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Halim Bensouiah, Responsable du Pôle Études & Développement au GIE Monétique : « En faisant de la veille, nous travaillons justement par l’anticipation des besoins futurs de nos concitoyens »

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Halim Bensouiah, Responsable du Pôle Études & Développement au GIE Monétique : « En faisant de la veille, nous travaillons justement par l’anticipation des besoins futurs de nos concitoyens »

Le Pôle Études & Développement du GIE Monétique travaille actuellement sur plusieurs nouveaux produits, services et solutions monétiques, dont le lancement de la nouvelle carte CIB de paiement dotée de la fonctionnalité « sans contact », sur des solutions de monétique intégrée, sur le paiement fractionné, sur le mobile paiement ainsi que sur plusieurs autres projets. Dans cette interview, Halim Bensouiah, responsable du Pôle Études & Développement, revient sur l’ensemble de ces projets en cours et dont l’entrée en production de certains d’entre eux est imminente.

Interview réalisée par Ali Titouche

Il était question, l’année dernière, de lancer le mobile paiement, ce produit a-t-il été lancé ?
Nous avons effectivement accusé un retard par rapport au lancement de ce projet dans sa dimension globale et interbancaire. Nous voulions nous entourer du maximum de précautions à l’effet d’offrir une solution de paiement mobile globale qui puisse intégrer les solutions qui sont déjà déployées par certains des membres du Groupement (banques, Algérie Poste).
Nous nous retrouvons, aujourd’hui, face à un écosystème du mobile par mobile très particulier : certaines banques ont mis en service et proposent d’ores et déjà des solutions de paiement mobile, mais dont l’utilisation reste intra bancaire : c’est-à-dire que le client et le commerçant doivent être domiciliés chez la même banque pour pouvoir opérer des transactions avec le mobile.
Par rapport à ce que nous avions annoncé préalablement, nous avions annoncé que nous nous inscrivons dans une démarche globale pour une solution qui permettrait d’interfacer de manière transparente pour les usagers, clients, toutes les solutions déjà en service ou en cours, en élaborant les règles d’interbancarité qui seront en vigueur lors de l’utilisation de ce moyen de paiement nouveau.
Pour ce faire, comme vous le savez, le volet réglementaire reste celui qui prend le plus de temps pour se mettre en place. Nous travaillons étroitement avec la Banque d’Algérie pour définir les règles idoines qui nous permettent de mettre en place une solution de paiement mobile qui puisse être suffisamment sécurisée et fiable ce qui permettrait aux clients des banques et établissements financiers d’utiliser ce moyen de paiement de manière simple, efficace et confiante. Il est indéniable que la « technique » permet de tout faire. Néanmoins, en l’absence de règles de fonctionnement, la technique peut, parfois, conduire à des situations non désirées. Les règles, ce sont tous ces garde-fous qui assurent une cohérence d’ensemble, une rigueur et un fonctionnement correct.
Dans le cas du paiement mobile, dans sa situation actuelle, la principale contrainte réside dans multiplicité des éditeurs et l’hétérogénéité de leurs solutions qui, pour certaines, reposent sur des schémas et des modèles complètement différents les unes des autres et mettre en place des règles qui doivent être observées par tous nécessite de la flexibilité et de l’agilité.
En gros, nous pouvons admettre que nous avançons lentement certes, mais de manière prudente. La Banque d’Algérie a autorisé ou pris acte de l’entrée en service du paiement par mobile pour certaines banques, dont la BNA, Al Salam Bank et Algérie Poste. En tant qu’organe de régulation, nous travaillons ardûment pour faire que ces solutions puissent communiquer les unes avec les autres : qu’elles deviennent interbancaires.

