Accueil ENTRETIENS Mme Assia BENCHABLA-QUEIROZ, ADMINISTRATEUR DU GIE MONÉTIQUE : « Le processus...

Mme Assia BENCHABLA-QUEIROZ, ADMINISTRATEUR DU GIE MONÉTIQUE : « Le processus est lancé pour généraliser le paiement électronique »

0

Mme Assia BENCHABLA-QUEIROZ, Administrateur du GIE Monétique partage sa vision des avancées majeures dans le domaine de la monétique en Algérie dans un contexte où deux innovations se distinguent, à savoir le paiement mobile interbancaire et l’évolution des cartes en intégrant le paiement sans contact. Les efforts déployés par le GIE Monétique et ses partenaires, notamment le fabricant local ENIE pour le volet des TPE, ont permis d’équiper les cartes de cette technologie. Des campagnes de communication qui visent à promouvoir son adoption seront lancées en 2024. Concernant la fabrication des cartes CIB, l’Algérie cherche à réduire sa dépendance technologique en développant localement cette expertise. Le lancement des cartes VISA et MASTERCARD Algériennes impacte les comportements monétiques, avec une utilisation croissante à l’étranger par nos concitoyens et une diversification des services qui leurs sont adossés. Par ailleurs, la sécurité des transactions électroniques est une priorité : introduction de mécanismes de sécurité comme le SMS OTP et la systématisation des audits réguliers. La monétique apporte confiance et sécurité, réduisant l’usage du cash tout en offrant une expérience moderne et efficace. La stratégie de promotion du paiement électronique repose, d’une part, sur la communication et la sensibilisation en ciblant les services publics ; et d’autre part, en proposant des avantages fiscaux. Le GIE Monétique collabore avec tous les acteurs de l’écosystème du paiement pour favoriser l’inclusion financière, s’appuyant sur la numérisation des services financiers. Enfin, la participation à des événements nationaux et internationaux permet au GIE Monétique d’actualiser ses connaissances et lever les contraintes opérationnelles. Les objectifs à venir s’alignent sur la numérisation, la diversification des services financiers et l’éducation financière. Le paiement mobile interbancaire va bientôt être introduit et la généralisation du paiement électronique dans tous les services publics est envisagée, avec un accent particulier sur le secteur des transports.

Interview réalisée par Hacène Nait Amara

Pouvez-vous nous parler des dernières innovations en matière de paiement électronique et de monétique en Algérie, comme celle du paiement «Sans
Contact» ?

Parmi les innovations en termes de produits et services monétiques, il y en a deux qui se distinguent : le paiement mobile interbancaire et l’évolution technologique de la carte CIB qui lui permet d’effectuer des paiements sans contact. Pour le paiement sans contact, nous avons finalisé les prérequis, tant règlementaires que technologiques pour permettre à nos membres, banques et Algérie Poste, de pouvoir doter nos concitoyens de cartes embarquant une technologie qui leur permet d’effectuer des transactions en « sans contact ». En effet, aujourd’hui et c’est une réalité, bon nombre de banques ont déjà doté leurs clients de ces nouvelles cartes et nous avons œuvré parallèlement à cela, à mettre à niveau le parc des TPE pour accepter ces nouvelles cartes. Nous sommes heureux et fiers, d’ailleurs, que lors des travaux que nous avons menés avec tous les acteurs, parmi lesquels le fabricant de TPE local, en l’occurrence la société ENIE de Sidi Bel-Abbès, avec laquelle nous avons travaillé en étroite collaboration pour faire en sorte que tous les modèles de TPE que cette entreprise fabrique soient dotés de cette capacité « sans contact ». Il s’agit maintenant de promouvoir l’usage de ce mode de paiement sans contact auprès des détenteurs de cartes et des commerçants. A ce titre, des campagnes de communication et de formation sont envisagées durant l’année 2024.

Quel est l’état d’avancement du projet de confection des cartes CIB ? Quels sont ses acquis et ses objectifs ?

