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Ferhat Aït Ali Braham, un ministre «bien dans sa peau, bien dans son temps»

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Sans conteste, le ministre de l’Industrie, Ferhat Ait Ali Braham, apparait  comme l’homme le plus percutant du gouvernement algérien actuel. Offensif et polémiste, sa posture et son ton discursif tranchent avec le stéréotype  du commis de l’Etat engoncé dans les carcans  qu’a toujours imposé les us des hautes fonctions. Bien dans sa peau, bien dans son temps et, ce qui ne gâte rien, cartésien à souhait. Et c’est bien  dans cette logique que cet économiste rompu à l’exercice, puise tellement de cran, aujourd’hui, pour tenter de  faire ressusciter le concept ‘’momifié’’’ de l’industrie industrialisante des années 70, sans sa forme dogmatique, ni idéologique mais comme une plateforme d’autonomisation des entreprises. Héritant d’un secteur rendu plus stratégique encore, à l’heure de l’assèchement de la rente pétrolière, Aït Ali y fait un traveling qui en zoome le moindre recoin. Dans cet entretien qu’il a bien voulu accorder au magazine Indjazat, Ferhat Ait Ali Brahim a expliqué les principaux axes de sa stratégie pour huiler la machine de l’industrie nationale et booster un secteur aussi stratégique pour gagner la bataille de diversification de l’économie nationale. Suivez le…

Entretien réalisé par Hacène Nait Amara

Vous avez annoncé avoir préparé un nouveau plan de relance économique visant à revenir vers la politique de l’industrie industrialisante. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Le plan de relance économique concerne surtout le secteur de l’industrie. Il a été élaboré, à partir d’avril 2020, sur la base d’une logique qui préexistait auparavant au niveau du ministère où certains cadres avaient déjà une idée précise des problèmes qui plombaient le secteur de l’industrie et des voies et moyens de le relancer. Nous avons donc commencé par l’élaboration d’un diagnostique du secteur, avec ses deux composantes publique et privée. Nous avons également fait une étude des politiques industrielles algériennes depuis des années 1970 à ce jour. Nous avons trouvé que la seule fois où nous avions un plan lucide d’industrialisation qui reflétait des ambitions industrielles pour l’Algérie c’était durant les années 1970. C’est vrai que ce n’est pas un consensus, en ce sens que beaucoup d’experts pourraient dire que cette politique industrielle était trop ambitieuse et reposait sur des industries qu’on ne maitrisait pas à l’époque et qui ne donnait pas assez d’importance à la PME. Aujourd’hui, nous constatons qu’après 40 ans de renoncement à cette politique, la PME algérienne a une forte mortalité particulièrement dans le domaine de la production. En analysant les facteurs de cette mortalité, nous avons constaté, essentiellement, que les entreprises avaient une incapacité à résister à une diminution d’arrivée d’intrants importés de l’étranger. Il n’y pas de sources locales d’approvisionnement en intrants locaux et en produits semi-finis locaux. Aussi, plus les entreprises naissent, plus les PME font de la croissance, moins les réserves de change sont préservées. Nous augmentons régulièrement les dépenses en devises et le déficit de la balance du commerce extérieur et de paiement, au fur et à mesure où nous suscitons de la croissance par la consommation. Donc, le retour de l’industrie industrialisante ne s’impose pas comme une forme dogmatique ou idéologique mais plutôt comme une forme d’autonomisation des entreprises algériennes vis-à-vis des ressources extérieures en matières premières, mais aussi comme une source d’épargne de nos réserves en devises existantes et futures. Aussi, il faut être réaliste : il n’existe pas une industrie florissante sans industrie lourde capable de transformer des matières premières locales ou importées, une industrie en mesure de fabriquer des produits manufacturiers à forte intégration et qui pourrait produire, un jour, des équipements industriels. Car ce sont les éléments de la production qui créent une industrie. Un être humain a commencé à sortir de la primitivité quand il a commencé à produire des outils et non pas des objets de consommation. Durant les années 1970, nous avions des machines-outils et on avait programmé de produire des aciers spéciaux, des équipements lourds pour les travaux publics, l’agriculture et autres. Tous ces équipements lourds, s’ils n’avaient pas été laissés en déshérence, auraient pu produire, aujourd’hui, de réelles industries algériennes. Une entreprise locale, ou même étrangère, pourrait monter une usine à partir d’équipements algériens. Je trouve quand même curieux que des pays, qui étaient à égalité avec nous, voire qu’on devançait, nous fournissent aujourd’hui des usines clés aux mains dans toutes sortes de domaines, même les plus modestes, alors que l’Algérie importe des équipements qu’elle aurait pu fabriquer depuis 20 ans ou 30 ans. Le retour à l’industrie industrialisante n’est pas une lubie ou une utopie. Il s’impose de lui-même. Sans cela, il n’y aura pas d’industrie algérienne. Nous comptons sur cette réorientation des investissements publics et privés et sur cette préférence qui sera donnée aux industriels qui s’inscrivent dans cette optique pour créer de la richesse.