Quels sont les autres produits sur lesquels travaille actuellement le compartiment dont vous avez la charge ?
Nous travaillons à la fois sur des produits monétiques ainsi que sur des services monétiques. Notre principale préoccupation c’est d’en assurer l’interbancarité. Sur la partie produits monétiques, nous sommes pratiquement à la veille du lancement de la nouvelle carte CIB doté de la fonctionnalité de paiement sans contact. Nous avons finalisé les tests nécessaires et nous avons mis en place un pilote, grandeur nature, en production avec certaines banques. Le Pilote a consisté à sélectionner quelques clients porteurs de cartes, à qui nous avons remis des cartes de nouvelle génération, dotées de la fonctionnalité Sans Contact ; et nous avons pareillement, présélectionné judicieusement quelques commerçants que nous avons équipés en TPE dotés de la fonctionnalité Sans Contact. Je vous rappelle que les transactions Sans Contact sont plafonnées et (1500 DA au maximum) et sont très opportunes dans des contextes de flux très denses et nécessitent de la rapidité dans l’acte d’opérer la transaction. Nous sommes en phase de finaliser les derniers ajustements et retouches. Si tout va bien, l’émission de ce type de cartes sera effective dès le mois d’octobre prochain pour certaines banques. Les autres suivront au fur et à mesure de l’expiration des dates de validité des anciennes cartes. Plusieurs banques ont déjà passé des commandes pour s’approvisionner en ces nouvelles cartes et leur mise en circulation se fera progressivement.
Nous travaillons également sur d’autres produits, dont les solutions monétiques intégrées adaptés pour des commerces spécifiques comme les grandes surfaces, dans lesquelles il y a une multitude de services à valeur ajoutée. En ce sens, nous avons mis en place un pilote avec une des banques et une grande surface de renom pour y déployer une solution complète de monétique intégrée.
Au GIE Monétique, nous avons appris à travailler de cette manière : lorsque nous définissons un nouveau produit ou un service monétique, nous veillons à sa conformité aux standards et normes internationales, nous lui faisons subir des batteries de tests dans des environnements adaptés de tests puis nous le mettons en production dans un périmètre réduit (pilote). Nous mettons en place une veille et une observation spéciales de cette solution et nous nous assurons que tout fonctionne correctement selon les exigences mises en avant préalablement, avant de la généraliser. Cette veille est engagée pendant une phase transitoire bien délimitée avant de valider la solution et en faire un modèle homologué par le GIE Monétique que tout autre membre du Groupement peut acquérir et mettre en service.
En termes de services monétiques, nous travaillons également pour la mise en œuvre imminente de services monétiques interbancaires, comme la consultation de solde, son lancement est prévu au courent du mois de septembre. Cette fonctionnalité est assez intéressante dans la mesure où elle permet à n’importe quel client porteur de carte CIB d’une Banque ou Edahabia d’Algérie Poste, de consulter son solde dans n’importe quel distributeur.
Nous travaillons aussi sur d’autres projets, comme la carte de crédit, la carte à débit différé, la carte prépayée destinées à des segments particuliers de clientèles. Des banques réfléchissent d’ailleurs à lancer ces dernières à destination de segments particuliers (étudiants, fonctionnaires, professions libérales, etc.).
Nous encourageons nos membres à segmenter leur clientèle et diversifier leurs catalogues de cartes. Nous travaillons, par ailleurs, sur un certain nombre d’autres projets, dont l’intégration, depuis peu, des souscripteurs AADL dans le paiement électronique et nous intégrons continuellement des web marchands issus de la sphère publique pour généraliser le paiement électronique au niveau des recettes des impôts, des agences AADL, des OPGI, des assurances, des sociétés de transport, etc. Nous diversifions ainsi les offres de paiement électronique au profit des citoyens : contribuables, usagers et clients.

Comment votre département travaille-t-il pour concevoir ces nouveaux produits et services, s’agit-il de répondre à une demande existante ou bien serait-il question d’anticiper les évolutions ?
La plupart des produits et des services que nous avons mis en place obéit à une logique d’anticipation. Il est clair que si nous attendons le besoin pour se manifester, le jour où le produit développé le besoin aura éventuellement disparu. Ce pourquoi nous travaillons plutôt dans l’anticipation.
Comme vous le savez, la monétique est développée par ailleurs et nous essayons d’anticiper les besoins afin de mettre le citoyen dans le confort et lui éviter les déplacements et permettre, par-dessus tout, l’inclusion financière en canalisant les flux qui sont dans l’informel vers la sphère bancaire. Pour certaines fonctionnalités, il s’agit de répondre purement à un besoin exprimé, à l’image de la consultation du solde en interbancaire qui est un besoin réel.