Vous savez, la technologie de fabrication de cartes à puce ; et plus précisément les cartes de paiement, est assez pointue. Si nous mettons de côté la fabrication de la puce électronique dont l’expertise technologique, de par le monde, appartient à un cercle ultra-réduit de fabricants – qui se comptent sur les doigts d’une seule main –, nous pouvons toutefois être fiers de dire que nous comptons en Algérie des fournisseurs privés et publics de cartes qui sont fabriquées en Algérie. Il faut comprendre que ces cartes sont réellement fabriquées avec un taux d’intégration appréciable en dehors de la fabrication de la puce elle-même.

L’objectif des pouvoirs publics étant de limiter au maximum la dépendance technologique et de pouvoir compter sur nos capacités locales propres pour satisfaire nos besoins en cartes, que ce soit pour les banques ou pour Algérie Poste.

Très attendu, le lancement de la Carte VISA en Algérie aura un impact certain sur les comportements monétiques. Comment est-ce que vous entrevoyez cette perspective ?

Permettez-moi d’abord, d’apporter une précision de taille : la Carte VISA Algérienne existe depuis au moins une trentaine d’années. La première carte VISA émise par une banque algérienne a vu le jour en 1989. Aujourd’hui, de nombreuses banques algériennes mettent à la disposition de leurs clientèles respectives des cartes internationales VISA ou MASTERCARD.

En termes de comportement monétique, il est important de préciser que leur usage est généralement effectué à l’étranger pour ce qui des opérations de retrait et de paiement chez les commerçants et de plus en plus, nous l’avons constaté, pour des opérations de paiement sur Internet, comme la réservation d’hôtels ou de séjours à l’étranger ou même des achats sur des sites étrangers de commerce en ligne.

En termes de perspectives, nous pensons qu’au vu des évolutions constatées en matière de volumes, les cartes internationales émises par les banques algériennes continueront à connaître une ascension d’autant plus que nous observons une diversification des packages offrant des services variés adossés à ces cartes comme des assurances, des offres préférentielles, etc.

Comment la société algérienne de monétique envisage-t-elle de faire face aux défis liés à la sécurité des transactions électroniques ?

Les acteurs de la monétique continuent d’œuvrer à mettre en place des mécanismes tant règlementaires que techniques pour garantir une totale sécurité des transactions électroniques. Nous pouvons citer la généralisation du SMS OTP par exemple qui intervient lors des opérations de paiement sur Internet. En effet, de nos jours, toute transaction initiée sur Internet est protégée par ce mécanisme de sécurité qui est aux standards internationaux et qui permet justement de protéger le citoyen en cas de perte ou de vol de sa carte.

Par ailleurs, la sécurité du système de paiement électronique dans sa globalité répond à tous les standards et normes en la matière. Le GIE Monétique a mis à la disposition de ses membres un référentiel de sécurité complet auquel l’ensemble de segments du système de paiement interbancaire doit être conforme. De plus, des audits réguliers sont planifiés chaque année par le GIE Monétique, par le biais d’organismes et sociétés d’audit spécialisés pour scruter et prévenir toute faille ou défaillance du système de paiement et ce, au niveau de tous ses segments.

Quels sont les principaux avantages et bénéfices que la monétique apporte aux entreprises et aux consommateurs algériens ?

Si nous devions résumer en quelques mots ce que la monétique apporte aux entreprises et aux consommateurs, nous pouvons affirmer sans nous tromper qu’elle apporte la confiance dans le système de paiement et la sécurité dans les transactions. La gestion du cash étant coûteuse et fortement exposée aux risques, la monétique apporte, en plus de ce confort qu’on ne peut ignorer, cette aisance et ce sentiment de protection et de sécurité lorsque nous effectuons les achats de tous les jours sans compter ce gain en déplacements et en temps lorsque nous utilisons le paiement sur Internet.

La digitalisation du processus d’encaissement, notamment auprès des organismes de services publics, permet de donner aux usagers une expérience utilisateur aisée et confortable et donne une image de modernité pour les entreprises elle-même.

La Carte se présente, non pas comme un moyen qui vise à remplacer le cash intégralement, mais comme un moyen qui va en réduire l’usage et garantir un paiement sûr et sécurisé. Cela, bien entendu, sans occulter le côté modernité et efficacité dans l’utilisation des moyens de paiement électronique, notamment la Carte.

Quelles sont les stratégies mises en place par la société algérienne de monétique pour encourager l’adoption des solutions de paiement électronique dans le pays ?