Quels sont les leviers que vous allez utiliser pour conduire une telle politique ?

De prime abord, nous avons l’impression qu’il n’y a plus de levier. Pour lancer une politique, l’orientation constitue déjà un premier levier et les moyens financiers en constituent le deuxième. Curieusement, quand ces derniers étaient disponibles, ils n’ont pas servi à cette orientation mais plutôt à la désertification industrielle du pays. Les gens pourraient être tentés de se demander, aujourd’hui, d’où va-t-on tirer les ressources pour pouvoir financer cette politique. Je dirais à ce propos qu’en termes de ressources internes, tous les capitaux dormants, sous forme d’épargne thésaurisée échappant à l’investissement public ou privé, vont être drainés avec des mesures incitatives à travers la Bourse ou les placements dans les entreprises notamment publiques. Aussi, nous allons changer les textes de loi pour permettre à des investisseurs d’apporter leurs fonds, sans pour autant que cela soit une dette à échéance. Il faudrait également entreprendre une mise à niveau des investissements industriels existants, qui nécessitent des moyens de maintenance modeste. Nous avons déjà fait l’audit du secteur public et des besoins de tous les groupes et leurs filiales, afin de savoir ce qui manque pour un vrai redémarrage. Les potentialités humaines, les plans de charges et le marché existent. Reste à négocier avec les banques pour dégager, non pas des crédits, mais rééchelonner ce qui plombe la trésorerie des entreprises publiques. Quant au secteur privé, on verra quels sont les investissements dignes d’être financés, ceux qu’il faudra relancer et on rediscutera, avec tout le système bancaire algérien, un moratoire pour pouvoir relancer nos industries. Nous généraliserons cela à tout le tissu algérien pour lui permettre de redémarrer.

Une étude des politiques industrielles algériennes a montré que la seule fois où nous avions un plan lucide d’industrialisation qui reflétait des ambitions industrielles pour l’Algérie c’était durant les années 70

Nous sommes à l’ère d’une révolution industrielle dite 4.0 marquée par la numérisation de la production et l’informatisation de l’industrie… etc. Comment comptez-vous concilier entre cette industrie industrialisante des années 1970 et la nécessité d’aller vers une industrie moderne ?
Toutes les industries modernes sont industrialisantes. Une usine dotée d’équipements modernes d’automatisme n’en fait pas moins une industrie industrialisante.
L’industrie des années 1970 était une industrie basée sur la transformation des ressources primaires dans la pétrochimie, la mécanique lourde et la sidérurgie. En automatisant le processus de fabrication, on ne change pas grand-chose, en ce sens qu’on est dans le 4.0 tout en maintenant le corps des usines des années 1970. L’industrie 4.0 n’est pas virtuelle et elle n’élimine pas de facto l’idée même d’une industrie industrialisante. En revanche, le problème se pose en termes de création d’emploi, en ce sens que certains investissements seront générateurs de plus de valeur ajoutée, plus rapidement et moins chers, mais ne seront pas forcément générateurs d’emplois. Si on modernise l’amont de l’industrie des années 1970 pour pouvoir fournir les matériaux de base aux industries nouvelles, ceux qui investissent dans l’industrie 4.0 n’obligeront pas les pouvoir publics à ponctionner les devises du pays pour pouvoir leur importer des intrants dont ils pourront disposer localement.

