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Widad Belhouchete, PDG de Cash Assurances : «Le challenge de l’innovation devient encore plus pressant pour les compagnies d’assurances»

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Il est question, dans cet entretien, que la PDG de Cash Assurances a bien voulu accordé au magazine Indjazat, de revenir sur le succès retentissant de la 33ème conférence du GAIF, tenue début juin à Oran, ainsi que sur ses recommandations. Mais pas seulement ! Widad Belhouchet a accepté d’analyser pour nous les grands défis de la conjoncture auxquels sont confrontées les compagnies d’assurances, dont celui de la digitalisation qui, de son avis, constitue une nécessité, voire une urgence pour l’ensemble des assureurs et réassureurs.

Entretien réalisé par Lynda Mellak

Les travaux de la 33ème conférence de la GAIF à laquelle vous avez pris part à Oran se sont déroulés du 5 au 8 juin dernier avec, au menu, des débats d’une haute qualité scientifique et technique, traitant essentiellement des défis de la conjoncture auxquels sont confrontés les assureurs de la région, mais aussi ceux de l’industrie mondiale de l’assurance. Quels sont les enseignements que vous avez tirés de cet évènement ?
L’un des objectifs principaux de cette 33ème conférence du GAIF, organisée à Oran, consiste à échanger entre professionnels du secteur issus de toutes les régions du monde arabe, mais également des marchés occidentaux, sur des questions d’actualité, qui engagent la pérennité et l’avenir de l’industrie des assurances.
Cette rencontre constituait également une opportunité privilégiée pour consolider les liens de collaboration entre les différents acteurs des marchés arabes des assurances et des organismes de régulation et de supervision, en vue de renforcer la coopération, d’élargir le cercle de réflexion et de coordonner les activités visant à développer le secteur dans la région arabe. Comme il fallait s’y attendre, après une interruption de deux années en raison de la crise sanitaire, la 33ème conférence du GAIF a été marquée par des échanges d’un niveau élevé, aussi bien durant la séance d’inauguration, que dans le cadre des différents cercles de discussions animés par des panélistes expérimentés et très au fait de l’impact de la conjoncture sur l’industrie de l’assurance et les défis auxquels fait face le secteur.
Au titre des principales recommandations issues des travaux de la 33ème conférence du GAIF, sous le thème « La nouvelle situation et ses implications pour le secteur de l’assurance : quels sont les défis et les opportunités pour le marché arabe de l’assurance ?», les organisateurs ont mis l’accent sur la nécessité de développer les instruments permettant d’atteindre une plus large pénétration des assurances au sein des économies arabes, et à toucher le plus grand nombre possible de citoyens et d’entreprises, dans la perspective de contribuer efficacement au développement économique et social du monde arabe.

La conférence a été, de l’avis de tout le monde, un plein succès eu égard à la bonne organisation, à la participation et à la qualité des panels et des questions abordées. Quel est votre avis, vous qui avez suivi attentivement le déroulement de cette conférence ?
L’organisation d’un tel évènement reconnu comme l’une des principales manifestations mondiales dédiées à l’assurance, en présentiel depuis la récente crise sanitaire, était en soi un privilège pour notre pays dont nous mesurions tous l’importance, mais également un challenge à relever pour assurer un accueil irréprochable aux invités de l’Algérie et pour faire de cette conférence une réussite pour le monde arabe et pour l’Algérie.
A titre d’information, les travaux de cette 33ème conférence ont regroupé plus de 1.300 participants issus de 41 pays, dont 20 pays arabes. C’est dire la dimension du défi que l’Algérie, à travers les compagnies d’assurances sous l’égide de l’UAR et le soutien indéfectible des pouvoirs publics, a relevé avec brio, et pour lequel nous nous félicitons et sommes particulièrement fiers.