La stratégie mise en place par les acteurs de la monétique en Algérie repose essentiellement sur la communication et la sensibilisation par rapport aux avantages et bienfaits qu’offre le paiement électronique, que ce soit pour le segment des commerçants ou celui des clients détenteurs de cartes.

Sur le terrain cela a été mené en se focalisant sur les services de la sphère publique, à l’instar des grands facturiers comme SONELGAZ, SEAAL, ADE, les télécommunications – Algérie Télécom et les opérateurs de téléphonie mobile. Cela a permis le règlement des redevances via Internet et en œuvrant à étendre ces efforts en intégrant les autres segments comme l’habitat avec l’AADL et les OPGI, les impôts, les assurances, le sport, la culture, les transports, etc. Ce qui permet d’amener petit à petit nos concitoyens à ressentir le confort et la sécurité acquis à travers l’adoption du paiement électronique.

Pour cela, nous enregistrons une satisfaction de plus en plus palpable auprès de la population et nous œuvrons sans relâche à généraliser le paiement électronique à tous les secteurs d’activité du quotidien du citoyen Algérien.

Nous avons aussi soumis aux autorités compétentes des propositions relatives à des avantages fiscaux dont pourraient bénéficier les opérateurs économiques ayant adopté le paiement électronique.

Quelle forme prend aujourd’hui le travail avec les acteurs du secteur financier pour promouvoir l’inclusion financière en Algérie ?

Ici aussi, tous les acteurs du secteur financier et à leur tête les pouvoirs publics à travers le ministère des Finances, ont intensifié leurs actions de numérisation, prérequis essentiel pour favoriser l’inclusion financière.

L’objectif est justement de permettre une disponibilité, une utilisation et une qualité des services financiers à toute la population. Pour cela, il est indispensable que les acteurs justement qui offrent ces services financiers soient capables de les proposer ainsi. C’est en ce sens que ces acteurs, en mettant à profit les progrès technologiques notamment en matière de numérisation, ont entrepris le développement et l’amélioration des services financiers grâce à la digitalisation et la facilitation d’accès à ces services : sites web sur Internet, applications mobiles, etc.

Le GIE Monétique prend part à des événements internationaux, notamment la réunion du Fonds Monétique Arabe, le Vivatech … Quels bénéfices est-ce que vous tirez de ces événements ?

Le GIE Monétique, à l’instar des autres acteurs de la monétique, prend part régulièrement aux évènements aussi bien nationaux qu’internationaux traitant des thématiques liées au digital et au paiement électronique. Cette interaction permet d’être au plus près, non seulement des avancées technologiques en la matière, mais aussi et surtout de tâter le terrain et de faire remonter les difficultés et contraintes opérationnelles éventuellement rencontrées.

Ce n’est qu’à travers ces connaissances combinées que le GIE Monétique peut estimer la juste mesure de son action avec ses membres et ses collaborations transversales et élaborer les plans d’action réalistes dont la concrétisation pourrait être effective dans des délais raisonnables et étudiés.

Quels sont les objectifs clés de la société algérienne de monétique pour les prochaines années ?

Les objectifs des acteurs du paiement électronique en Algérie s’inscrivent pleinement dans le sillage de l’objectif stratégique des pouvoirs publics dans le domaine de la numérisation visant à améliorer davantage l’indice de l’inclusion financière.

Cet objectif stratégique s’articule autour de la diversification des services financiers et leur digitalisation, de la simplification de leur accès à la grande majorité de la population et la réduction des coûts y afférents tout en renforçant la confiance dans le système de paiement et en apportant de la qualité de service et du confort à nos concitoyens. Les actions qui en découlent ont été et seront toujours menées parallèlement avec des campagnes de sensibilisation destinées au grand public ainsi que des plans d’éducation financière dirigées à l’attention de segments de la population élargis progressivement : étudiants, lycéens, commerçants, artisans, professions libérales, etc.

Les prochains mois connaîtront un saut qualitatif dans le paiement électronique qui verra très bientôt l’introduction du paiement mobile sur lequel nous comptons beaucoup et la généralisation totale du paiement électronique au niveau de tous les services publics. Après l’administration fiscale, le Trésor Public et les domaines, notre prochaine cible sera le secteur des transports que nous voyons comme un levier entraînant pour les prochaines années.

H. N. A.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here