Venir en aide aux entreprises publiques a, de tout temps, constitué une démarche gouvernementale, sans résultats probants jusque-là. Et alors que vous adoptez le même leitmotiv, quel en serait le distinguo à faire ?

Il faut d’abord se poser la question de savoir pourquoi les pouvoirs publics ont jusque-là tout le temps refinancé les déficits des entreprises publiques. Je crois c’est parce qu’ils n’ont pas su faire autrement, mis à part recourir au délestage. Ils se sont limités à sauver les groupes industriels publics conjoncturellement en épongeant le passif sans aucun plan pour le futur. Il y a eu quelques tentatives où le Conseil des participations de l’Etat (CPE) avait autorisé de gros investissements mais ils ont été plombés, par la suite, parce qu’ils devaient être débloqués par tranches.
Nous avons aussi investi dans beaucoup de choses qui ne sont pas du ressort du secteur public et beaucoup de filiales auraient pu être prises en charge par le privé. A un moment donné, on a voulu privatiser et se délester de grosses entreprises publiques, à l’exemple d’El Hadjar, tout en gardant de petites entreprises qui auraient pu normalement être valorisées à leur vrai prix comme les entreprises d’ameublement ou de matériaux de construction. A l’avenir si privatisation il y a, elle commencera par les petites unités qui battent de l’aile et les grandes entités se verront relancées dans le cadre de cette politique de réindustrialisation du pays.

Lorsqu’on ignore ce qui se passe dans un secteur donné, on présente des solutions généralistes


Finalement, faut-il donc injecter de l’argent ou trouver une autre solution ?

Il n’y a pas une solution globale pour tout le secteur public. Lorsqu’on ignore ce qui se passe dans un secteur donné, on présente des solutions généralistes. Quand on a fait l’audit des entreprises, personnellement j’ai découvert beaucoup de choses qu’on ignorait sur la réalité de ce secteur. Nos entreprises n’ont pas toutes les mêmes problèmes. Certaines nécessiteraient éventuellement d’éponger leurs dettes, qui ne sont pas très lourdes mais qu’elles n’arriveront jamais à assumer car leur créneau est saturé sur le marché. Elles seront redéployées vers des créneaux plus porteurs ou bien cédées à des acquéreurs sérieux qui payent le bon prix. Les autres, un simple rééchelonnement des dettes, plus quelques crédits de fonctionnement permettraient de relancer toute la machine selon des plans prévisionnels pour la production. Il faut dire aussi que beaucoup sont plombées par leurs propres dirigeants. Là, nous sommes en train de revoir, justement, le mode opératoire pour choisir des équipes dirigeantes devant correspondre à un profil donné afin d’opérer selon un contrat de performance. Une fois ces équipes identifiées, nous pourrons discuter avec les créanciers des voies et moyens de relancer les activités pour chaque groupe et chaque filiale.

Ces contrats de performance vont-ils instaurer une meilleure gestion des entreprises ?

Nous ne pouvons pas continuer avec les nominations empiriques des dirigeants et des gestions encore plus empiriques. Il faudrait qu’il y ait des contrats de performances établis sur un accord préalable autour de résultats à atteindre à court, moyen et long terme. Il faudra aussi penser à une rétribution équitable des vraies performances et des vraies compétences à la tête des groupes, mais aussi à un délestage automatique et rapide des incompétences et des parasitages qui sont au niveau de ces groupes.

Ne pensez-vous pas que le cas de l’ENIEM, par exemple, reflète aujourd’hui l’état dans lequel se trouvent les entreprises publiques ?

