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Mme Assia Benchabla-Queiroz, chef de division au GIE monétique : «Les quatre pôles de GIE monétique travaillent en complémentarité»

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Issue de la première entité monétique interbancaire créée en Algérie, à savoir la SATIM, où elle a occupé plusieurs postes de responsabilité, Mme Assia Benchabla-Queiroz est actuellement chef de division au GIE Monétique et supervise le travail des quatre principaux pôles au sein de cet organisme. Elle, qui dit avoir eu toute la fierté et l’honneur d’effectuer, en février 2005, la première opération de paiement électronique sur TPE, met aujourd’hui son background acquis dans la monétique au service de la communauté interbancaire. Elle revient, dans cet entretien, sur ses principales missions du GIE Monétique et décrit les tâches effectuées par chaque pôle qu’elle chapeaute.

Entretien réalisé par Hacène Nait Amara

En quoi consiste votre travail en tant que chef de division au niveau GIE monétique ?
Je suis chargée de la coordination et de la validation de tout ce qui est produit comme référentiel au sein de GIE monétique. Je supervise les 4 principaux pôles qui constituent ce groupement, à savoir le pôle sécurité, étude et développement, réseau monétique interbancaire et le pôle homologation. Il existe un autre pôle dédié à la lutte anti-fraude, mais il est appelé à prendre son autonomie du fait de sa nature transversale et opérationnelle. Chaque pôle détient son propre plan d’action défini par rapport aux prérogatives du GIE monétique. Notre organisme, créé en 2014 seulement, se construit encore. Le système de paiement électronique existait déjà et il fallait donc construire d’abord ce groupement avec une charte monétique interbancaire pour fixer les relations entre les membres et les responsabilités des uns envers les autres. Un certain nombre de référentiels conçus comme étant des outils de régulation ont découlé de cette charte touchant aux diverses activités monétiques.

La création de ces quatre pôles renvoie à quel besoin précisément ?
Ces pôles ont été définis par rapport aux missions assignées au GIE Monétique. Pour ce qui est de la mission de régulation, nous avons dû créer le pôle chargé de l’homologation, de façon à ce que toute entité qui va interagir avec le système monétique doit être homologuée. Un commerçant ne peut pas, par exemple, connecter un TPE au réseau sans une homologation préalable. Nous avons également créé le pôle Sécurité car nous avons pour mission de sécuriser le système interbancaire à travers la mise en place des politiques de sécurité, des plans de recouvrement, de continuité d’activité, des cryptages et autres. Le volet promotion du paiement électronique est pris en charge par le pôle étude et développement qui œuvre à la généralisation de ce mode de paiement en développant plusieurs produits selon les besoins de la clientèle. Je peux citer entre autres la carte CIB, le paiement sans contact, le mobile paiement qui est en cours de préparation, le paiement par Internet, la carte prépayée qui est également en phase d’étude, tout comme la carte virtuelle ou encore le péage autoroute et le péage des transports.

Disposez-vous pour cela d’une ressource humaine qualifiée en mesure de relever tous ces défis ?
En fait, le problème de la ressource humaine se pose avec acuité, en ce sens que nous avons des difficultés à dénicher des compétences requises pour ce métier assez technique. Les universités et les écoles supérieures ne dispensent pas des formations dans le métier de la monétique. Cependant, une des missions de GIE monétique pour la promotion du paiement électronique, c’est justement, d’améliorer les compétences. C’est la raison pour laquelle nous proposons, depuis 2018, des cours en e-Learning, à l’Institut de formation bancaire, au profit de tout le personnel des banques pour les former dans le domaine de la monétique, à travers 54 modules en ligne. Cela a permis de vulgariser la notion monétique déjà dans les banques elles-mêmes. Nous avons également lancé, à l’lAHEF, en collaboration avec l’ENSI de Caen (France), un master en monétique pour créer, dans le pays, une niche d’experts dans cette spécialité.

