la Planète Terre aura mis des millions d’années à élaborer.
Il faut donc appréhender le modèle d’économie circulaire de manière très large. Ce doit être un projet de société, fondé sur la gestion intégrée de l’ensemble des ressources et qui doit à la fois permettre de redéfinir les modes de production, de consommation, le concept de partage de la richesse, mais également de soutenir la création d’emplois, l’accomplissement des personnes, l’équité et le développement territorial. Il s’agit de la clé de voute de la politique environnementale et sociétale pour coordonner tous nos objectifs et construire demain.
A chaque pays ses enjeux, ses territoires, sa culture, ses coutumes, ses aspirations et ses spécificités à ancrer durablement dans son environnement.
A. F.

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