L’ENIEM, mais aussi toutes les industries électriques, électroniques et électroménagères publiques, a été victimes de plusieurs phénomènes. Son management est plombé depuis les années 1980, suite à la déstructuration de la Sonelec. En créant des entreprises qui sont devenues presque antagoniques même dans leurs intérêts, tout le tissu a été déstructuré. Nous avions un gigantesque groupe qui couvrait toute l’industrie électrique, à l’image de ce que font actuellement les groupes asiatiques ou même occidentaux. Malheureusement on a créé de petites entreprises qui sont aujourd’hui plombées par un passif et qui n’ont pas les alliances nécessaires dans un groupe pour pouvoir affronter la concurrence. Durant les années 2000, nous lui avons créé une concurrence déloyale. Il est inconcevable de pratiquer une politique industrielle de transformation de matière, de création d’un modèle national et de produits locaux avec une intégration de plus en plus poussée, d’une part, et d’injecter dans le marché, d’autre part, une pseudo-industrie de montage qui ne voyait pas l’utilité d’évoluer en raison des avantages fiscaux dont elle bénéficiait. Aujourd’hui, il n’y a plus de CKD qui encourageait la concurrence déloyale, mais cela ne suffit pas. Mais pour que l’ENIEM, survive il ne suffit pas de la protéger de la concurrence déloyale. Il a fallut changer les équipes dirigeantes pour essayer d’avoir une paix sociale et une compétitivité dans sa gestion. Nous allons d’ailleurs effectuer une visite à l’entreprise prochainement pour voir le travail de ces nouvelles équipes et comment comptent-elles relancer la machine, sans oublier la nécessité d’assainir sa situation financière par des rééchelonnements des passifs et des crédits de fonctionnement afin de financer un chiffre d’affaires qui tient la route.

Le problème de fond reste la trop grande dépendance aux hydrocarbures, faute d’avoir développé une économie diversifiée. Comment concevez-vous la diversification de l’économie algérienne ?

Pour diversifier l’économie nationale, il faudrait d’abord savoir les créneaux sur lesquels on peut se diversifier, c’est-à-dire là où on a la compétitivité, où nous offrons des avantages comparatifs et là où on peut, en investissant le moins, gagner le plus. Aujourd’hui, nous n’avons plus les moyens de faire de gros investissements. Il s’agit plutôt de réhabiliter l’outil existant. Nous avons une seule source de revenus et ce qui nous a empêchés d’en avoir une autre, c’est le fait que nous ne produisons pas. Nous avons placé le gros de nos ressources dans des industries budgétivores en matière d’intrants et le reste a été dépensé dans la consommation. Lorsque les consommations d’un pays qui ne produit pas augmentent, elles le font automatiquement au détriment de la production. C’est pourquoi maintenir une consommation effrénée ne permettra pas de diversifier quoique ce soit. On nous reproche un certain penchant pour l’austérité, mais c’est le seul moyen qui permet de créer cette diversification recherchée et qui fera que l’Algérien essayera de produire ce qu’il consomme. S’il veut consommer avant de produire, non seulement il ne produira jamais, mais en plus ne consommera pas pour longtemps.

L’Algérie dispose-t-elle de moyens financiers pour mener ce plan de relance ?

Ce n’est pas une question de moyens financiers. Parfois, c’est la présence de l’argent qui plombe les relances industrielles. En 2001, le premier plan de relance de l’économie algérienne, qui avait toutes les chances de réussir, a été avorté en 2004 lorsque l’argent commençait à rentrer. Beaucoup d’argent attire plus de consommateurs que de producteurs, plus de parasites que d’investisseurs. L’Algérie apporte des avantages comparatifs par rapport même aux pays voisins. Avec une législation plus transparente, plus stable assurant plus d’égalit
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é et permettant une neutralité de l’Etat vis-à-vis des investissements et des investisseurs on pourra drainer beaucoup d’investissements et de capitaux.
Il y a beaucoup d’intention et d’intérêt non pas pour le marché mais pour le climat d’investissements algérien. Ce sont ceux qui réclament l’amélioration du climat des affaires qui l’ont rendu toxique car ils parlent d’affaires et d’affairisme. Nous, nous parlons d’investissements et non pas d’affaires. Notre climat d’investissements peut permettre des réussites meilleures que dans les pays du voisinage. D’ailleurs, nous recevons des demandes pour de très gros investissements qui sont presque intégralement financés par les parties étrangères, contrairement au passé récent où les étrangers ne venaient que pour se faire financer par nos banques. J’ai reçu, récemment, l’Ambassadeur du Japon qui m’a fait part de la volonté des entreprises nipponnes de venir investir dans notre pays, selon le nouveau canevas exigeant à l’investisseur de ramener son savoir-faire et son argent, sans qu’il soit obligé de le mettre à la merci d’un associé local. Nous ne sommes pas très fiers de notre situation et de notre démarche passée, mais la situation n’est pas aussi désespérée que le prétendent certains, d’autant que nous voulons lancer notre machine économique dans des créneaux où nous ne seront pas sujets à des soubresauts sécuritaires ou même sanitaires. Nous n’avons pas besoin de beaucoup d’argent. Si nous arrivons à un rythme d’attractivité qui ramènera 3 à 4 milliards de dollars par an d’investissements sérieux, le tissu industriel va remonter la pente.

