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Hassen Khelifati, PDG d’Alliance Assurances : « La modernisation et la numérisation du secteur des assurances doivent se concrétiser rapidement »

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Dans cette interview, le PDG de la compagnie Alliance Assurances, revient sur la 49ème Conférence de l’Organisation africaine des assurances (OAA), organisée fin mai en Algérie et qui a permis à l’Algérie de renforcer sa position sur la scène internationale. Hassen Khelifati évoque à la fois l’aspect organisationnel et stratégique, tant il est vrai que le thème choisi, à savoir la sécurité alimentaire en Afrique, est d’une portée stratégique pour les pays du continent. Il était question également, au-delà des aspects organisationnel et stratégique, selon Hassen Khelifati, d’échanger les expériences autour des solutions assurantielles face aux défis futurs ainsi que face aux risques émergents et nouveaux. Hassen Khelifati évoque également la situation et les perspectives du marché africain et algérien ainsi que les données liées aux réalisations de sa compagnie.

Interview réalisée par Hacène Nait Amara

Vous étiez partie prenante dans le volet communication, protocole et sponsoring, dans le cadre de la 49e Conférence de l’OAA qui s’est déroulée à Alger fin mai écoulé. En quoi a consisté votre contribution à cet événement ?

Le choix de notre pays comme organisateur de la 49 éme conférence a été décidé en 2016 et confirmé en 2022 à Nairobi.

Au courant du mois de juin de l’année 2022, une délégation algérienne s’est déplacée à Nairobi pour participer à la 48ème Conférence de l’OAA à l’issue de laquelle l’Algérie a été confirmée pour l’organisation de la 49ème édition de la Conférence de l’OAA en 2023. Cette délégation algérienne, qui a compté, entre autres, les deux vice-présidents de l’UAR ainsi que les membres algériens du comité exécutif de l’OAA, a présenté à travers un film évènementiel retraçant les atouts et moyens de notre pays et défendu les capacités de notre pays pour abriter et réussir la tenue de la 49ème édition de ladite conférence, à Alger, laquelle proposition a été confirmée par le comité exécutif et l’assemblée générale de l’OAA, ce qui a ouvert la voie à l’UAR d’entamer les préparatifs en mettant en place un comité local d’organisation qui est présidé par l’un des membres du comité exécutif de l’OAA et qui est devenu automatiquement vice-président de l’OAA, en attendant d’assumer le poste de président pour une année, au nom de l’Algérie. Ce comité local d’organisation a reproduit le même schéma que lors de la préparation de la 33ème conférence du GAIF qui a eu lieu au mois de juin 2022 à Oran. Quatre commissions ont été ainsi installées, à savoir les commissions en charge respectivement des finances ; communication, protocole et sponsoring ; le transport, la logistique et la restauration et la commission en charge du choix des thèmes et intervenants. Nous avons capitalisé sur l’expérience algérienne dans l’organisation de tels évènements, dont le GAIF, qui s’est soldé par un succès.

La commission communication, protocole et sponsoring a travaillé en collaboration avec les structures de l’OAA pour définir les paliers et les types de sponsoring, préparer les contrats et les faire valider juridiquement pour qu’ils puissent être proposés aux sponsors. La seconde étape de ce travail a consisté à préparer le plan de communication à travers le choix ciblé des interventions, les trois porte-paroles principaux de l’évènement, à savoir les présidents de l’UAR, du comité local d’organisation et le président de la commission communication, sponsoring et protocole. Le programme des interventions publiques a été également tracé, tout comme celui des conférences de presse afin que la communication soit permanente tout au long des différentes phases jusqu’au jour de l’évènement.

Comment voyez-vous le rôle de l’Algérie dans l’impulsion d’une dynamique panafricaine en matière d’assurance ?

En organisant ce grand évènement, qui a été, à tous points de vue, un défi logistique et organisationnel des plus importants, l’Algérie contribue à l’examen et au renforcement des discussions atour des grands défis auxquels est confronté le continent africain. Le défi de la sécurité alimentaire en est un. D’autant plus que le continent est l’une des régions au monde les plus exposées aux phénomènes des changements climatiques. A travers l’organisation de la 49ème conférence de l’OAA, l’Algérie amorce ainsi un débat autour d’une question dont les enjeux sont considérables, à savoir la sécurité alimentaire en Afrique. Un total de 73 pays des cinq continents ainsi que des experts et des assureurs, africains, arabes et mondiaux, les courtiers et les sociétés spécialisées dans les solutions numériques…ont participé à ce débat. Le défi, pour nous assureurs, réassureurs, courtiers et autres entités intervenant dans le secteur des assureurs, était de débattre autour des questions liées à la couverture des risques émergents et nouveaux et concevoir des solutions afin d’y faire face. L’autre défi était également de réfléchir à des outils assurantiels adaptés à l’agriculture africaine qui n’a pas les mêmes caractéristiques que l’agriculture européenne et/ou américaine, où il est question d’exploitations à grandes échelles et/ou d’une agriculture plutôt intensive et très mécanisée en utilisant beaucoup de technologies. Mais les choses commencent à changer en Afrique comme en Algérie avec l’apparition d’exploitations en grandes surfaces notamment dans le grand sud. Il va sans dire que les assureurs doivent accompagner ces changements également. La contribution de l’Algérie à ces grands débats, en organisant cet évènement, de surcroit de grande importance, réunissant plus de 1700 participants, dont  1100 étrangers de 73 pays des 5 continents, est réelle et appréciable. Cet évènement a été également l’occasion pour nos cadres assureurs de côtoyer des experts et cadres étrangers de grands groupes et d’échanger leurs expériences sur les nouvelles techniques et couvertures assurantielles, notamment celles destinées au monde agricole afin de prévoir les changements climatiques et les risques nouveaux et émergents.     

