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Farid Farah, expert en TIC au Forum Meet-Tic de « Indjazat » by Mobilis : «Grande pluviosité télécoms.. mais sécheresse digital»

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Après avoir lancé son numéro inaugural le mois d’Aout écoulé, le Forum «Meet-Tic» du magazine «Indjazat», sponsorisé par l’opérateur public de la téléphonie mobile, Mobilis, et dédié au monde des Technologies de l’information et de la communication (TIC), était au rendez-vous, début septembre, avec une nouvelle édition, un nouvel invité et un débat sur une thématique tout aussi importante relative au monde des TIC. L’animateur Ahmed Lahri a eu, en effet, à débattre avec Farid Farah, consultant expert en TIC et enseignant universitaire à l’Université des sciences et technologies Houari Boumedien (USTHB) de Bab Ezouar à Alger, de la place de l’Algérie dans le monde des TIC, son évolution vers une économie digitale et les défis à relever en matière d’investissement dans le secteur des télécoms.

Par Hacène Nait Amara

L’entement mais sûrement, le secteur national des TIC, notamment dans son volet téléphonie mobile, évolue bien et devient, au fil des années, un secteur « très productif pour l’économie nationale ». C’est le constat que fait l’expert en télécoms en Algérie, Farid Farah, dont la demande est, selon lui, « en nette croissance et dépasse, parfois, l’offre des opérateurs ». Aujourd’hui, le secteur est loin de la situation de blocage – et non pas de saturation – qu’il a connu, il y a quelques années, et le marché a énormément évolué, si bien qu’il est passé de la méthode traditionnelle de transport de la voix, à la méthode actuelle basée sur la DATA pour laquelle les opérateurs ont beaucoup investi. Cependant, Farid Farah estime que ces opérateurs doivent maintenant chercher de nouvelles sources de revenus pour réaliser de la croissance et avoir le retour sur investissement. « Rester sur la vente des temps de connexion est insuffisant. Il faut aller vers le marketing digital et la vente des contenus qui, actuellement, proviennent à 99% de sources étrangères », fait-t-il savoir. Pour ce faire, il est impérativement nécessaire de développer un marché du contenu local et réaliser un « saut qualitatif » qui permettra à l’opérateur de passer de son statut traditionnel de transporteur de données ou de voix, à un fournisseur de support.
En d’autre terme, explique Farid Farah, « le volet exploitation devrait être aujourd’hui au cœur de la stratégie de développement des TIC en Algérie », d’autant que c’est le « maillon faible » qui a fait que le pays soit classé au troisième rang des pays africains, par la dernière étude de «Buddes Télécoms Maturity Index». « C’est un résultat insuffisant, compte tenu de l’importance d’un pays comme le notre qui devrait être à la tête d’un classement pareil. Nous sommes classés à la 3ème place eu égard aux grands investissements consentis dans l’infrastructure. Nous avons trois opérateurs LTE et un opérateur de téléphonie fixe et trois réseaux fonctionnels, sans mutualisation de réseau, sans partage d’équipements. Sur ce plan, nous sommes bien avancés. Mais beaucoup reste à faire dans le domaine de l’exploitation. C’est le virage que l’Algérie ne doit pas rater », souligne l’expert.
Par ailleurs, s’agissant de la migration à la cinquième génération (5G) des standards en matière de téléphonie mobile, Farid Farah a tenu à rappeler d’abord que certains experts étaient pour un passage de la 2G à la 4G, sans passer par la 3e génération, en raison de « la charge supplémentaire qu’elle constitue dans le processus d’investissement global ». Il y a eu tout de même la 3G, puis la 4G et « nous pouvons aujourd’hui transiter facilement vers à la 5e génération, car l’investissement va concerner uniquement la partie radio du réseau », explique l’invité du Forum Meet-Tic du magazine Indjazat. Pour lui, il n’y a aucun échéancier à respecter pour cela, d’autant qu’avec l’état actuel du marché algérien, la 4G suffit largement. Il n’en demeure pas moins que pour rester bien classé par les organismes spécialisés, « il faut toujours se préparer à une migration vers la 5G, qui va être le support de l’économie digitale de demain, même si elle sera partielle et non généralisée dans tout le pays », fait-il remarquer. Pour lui, même si la téléphonie et les télécoms, en général, se taillent la part du lion, il ne faudrait pas cependant ignorer le reste des segments du monde numérique, qui touchent aujourd’hui quasiment l’ensemble de la vie quotidienne des citoyens. « Le digital produit les données et les télécoms se chargent de le transporter. On parle aujourd’hui de la reconnaissance faciale, de la signature électronique, du paiement intelligent et de l’enseignement à distance. Tout cela, c’est le résultat du mariage entre les télécoms et le digital. Cela devra avoir un impact très important sur la société traditionnelle et le monde réel dans lequel nous vivons. Malheureusement en Algérie, nous avons une grande pluviosité télécoms mais une sécheresse digitale », relève M. Farah. Et d’ajouter : « Le volet numérique en Algérie n’arrive toujours pas à décoller. Ce n’est pas parce que nous disposons d’un marché étoffé de Smartphones, qu’il faut considérer cela comme un pas dans le digital ». D’où la nécessité de développer un contenu digital local, adapté à notre société et à notre culture. Et pour ne pas « rater le virage de la digitalisation », l’expert plaidera pour un changement de l’écosystème et une synchronisation du modèle politique du pays avec le modèle de développement économique.
H. N. A.

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