Dans quel secteur les Japonais voudraient-ils investir en Algérie ?

Pratiquement dans tous les secteurs. Les Japonais étaient nos meilleurs partenaires dans les années 1970, bien qu’on ne fasse pas partie du même bloc politique. Ils croyaient fermement aux ambitions industrielles de l’Algérie et ils nous ont beaucoup aidés dans la sidérurgie et dans la formation de nos ingénieurs car l’ambition algérienne de l’époque s’inscrivait dans la logique japonaise du 19e siècle qui leur a permis de passer d’un rien technologique à la situation dans laquelle ils sont maintenant. Ils ont trouvé dans notre ambition une copie plus modeste de leurs ambitions.

Qu’en est-il de la règle 51/49 régissant les investissements en Algérie ?

J’ai toujours dit que cette règle n’est pas seulement un obstacle mais en plus une combine pour fermer le pays aux investissements sérieux et l’ouvrir à tous les investissements crapuleux qui présentement font l’objet de poursuites judiciaires. Au nom d’une supposée souveraineté, on a empêché des entreprises étrangères réellement industrielles de venir avec leurs capitaux investir, alors qu’on a laissé dans certains créneaux, comme le commerce et le négoce, des gens qui avaient déjà acquis leur place pour continuer une œuvre de pillage et de prise en otage du marché intérieur algérien. Les résultats sont là : on est à 51% dans les statuts des Jointes venture (JV), minoritaire dans la gestion, à 100% dans les pertes et à 0% dans les revenus. Certains partenariats de ce genre généraient même plus de revenus extramuros à l’extérieur du pays qu’en Algérie où ils étaient déficitaires. De là à avoir la suspicion que cela a été planifié quelque part pour la ruine de ce pays, c’est un pas que j’ai franchi depuis longtemps.

Quel est le sort des entreprises dont les patrons sont aujourd’hui poursuivis en justice ou incarcérés ?

Nous avons désigné de nouveaux administrateurs issus des secteurs publics concernés pour qu’ils soient plus proches de leur gestion et veiller sur les actifs de ses entreprises. Mais il est clair que nous n’allons pas mettre de l’argent public dans certaines opérations qui étaient elles-mêmes, au départ, vouées à l’échec ni maintenir une activité dont les bases étaient un pillage du Trésor sous prétexte de sauver des entreprises en difficulté. Nous n’allons pas fermer le robinet à une entreprise publique en difficulté pour sauver une usine de montage automobile qui n’est pas une activité industrielle proprement dite. Il faut maintenant attendre les conclusions définitives de la justice pour voir quoi faire de ces entreprises. Ce qui n’a pas vocation à rester ne restera pas et ce qui est une escroquerie est une escroquerie. Je ne vois pas pourquoi il faut sauver un projet, alors que la justice dit que c’est une fumisterie.

Une grande polémique est nait récemment autour de la délivrance des agréments pour l’importation des véhicules neufs. Quelles en sont selon vous les réelles motivations ?