Ayant suivi de près les conditions d’organisation de la conférence du GAIF33, en qualité de coordinatrice de la commission des conférences, je peux attester qu’un travail remarquable a été réalisé pour le choix d’abord des thèmes à aborder et des intervenants à solliciter, pour les mettre en cohérence avec une actualité capricieuse et mouvementée d’une part, et des défis sans cesse exigeants pour les assureurs et les économies d’autre part.
Des efforts intenses et ininterrompus ont ensuite été déployés pour mettre en place en coordination avec l’UAR, les autorités publiques et les compagnies d’assurance nationales, toutes les conditions nécessaires pour garantir un accueil de qualité aux participants issus de plusieurs régions du monde et rendre leur séjour aussi agréable que mémorable.
Les retours extrêmement favorables et les chaleureuses marques de remerciement et de reconnaissance que nous avons reçu durant le déroulement de la conférence, et à son terme, de la part de l’ensemble des participants, et notamment étrangers, témoignent si besoin est, de la pertinence des débats qui ont rythmé ces journées, et de la réussite de l’organisation.

N’est-ce pas un grand retour de l’Algérie sur la scène économique mondiale ?
En effet, le rayonnement économique et scientifique d’une nation sur le plan régional et mondial se mesure également par son aptitude à organiser et à ajouter de la valeur à ce type de grandes manifestations, qui regroupe l’élite régionale et internationale de l’industrie des assurances et de la réassurance.
La participation active des quatre premières compagnies mondiales de réassurance, d’agence de notation et de courtiers internationaux de premier rang, aux côtés des plus grands assureurs et réassureurs régionaux, illustre parfaitement la capacité de notre pays à capter l’intérêt des marchés développés et à promouvoir les pistes de partenariats stratégiques avec les économies les plus avancées.
Par ailleurs, la stabilité politique et sociale retrouvée, après l’achèvement de la refondation de l’édifice institutionnel, le retour en force de notre diplomatie sur les plans, régional, continental et international, ainsi que la bonne gestion de la crise sanitaire et de son impact, constituent autant d’atouts pour une véritable relance de notre machine économique.
La réaffirmation par notre pays, à travers la compagnie SONATRACH, de son rôle de fournisseur reconnu fiable en produits énergétiques, en pleine tension internationale sur les sources d’approvisionnement et le redéploiement tous azimuts sur le marché africain, marquent son grand retour sur la scène économique internationale. L’augmentation historique des exportations hors hydrocarbures avec les 5 Milliards UDS réalisés en 2021, et la perspective de porter le montant à 7 Milliards $ à la fin de l’actuel exercice, constitue la manifestation concrète de ce redéploiement à l’international.
La promulgation du nouveau code des investissements, viendra consacrer la stabilité juridique sur une dizaine d’années, et par conséquent, offrir toutes les garanties pour les investissements nationaux et étrangers et constituera un signal fort en direction des IDE intéressés par les innombrables atouts du marché Algérien et ses débouchés sur l’ensemble de la région MENA et le continent Africain.

Quelle lecture faites-vous des recommandations de la conférence ? Sont-elles de nature à aider les assureurs de la région à relever les défis posés par la conjoncture post-pandémique ?
Dans leurs recommandations couronnant les travaux la 33ème conférence du GAIF, les participants ont souligné la nécessité d’accélérer la transition numérique, devenue incontournable, afin d’assurer plus d’efficacité et un développement plus rapide du secteur. Une attention particulière a été, aussi, accordée aux risques émergents, dont les risques liés à la cybercriminalité qui menacent les systèmes d’information des entreprises.
Les changements climatiques et leurs conséquences en termes d’impacts grandissants des catastrophes naturelles, ainsi que les risques sanitaires font également partie des axes ayant suscité d’urgentes recommandations, en vue d’une meilleure anticipation, à travers l’élaboration de cartographies des risques au niveau de chaque pays, dans la perspective de renforcer l’action commune dans ce domaine et de coopérer avec les instances internationales.
Pour une plus large couverture assurantielle, il a été recommandé, en outre, d’encourager l’inclusion financière au niveau arabe, en encourageant la micro-assurance avec les assurances agricoles, en plus de développer le cadre réglementaire et les normes professionnelles susceptibles de permettre la croissance des marchés arabes de l’assurance.
Les participants n’ont pas omis de souligner toute l’importance qui doit être accordée à la ressource humaine devant opérer toutes ces mutations, à travers des formations de qualité qui peuvent être dispensées par les organismes Arabes compétents, dont notamment l’IFID en Tunisie ou l’Institut arabe des assurances basé en Jordanie.