Quelle appréciation faites-vous des besoins actuels du marché algérien de la monétique et des systèmes de paiement ?
Les besoins actuels du marché sont restés plus au moins au stade de besoins de base et c’est quelque chose de normal : le citoyen a besoin de pouvoir retirer son argent dans les DAB, payer ses factures récurrentes sans déplacement et enfin pouvoir payer avec carte chez les commerçants. Nous sommes un pays plus au moins jeune en matière de monétique et c’est tout à fait normal que les besoins de base soient mis en avant. Les besoins à valeur ajoutée, à l’image de la fidélité, la gestion de ses consommations, la traçabilité, les services sur mobile dont les fonctionnalités sont plus élaborées et développées, nous ne sommes pas encore, au jour d’aujourd’hui, à un niveau de besoin très exprimé. Nous sommes toujours dans des besoins de base qui permettent aux citoyens d’avoir un moyen de paiement électronique qui lui permet d’avoir accès à ces services de base.
Mais, au-delà de notre mission de régulation de l’écosystème du paiement électronique, nous faisons également office de force de proposition aux pouvoirs publics. En faisant de la veille, nous travaillons justement par l’anticipation des besoins futurs de nos concitoyens en proposant de nouveaux produits et services ainsi que des fonctionnalités à valeur ajoutée. Nous œuvrons pour la modernité et l’émancipation de la société en permettant par exemple aux citoyens de disposer de produits financiers, d’instruments de paiement innovants assurant un plus grand confort, de pouvoir accéder aux services bancaires et financiers sans se déplacer en agences et enfin pouvoir jouir de la liberté d’ordonner des transactions ponctuelles ou récurrentes de manière automatique, simple, sécurisée et rapide, quand on le veut et où qu’on soit. Les maîtres mots : Mobilité, Rapidité, Simplicité, Sécurité.

Sans l’ombre d’un doute, votre département travaille en parfaite collaboration avec le pôle sécurité et les services anti-fraude, notamment lorsqu’il s’agit de mettre en place les règles de fonctionnement d’un nouveau service, parlez-nous de cette complémentarité entre différents services du GIE Monétique ?
C’est une question très pertinente. Au GIE Monétique nous sommes organisés en compartiments, certes, mais tout projet est conduit de manière collégiale avec les différents compartiments. L’animation et la coordination est assignée à un pôle, mais la concrétisation est réalisée selon un plan d’action détaillé avec la concertation et la collaboration de tous les compartiments.
Par exemple, lorsque nous avons commencé à travailler sur le projet d’émission de la nouvelle carte CIB doté de la fonctionnalité « sans contact », nous étions dans une configuration de gestion de projet. La coordination était assurée par le Pôle Etudes & Développement pour ce qui est définition du produit lui-même, de ces fonctionnalités, de ses déclinaisons et de son mode opératif. Néanmoins, dans le plan projet, il y a un volet certification et homologation, pour ce qui est de la vérification des certificats, du respect des standards, de l’homologation de son processus de production, de fonctionnement, etc.
De même, l’apport du compartiment Sécurité et Conformité est tout aussi incontournable. Il y va de la sécurité de tout le système de paiement et charge à ce compartiment d’émettre les règles de sécurité à mettre en place pour encadrer le produit et protéger son usage. Pareillement, le Pôle de la lutte antifraude est également mis à contribution, puisqu’il doit prévoir les règles de lutte antifraude par rapport aux vulnérabilités identifiées dans le produit lui-même et dans son fonctionnement.
Nous travaillons en parfaite harmonie collective et collaborative de manière in fine à proposer un produit et/ou une solution fournis avec l’ensemble des garantis et exigences et fonctionnalités pour son fonctionnement correct. C’est dire qu’il s’agit d’un travail collégial.
A. T.

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