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Kamel Eddine Belatrache, SG du MEER : «La feuille de route concernant l’économie circulaire reste tout autant large que fructifère»

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C’est dire un peu le soin et l’attention accordés à une démarche à gros enjeu dès lors qu’elle ambitionne de donner bonne place «à l’économie circulaire, aux niveaux local et national, à travers la sensibilisation des décideurs et des porteurs de projets sur son importance, de développer sa culture et d’encourager l’innovation en la matière» en dira, le secrétaire général du ministère de l’Environnement et des énergies renouvelables (MEER), Kamel Eddine Belatrache. Dans cet entretien qui suit, le SG du MEER estime que l’Algérie a tous les atouts pour réussir le passage de l’économie linéaire à l’économie circulaire.

Par Hacène Nait Amara

Quel est le modèle de l’économie circulaire ?
Alors que plusieurs modèles de développement durable tournent autour de « faire plus avec moins », l’économie circulaire inclut la notion de récupération. Le modèle linéaire « fabriquer, consommer, jeter » se heurte fatalement à l’épuisement des ressources de la planète. Il faut progresser, aller vers une économie différente, où nous consommons de manière sobre, où les produits ont une durée de vie plus longue, où nous limitons les gaspillages et où nous arrivons à faire de nos déchets de nouvelles ressources. Cette transition est un véritable projet de société dont l’objectif est de sortir de la société du jetable. Elle invite à faire évoluer nos pratiques de vie, à inventer de nouveaux modes de production et de consommation plus durables, en privilégiant l’usage à la propriété.
L’économie circulaire désigne un modèle économique dont l’objectif est de produire des biens et services de manières durables en limitant la consommation et les gaspillages des ressources (matières premières, eau, énergie) ainsi que la production de déchets. Il s’agit de rompre avec le modèle d’économie linéaire (extraire, fabriquer, consommer, jeter) pour aller vers un modèle d’économie circulaire.

Quels sont les changements ou avantages apportés par une économie circulaire ?
Avec une population jeune, une position géostratégique forte, l’Algérie affiche une grande opportunité d’encore mieux faire rayonner son territoire en développant une économie circulaire qui permette à la fois de préserver l’emploi, de limiter sa consommation de ressources énergétiques et non-énergétiques d’améliorer les conditions de vie de sa population, de préserver la richesse de son environnement et de sa biodiversité et de lutter efficacement contre le réchauffement climatique.
De plus en plus de pays se tournent vers l’économie circulaire afin d’atténuer l’impact de l’activité humaine sur l’environnement. À cet effet, les différentes instances gouvernementales disposent de divers outils législatifs et fiscaux pour inciter et faciliter la transition vers une économie circulaire.
La transition vers l’économie circulaire n’est pas synonyme de recul de l’activité économique. Au contraire, les études recensées démontrent qu’en plus de réduire l’impact environnemental, l’économie circulaire a le potentiel d’accroître le nombre d’emplois, de pousser à la hausse le PIB et de favoriser le développement de nouveaux marchés.

Sommes-nous prêts pour une transition vers une économie circulaire ?
L’Algérie déploie des efforts pour contribuer au développement durable dans l’ensemble de ses politiques publiques, disposant d’une Stratégie Nationale pour l’Environnement, un Plan d’action pour l’environnement et le développement durable, un Schéma d’aménagement du territoire un Plan National Climat, un Plan National d’Efficacité Energétique et de Maitrise de l’Energie, un Plan national de développement des énergies renouvelables, une Stratégie Nationale de gestion intégrée des déchets (SNGID incluant PROGDEM et PNAGDES)…etc
Des politiques sectorielles ont été mises en œuvre au plan de l’éducation et de la sensibilisation environnementale, de la préservation et de l’économie de l’eau, de la préservation des sols et des forêts, de la préservation des écosystèmes sensibles, de développement rural, de l’amélioration du cadre de vie des citoyens, la dépollution industrielle, de la protection du patrimoine archéologique, historique et culturel.
L’économie circulaire peut être également définie comme un système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits (bien et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer les effets sur l’environnement, tout en permettant le bien-être des individus.
La transition vers l’économie circulaire doit coupler ambitions politiques, stratégies territoriales ou d’entreprises avec des actions renforcées sur le terrain en appui aux initiatives citoyennes.

Quelle a été la démarche adoptée pour l’élaboration de la feuille de route pour la transition vers une économie circulaire ?
Afin de fournir aux acteurs des éléments de réflexion et d’action pour développer leur transition vers l’économie circulaire, le ministère de l’Environnement et des Energies Renouvelables (MEER) a organisé les premières assises régionales dans 3 régions du pays (centre-est, centre-ouest et sud) qui se sont déroulées à travers plusieurs sessions plénières et d’ateliers autours des thématiques suivantes : Cadre réglementaire et institutionnel, Aspects économiques et financiers, Infrastructures nécessaires, Création d’entreprises et Partenariat Public Privé, Communication, Gouvernance, Promotion des filières de valorisation, Attractivité de l’investissement et Développement des start-up
Ces assises ont abouti à 292 recommandations qui ont été analysées et regroupées selon les enjeux stratégiques qui constituent la feuille de route de la transition vers une économie circulaire. Cette feuille de route a été présentée lors d’une séance plénière de la première édition des assises nationales pour la transition vers une économie circulaire.

Quels sont les enjeux stratégiques prioritaires qui ont été identifiés pour la transition vers une économie circulaire de l’Algérie ?
L’ensemble du travail effectué dans le cadre des assises a conduit à l’identification des enjeux stratégiques ci-dessous, articulées autour de 7 thèmes, à savoir : Donner une place véritable à l’économie circulaire dans l’économie Nationale et Locale, Rationaliser l’utilisation des ressources et favoriser le développement des énergies renouvelables, Développer les pratiques d’une agriculture et alimentation durables, Soutenir la construction durable et maitriser l’expansion urbaine, Améliorer la gestion intégrée des déchets, Développer la culture de l’économie circulaire et Expérimenter et Innover
La stratégie proposée exploite les résultats de la phase de collecte des recommandations régionales et traite des enjeux identifiés comme prioritaires. Elle s’articule autour de trois grands leviers qu’elle a l’ambition de mieux actionner, à savoir le Levier A qui englobe les collectivités : catalyseurs, exemplaires et partenaires des autres acteurs. Levier B qui concerne des acteurs mobilisés et coopérant pour la résilience et la transition de leur territoire et le Levier C qui recèle des opportunités de nouvelles activités, d’innovation et une meilleure compétitivité des entreprises.
Quatre prismes d’entrée s’avèrent possible pour se saisir de ces leviers lesquels sont énumérés comme suit : les Ressources énergétiques (dont renouvelables), minerais/minéraux, biomasse, produits alimentaires et équipements sont incontournables pour l’Algérie. Les 7 piliers de l’économie circulaire, à savoir, l’extraction durable, consommation responsable, allongement de la durée d’usage, recyclage… sont incontournables.
H. N. A.

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