Alliance Assurances a-t-elle des ambitions de déploiement sur le continent ou à tout le moins de partenariat avec des opérateurs africains ?

C’est une question à double tranchant ; toute entreprise a des ambitions, aussi bien de partenariat que d’internationalisation, mais le premier défi qui se pose à nous, sur le marché des assurances en Algérie, est celui de concrétiser les vraies réformes. Ces réformes sont de nature à renforcer les opérateurs algériens pour qu’ils puissent s’internationaliser. La modernisation et la numérisation du secteur des assurances doivent se concrétiser rapidement pour que les assureurs puissent se projeter au-delà des frontières.

Que pensez-vous du marché africain des assurances, et comment y voyez-vous l’avenir de la réassurance ?

Le marché africain des assurances est paradoxal, tant il est vrai qu’en Afrique du Sud, au Nigeria et en Egypte, le marché est assez dynamique alors que dans d’autres pays, la croissance n’est pas suffisamment soutenue. Cependant, de par la dynamique démographique qui le caractérise, le continent africain a vocation de devenir un des marchés qui soutiendront la croissance mondiale dans les années à venir.

Et cette dynamique a besoin du secteur des assurances et de ses produits aussi bien en matière de micro-assurance qu’en assurance de masse et en produits numériques. Pour ce qui est de la réassurance, ce marché a besoin d’être diversifié en Algérie pour permettre aux assureurs d’accéder à différents choix et produits de réassurance.

Quel bilan Alliance Assurances a-t-elle réalisé durant 2022 ?

L’année 2022 a été plutôt bonne pour Alliance Assurances. Nous avons eu une croissance supérieure à celle du marché. Alliance Assurances a réalisé une croissance de 13% en 2022, contre une croissance du marché de 5% seulement. Nous avons pu lancer nos solutions digitales durant l’exercice 2022. Nous avons également poursuivi le travail d’extension de notre réseau et d’innovation en matière de produits et services d’assurance. La croissance était plutôt bonne.

Vous avez dénoncé, il y a quelques années, ce que vous avez qualifié de « distorsion du marché des assurances en Algérie ». Y a-t-il eu un changement depuis ?

Les compagnies d’assurance subissent encore, aujourd’hui, les tarifs obligatoires exagérément bas ; une sinistralité galopante ;  la pression de l’inflation d’un côté, et les effets d’une concurrence déloyale, de l’autre. Même si le dossier de la numérisation et l’accélération des indemnisations avance à vive allure, celui de la tarification stagne et les compagnies continuent, de ce fait, à faire face au déséquilibre entre le tarif de l’assurance et le coût du sinistre. L’assurance obligatoire est restée figée pendant que l’inflation évoluait renchérissant l’ensemble des produits assurables, dont les véhicules à titre d’exemple. Cette situation est préjudiciable pour les compagnies d’assurance, dont certaines commencent bel et bien à être asphyxiées par le coût du sinistre. C’est vous dire que la question de la tarification est une question de survie pour bien de compagnies. Un travail a été accompli dans ce domaine et nous attendons sa prise en charge par les instances publiques compétentes.

Le marché de l’automobile semble s’acheminer vers la reprise compte tenu des projets qui ont été annoncés par les pouvoirs publics. Est-ce là une opportunité pour le secteur des assurances de réaliser une meilleure croissance ?    

Si nous regardons les statistiques du marché en 2019, l’exercice précédant le choc pandémique provoqué par la diffusion du Covid-19, la conclusion est que le secteur a perdu 4,5 milliards de dinars en chiffre d’affaires automobile depuis, en raison de la vétusté du parc automobile et la baisse des nouvelles immatriculations, mais aussi en raison de la concurrence déloyale et la guerre des tarifs qui ont continué à plomber les profits des compagnies. Le fameux accord multilatéral conclu sur la tarification par les assureurs n’est toujours pas respecté. Le retour du marché automobile est en soi une bonne chose pour le secteur ainsi que pour les particuliers et les entreprises qui vont pouvoir renouveler leurs parcs, mais cette reprise ne profiterait aux assureurs que marginalement, en l’absence d’une régulation en matière de tarification. En plus de cette concurrence autour des prix, il y a une hausse de la sinistralité face à la stagnation des tarifs. Cette situation ne profite nullement aux compagnies d’assurance.   

B. K.

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