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Mokhtar Naouri, PDG de Cash assurances : «Nous avons des perspectives prometteuses de développement»

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La compagnie des assurances des hydrocarbures la Cash Assurances se distingue 2ème assureur hors assurance automobile et 1er assureur construction en Algérie. La cash se prépare à de nouveaux horizons et se lance de plus belle. Selon son PDG Mokhtar Naouri, un dossier d’augmentation du capital est en voie de maturation à l’effet de permettre à la CASH d’avoir un niveau de capital en adéquation avec ses objectifs commerciaux et techniques, notamment en matière de recours à la réassurance internationale. En outre, ajoute le premier responsable de cette compagnie, la stratégie de diversification de Cash a été orientée vers une présence plus importante dans les marchés des PME/PMI ainsi que dans les marchés des particuliers et des professionnels.

Interview réalisée par Lynda Mellak

La CASH assurances, une compagnie très solvable qui affiche une bonne situation financière. Aussi, elle est toujours assimilée à une filiale assurances de la compagnie nationale des hydrocarbures. Dites-nous davantage sur la Cash.
La CASH Assurances est une société d’assurance publique créée en 1999, mais elle n’a réellement commencé son activité qu’en 2000. A ce titre, elle peut être considérée comme la plus jeune compagnie publique d’assurance. Elle a été créée par la SONATRACH qui voulait en faire un instrument de gestion de ses risques. Son actionnariat a évolué dans le temps. Depuis sa création jusqu’en 2011, deux entreprises du Ministère de l’Energie (SONATRACH et NAFTAL) contrôlaient 50% du capital social ; les 50% restant étaient partagées entre deux entreprises du Ministère des finances (CAAR et CCR). Depuis 2011, le groupe SONTRACH, à la faveur d’une augmentation du capital, a pris le contrôle de la CASH avec 82% (64% SONATRACH et 18% NAFTAL) alors que la CAAR ne détient plus que 12% et la CCR, pas plus que 6%. Aussi, et de par son affiliation au groupe SONATRACH, la CASH a orienté son business vers la prise en charge des risques dans le secteur de l’énergie et des hydrocarbures et ce, que ce soit dans la phase construction que dans la phase exploitation. Aujourd’hui, elle est le 2ème assureur hors assurance automobile et le 1er assureur construction en Algérie.

La force d’une entreprise se mesure en la diversification de ses offres de services et de la multiplication de ses activités. Qu’en est-il de la Cash assurances ?
La stratégie de diversification a commencé à la CASH dès les 1ères années de son entrée en activité. En effet, dès 2003, la CASH s’est tournée vers les secteurs hors énergie et hors hydrocarbures pour prendre en charge des risques tels que les unités de dessalement d’eau de mer et les cimenteries. Cette stratégie a été menée avec des succès relatifs du fait notamment de l’étroitesse de son capital social et de son réseau de distribution. Ces deux éléments figurant toujours dans les cahiers des charges des assurables n’ont pas permis à la CASH d’avoir beaucoup de succès dans sa stratégie de diversification. Aussi, depuis 2015, nous nous efforçons de trouver des solutions en matière d’augmentation de notre présence commerciale et la récente signature d’un accord avec NAFTAL permettant à la CASH d’avoir une présence dans les stations-services constitue un important vecteur de croissance du réseau. Par ailleurs, un dossier d’augmentation du capital est en voie de maturation à l’effet de permettre à la CASH d’avoir un niveau de capital en adéquation avec ses objectifs commerciaux et techniques, notamment en matière de recours à la réassurance internationale. En outre, la stratégie de diversification a été orientée vers une présence plus importante dans les marchés des PME/PMI ainsi que dans les marchés des particuliers et des professionnels.

La digitalisation des services et l’introduction de E-paiement pour assurer un certain nombre de transactions à distance sont incontournables pour le développement de toute entreprise. Quelle est la stratégie de développement adoptée par Cash Assurances dans ce domaine ?
Je ne vous cache pas qu’à la Cash Assurances, nous sommes très conscients de l’importance du digital et de son impact sur l’industrie de l’assurance. C’est pour cela que depuis près de deux ans, nous avons créé une structure Marketing digital qui travaille pour le développement de notre portail web à l’effet d’y intégrer toutes les fonctionnalités nécessaires à la mise en place d’un service assurance en ligne, y compris le e-paiement ainsi que le m-paiement. Les choses peuvent aller très vite dans ce domaine, surtout en Algérie du fait d’une population très jeune et qui a tendance d’utiliser davantage les nouvelles technologies. Nous y travaillons au quotidien et restons à l’affut des partenariats et à l’écoute des pouvoirs publics, car l’assurance est un secteur très réglementé. La dématérialisation du contrat d’assurance peut très vite arriver. C’est pourquoi, nos équipes du marketing digitales, nos équipes SI ainsi que nos équipes techniques chargées de la conception des produits sont en veille permanente, notamment en matière d’offre d’assurance dans le segment des particuliers et des professionnels.