Qu’en est-il des aspects juridiques en vigueur. Pensez-vous qu’il faudrait en améliorer quelques-uns ?
Tout ce qui est réglementation du paiement, en général, est du ressort de la Banque d’Algérie (BA). En 2004, la BA a émis, pour la première fois, une instruction concernant la carte bancaire. En 2020, avec le passage à la nouvelle carte disposant d’une nouvelle fonctionnalité, l’instruction de 2020 a été mise à niveau sur la base des modifications que GIE monétique avait proposées. Pour ce qui est du projet du mobile paiement, nous sommes en train de travailler également sur des propositions de réglementation que nous allons soumettre à la Banque d’Algérie pour encadrer ce nouveau type de paiement.

Parlez-nous du référentiel adopté par le pôle sécurité…
Nous avons défini un référentiel de sécurité opposable à toutes les banques. Toutes les plateformes qui sont dans le système de paiement électronique doivent être conformes à la norme internationale PCI DSS. Cette mise en conformité dure sur une période de 3 ans. Il y a aussi la norme PMV qui concerne les cartes CIB. Toutes les banques et Algérie Poste sont aujourd’hui conformes sur la partie carte, TPE et automates bancaires. La mise en conformité sur la norme PCI DSS n’est cependant pas totale du fait qu’elle concerne non seulement les plateformes techniques, mais aussi toute l’organisation de la banque.

Votre division s’occupe-t-elle aussi des nouveautés à mettre sur le marché ?
Les nouveautés relèvent du pôle Etude et Développement qui se charge de leur conception. Mais il faudrait impliquer aussi la Sécurité, l’Homologation et d’autres départements pour compléter tout le référentiel nécessaire.

Qu’en est-il des achats en ligne à l’étranger ?
Cela existe déjà à travers les cartes Visa ou Mastercard émises par plusieurs banques algériennes pour des clients algériens résidant en Algérie sur leurs comptes en devise. Elles sont utilisées pour des achats en ligne à l’étranger. Notre action en tant qu’organe de régulation a été de faire en sorte que les transactions réalisées au moyen de cartes internationales émises en Algérie soient traitées localement au niveau su centre de processing national qu’est la Satim. La BDL par exemple a domicilié le traitement de ses transactions Mastercard chez la SATIM qui a obtenu la certification de ce réseau de paiement en 2019. Avec cette certification, les banques algériennes qui sous-traitaient aujourd’hui le traitement de leurs transactions à l’étranger pourront rapatrier ce traitement au niveau de la Satim.

Pouvez-vous nous parler de votre expérience à la SATIM avant d’intégrer GIE monétique ?
En fait, c’est comme si je n’ai jamais quitté la SATIM. Elle existe depuis 1995 et à un moment donné elle s’est retrouvée à faire beaucoup de choses, dont les volets technique et la régulation en même temps. C’est la raison pour laquelle il a été décidé de créer le GIE monétique, un organe consensuel entre tous les membres, dédié spécialement à la régulation. Mais le problème de la ressource humaine s’est posé et on m’a sollicitée, alors, pour travailler dans ce nouvel organe. Je suis passée donc de l’opérationnel à la régulation et c’était une bonne évolution pour moi, même si je n’ai pas coupé le cordon ombilicale avec la SATIM. Les deux organes sont liés maintenant par un contrat de délégation.

Quel regard portez-vous sur la monétique en Algérie ?
Je suis un peu triste qu’on ait pris du retard et d’avoir perdu du temps. Entre 2005 où on a lancé la première opération de paiement électronique, jusqu’à la création de GIE monétique en 2014, la monétique a stagné parce qu’il n’y avait pas l’adhésion ni des commerçants ni des banques. On ne voyait pas en la monétique quelque chose qui pourrait énormément être rémunérateur et générateur de profit et de confort pour les citoyens. Après la création du GIE Monétique, les banques ont pris conscience de l’intérêt du paiement électronique et cela permettra de rattraper tout le retard, à condition d’aller vers la bonne direction et prendre les bonnes décisions.
H. N. A.

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