Les compagnies algériennes d’assurance et de réassurance sont confrontées au même titre que les autres compagnies de la région à des challenges et non des moindres, dont l’accélération de la numérisation et de la digitalisation ainsi que la réduction du gap entre le coût du risque et sa couverture. Selon vous, quels sont les outils dont disposent les assureurs de la place pour pouvoir y remédier ?
À l’image de ce qui se passe dans de nombreux secteurs d’activités, le secteur des assurances a vu l’introduction des innovations visant l’éclosion de nouveaux modèles économiques et de nouveaux produits.
La digitalisation est, depuis un moment, au cœur de la stratégie des compagnies d’assurance, qui s’appuient sur les nouvelles technologies pour plus de proximité et une relation interactive avec les assurés, en optimisant l’expérience client, à travers la dématérialisation des contrats, la réduction des couts et la simplification des services rendus.
Aujourd’hui, le challenge de l’innovation devient encore plus pressant pour les compagnies dans le cadre de la mise en œuvre des processus de modernisation de leurs services, à travers des solutions et des applications innovantes en mesure de révolutionner les comportements de tous les acteurs du marché : assurés, intermédiaires d’assurance, assureurs, réassureurs.

Qu’est ce qui se fait actuellement au niveau Cash Assurances, pour pouvoir réussir les objectifs de digitalisation, d’accessibilité des produits d’assurance et les défis de couverture des risques nouveaux ?
Conscients de l’ampleur des enjeux et des défis, nous avons mis en œuvre un plan de développement sur cinq années, qui inclut une feuille de route de transformation digitale à l’horizon 2024.
S’agissant de la qualité de nos prestations, notre objectif est de consolider notre leadership dans le segment des grands risques et de conforter notre place d’acteur de premier plan dans la couverture des risques d’entreprises. Cette riche expérience, notamment dans les aspects liés à l’analyse et à l’évaluation des risques, sera mise à profit pour répondre aux préoccupations des opérateurs économiques liées aux risques émergents, à l’image de la cybercriminalité, et leurs proposer des couvertures appropriées selon la nature et la taille de leurs business.
Concernant le volet gouvernance, CASH Assurances continue de renforcer sa capacité de résilience, en améliorant ses procédures et ses processus décisionnels, en adaptant son modèle d’organisation, qui s’appuie sur l’évolution vers une nouveau système d’information en phase avec les nouvelles exigences technologiques et l’impératif d’améliorer constamment la qualité de nos prestations. Cette démarche inclusive, qui associe par ailleurs l’écosystème des startups, vise à optimiser les processus de gestion, à garantir des services irréprochables à notre clientèle et à réduire les coûts d’exploitation et de commercialisation de nos produits.
C’est dans cette optique que CASH Assurances a mis en service son nouveau portail de souscription, de gestion et de paiement en ligne des assurances automobiles et habitation. Cette nouvelle plateforme permet aux clients d’établir des devis en ligne, de les convertir en contrat et de payer avec la Carte Interbancaire (CIB), dans un processus digital simplifié, sécurisé et adaptée à tous les canaux de connexion.
Nous nous inspirons dans le cadre de cette stratégie de la compétence de nos équipes et de nos partenaires nationaux, mais également des expériences régionales et internationales, qui offrent aussi des éléments de développement fort intéressants. Nous ambitionnons à terme de nous positionner comme l’un des assureurs nationaux les plus en phase avec les besoins évolutifs des clients (particuliers & entreprises), et avec les nouvelles exigences technologiques.
L. M.

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