Quel regard portez-vous sur le marché national des assurances ainsi que sur l’avenir des compagnies d’assurances en Algérie ?
Le marché algérien des assurances a connu une croissance à deux chiffres pendant presque une décennie et cela, en relation avec l’embellie financière qui a caractérisé la période 2005 – 2014. Les grands projets économiques et sociaux ont alimenté les primes d’assurance en assurance construction ainsi qu’en assurance exploitation.
Des IDE (investissements directs étrangers) ont permis la mise en place de programmes d’assurances complets, favorisant l’émergence de l’assurance des pertes d’exploitation et ce, en vue d’une couverture adéquate des crédits bancaires octroyés par le consortium des banques publiques algériennes. De leur côté, les importations ont alimenté les primes en assurance transport de marchandise ainsi qu’en assurance automobile où les nouvelles immatriculations ont atteint des record.
La baisse des prix du pétrole a freiné le rythme de développement des projets et fait reculer les importations. Cela a pour conséquence une baisse des chiffres d’affaires des compagnies d’assurances qui ont commencé dès 2015 a marqué des diminutions. Globalement, depuis 2 ans le marché évolue à un rythme de 2% par an. Dans ce contexte, il est nécessaire que le marché soit restructuré pour assurer la bonne santé des compagnies d’assurance d’une part et asseoir les règles d’une concurrence loyale d’autre part. Vingt ans après la libéralisation effective du marché (la 1ère compagnie privée est entrée en activité en 1998), un bilan s’impose. L’Etat, en tant qu’acteur majeur dans le marché, où il joue un triple rôle : concepteur de la politique générale en matière d’assurance, régulateur du marché et important investisseur (les compagnies publiques d’assurance contrôle 75% du marché d’assurances dommages aux biens) doit redéfinir les règles du jeu, pour permettre l’émergence de compagnies d’assurance solides financièrement et techniquement et performantes au plan opérationnel et concurrentiel.

Justement, quels sont les obstacles majeurs à l’émergence d’un vrai secteur des assurances en Algérie ?
L’émergence et le développement d’un vrai secteur des assurances seront vérifiés lorsque l’on aura en Algérie un fort taux de pénétration de l’assurance révélant une place importante de l’assurance dans l’économie d’une part, et une forte densité d’assurance découlant d’une dépense conséquente d’assurance par tête d’habitant.
Ces deux indicateurs doivent être à un niveau au moins quatre fois supérieur au niveau actuel, c’est-à-dire que le taux de pénétration doit passer de 0,8% à 3,2% et la densité d’assurance doit passer de 30 dollars par habitant à 120 dollars par habitant. Ces objectifs sont à la portée du marché marocain qui en 2016 a atteint un taux de pénétration de 3,48% et une pénétration de 102 dollars par habitant, pour une population identique à l’Algérie et un potentiel assurable bien inférieur à l’Algérie. Pour cela, il faut réunir des conditions de développement alliant les facteurs internes aux compagnies d’assurance et des facteurs externes en relation avec l’environnement économique du pays

Vous parlez de conditions de développement. Pourriez-vous nous en donner une idée précise ?
Pour ce qui est des facteurs internes, on peut citer la recapitalisation des sociétés publiques d’assurance et la fusion de certaines sociétés privées pour avoir la taille nécessaire à l’effet de prendre en charge les risques algériens et partant, la réduction du recours à la réassurance. Il y a également l’impératif de la mise à niveau des systèmes d’information, la formation et l’émergence des compétences, l’augmentation des budgets marketing et communication ; l’amélioration des process opérationnels et ce, dans le but de réduire les délais d’indemnisation et satisfaire la clientèle. En matière d’environnement, il s’agira pour toutes les parties prenantes de travailler à l’effet d’augmenter la matière assurable à travers l’augmentation des investissements productifs ; l’augmentation du pouvoir d’achat des assurables qui leur permettra de consacrer une part importante à la couverture des risques, notamment en matière de santé complémentaire et en épargne et capitalisation. Il faut impérativement asseoir une stabilité monétaire et la lutter contre l’inflation pour garantir des rendements réels significatifs aux assureurs et à leurs clients.
La réduction des alternatives à l’assurance en transformant la prise en charge par l’Etat des effets des sinistres majeurs en subvention des primes des 1ères années des populations vulnérables à l’effet d’asseoir la culture d’assurance dans le pays ; augmenter la maitrise des questions liées à l’assurance par les métiers auxiliaires de l’assurance tels que les experts, les avocats, les magistrats, etc ; lesquels ont un rôle important dans la prise en charge des litiges entre assureurs et assurés. Ils contribuent grandement avec leur expertise à la vulgarisation de la culture du risque et de la prévention des risques. En fin, je préconise la mise en place d’une concurrence loyale entre les compagnies d’assurance de telle sorte que le prix ne soit plus le seul critère de choix et que la qualité de service soit appréciée de manière concrète par des organismes spécialisés.
L. M.

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