Franchement, je ne vois pas de motivations objectives. Certains seraient peut-être intéressés de parasiter l’opération en entrant directement dans le vif du travail du comité de sélection, en commentant à leur manière ses décisions. Nous ne sommes pas là pour satisfaire la curiosité malsaine de certaines parties qui, jusqu’à présent, n’ont pas déposé de dossier d’agrément. Je parle de certaines marques étrangères qui sont très concurrentielles entre elles, car je vois très mal quelqu’un qui n’a pas de dossier monter des enchères pour essayer de savoir qui en a déposer. De toutes façons, les décisions du comité sont souveraines entériné par moi et les autorités supérieures sont mise au courant. Quant à l’opinion publique, elle saura assez bientôt qui sont ces concessionnaires sélectionnés et qui ne s’arrêteront pas aux quatre et aux trois qu’on a rajouté.

Certains jugent que le nouveau cahier des charges est un peu contraignant…
Nous avons décidé de limiter certaines dispositions à certains modèles seulement, notamment en ce qui concerne les quatre airbags qu’on a imposés pour les véhicules de haut de gamme seulement. Quant à la surface de 6200 m², exigée pour les showrooms, pensez-vous que quelqu’un qui ne dispose pas de 800 m² pour la maintenance des véhicules est un opérateur sérieux ? Nous avons aussi exigé la concession exclusive à partir de la maison mère pour éviter que des concessionnaires revendeurs dans leur pays alimentent des revendeurs chez nous. Et c’est de notre droit. Nous ne voulons pas non plus que des concessionnaires nationaux s’approvisionnent sur des stocks morts de tous les marchés du monde, sans aucune garantie. Nous voulons l’exclusivité avec des opérateurs qui en ont les moyens. C’est une activité capitalistique et ceux qui n’ont pas les moyens ne sont pas obligés de la faire. Je ne comprends pas pourquoi on demande à l’Etat de réduire ses prétentions pour alimenter les prétentions des autres. L’Etat doit protéger les intérêts des consommateurs et ceux du Trésor public. Il y a par ailleurs des marques étrangères qui n’ont pas encore déposé leur dossier et qui attendent je ne sais quoi, parce qu’on a exigé que le concessionnaire soit à 100% algérien.

Sont-ils exclus ?

Ils ne sont pas exclus. A condition qu’ils trouvent un algérien résidant comme concessionnaire et non pas associé. Nous cherchons des partenaires fiables et non pas des gens qui nous dictent comment organiser notre marché.

Puisque vous comptez relancer la machine industrielle, la construction d’une automobile 100% algérienne fait-elle partie de vos ambitions ?

Il n’y a pas de véhicule 100% algérien. Comme il n’y a pas un véhicule 100% allemand. En revanche, il y a un minimum de taux d’intégration de 40% à atteindre en cinq ans, au maximum, est une exigence de base pour n’importe quelle industrie qui se respecte. En Algérie, nous nous y sommes mal pris. Nous avons ramené des gens pour faire de l’assemblage, puis nous avons cherché qui peut fabriquer des sièges ou autres composants, alors qu’on a oublié ce qu’on peut fabriquer chez nous, comme c’est le cas pour la carrosserie. Mais si on veut un véhicule algérien, il faudrait qu’il soit de conception algérienne. Cela dépendra des capacités et des compétences technologiques des générations futures. Pourquoi diable voulez-vous que des gens mettent leurs compétences et savoir-faire au service d’un pays qui ramène des assembleurs et leur donne des détaxes et toutes sortes d’avantages fiscaux qu’on ne donnent même pas, dans d’autres pays, aux producteurs réels. A un moment donné, il n’y avait même pas de TVA. C’est une agression contre l’économie du pays, contre la Constitution et c’est une dilapidation de devises au profit de parties bien précises, dont certaines nationales et d’autres étrangères. Aujourd’hui, nous sommes venus arrêter tout cela.

Où en sont les discussions avec les deux marques étrangères qui ont affiché leur désir de lancer des projets dans la construction automobile en Algérie ?

Nous sommes toujours en discussion avec les deux constructeurs automobiles, asiatique et européen. Nous avons même installé des groupes de travail qui étudie actuellement la connsistance de ces projets et ce que les uns et les autres s’offrent mutuellement comme avantages. Au moment où je vous parle, les discussions avancent très bien avec nos partenaires. Avec les asiatiques, nous avons également une proposition d’un projet de construction de bus électriques.
H. N. A.

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