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Zohir Laiche, DG de la CAAR : «Notre objectif premier est de renforcer la relation avec les clients»

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Créée en 1963, au lendemain de l’indépendance du pays, la compagnie algérienne d’assurance et de réassurance (CAAR) est la doyenne des compagnies d’assurances en Algérie. Son Directeur général, Zohir Laiche, revient dans cet entretien, sur les principaux faits ayant marqué le parcours de la société, ces dernières années, notamment en matière de mise en œuvre de stratégies de développement pour consolider sa position concurrentielle et moderniser son fonctionnement.

Entretien réalisé par Lyes Mechti

La CAAR a lancé en 2017 un plan stratégique de développement (2017-2021). Arrivé à sa fin, qu’est-ce que ce plan a donné comme résultats ?
Notre Compagnie, qui appuie ses stratégies sur des principes de bonne gouvernance et de vision clairvoyante, s’est toujours adaptée à ses environnements avec succès. C’est ainsi qu’après la mise en œuvre réussie des différents plans de développement stratégique couvrant la période 2005 à 2015, la CAAR a poursuivi son essor en mettant au point un nouveau plan de développement 2017/2021, visant à relever les nouveaux défis auxquels elle fait face. L’objectif étant fondé sur quatre grands axes : la consolidation de la position concurrentielle de la compagnie, le développement et la modernisation de son réseau de distribution, l’amélioration de la gestion de la ressource humaine et le renforcement du dispositif de prévention des risques. Le plan de développement stratégique de la CAAR sur la période 2017/2021, s’appuie ainsi sur la capitalisation de l’expérience acquise par la Compagnie, mais également sur une connaissance maitrisée de l’environnement concurrentiel dans lequel la Compagnie évolue, et les mutations économiques et sociales enregistrées au cours de ces dernières années. Ce plan vient en réponse et en adéquation avec les orientations des pouvoirs publics, qui ont pris un certain nombre de mesures visant notamment une rationalisation plus poussée des dépenses publiques et une optimisation des ressources. Arrivé à sa fin, le plan de développement stratégique a permis à la CAAR de concrétiser ses objectifs fixés. Il y a lieu ici de souligner les réalisations de notre Compagnie traduites par son résultat net pour l’exercice 2020 qui a connu une croissance supérieure à 40%, soit 1,144 milliards de dinars, contre 793 millions de dinars en 2019. Sa valeur ajoutée (marge d’assurance)a connu elle, une progression de 7% par rapport à 2019, alors que ses règlements de sinistres en faveur des clients ont atteint près d 8 milliards de dinars en 2020. Les recettes (chiffre d’affaires) en 2020 ont atteint près de 15 milliards de dinars, soit une légère régression de 3%, contre une baisse de 5 % au niveau du marché des assurances et qui s’explique par le ralentissement économique engendré par la crise sanitaire mondiale du COVID-19. Quant aux effectifs de la compagnie, au nombre de 1949, ceux-ci ont légèrement progressé de 1%, en dépit de la conjoncture défavorable. Enfin, le réseau de distribution de la CAAR s’est enrichi de 11 nouvelles agences, portant ainsi le nombre total de ses points de vente à 292 agences. Nous aspirons, aujourd’hui, poursuivre le développement de notre activité, grâce à une meilleure administration de nos ressources et moyens, ainsi qu’à une dynamique renouvelée et novatrice de notre approche du marché.

En juin dernier, la CAAR a annoncé avoir réalisé une croissance de 40% sur le résultat net en 2020, malgré la pandémie qui a affecté l’économie nationale. Comment la compagnie est-elle parvenue à réaliser ce résultat positif ?
L’économie algérienne, à l’instar de toutes les économies du monde, a subi les conséquences de la crise du COVID-19, avec des impacts notables notamment sur le secteur des assurances. En effet, la situation était telle qu’un ralentissement économique significatif a été enregistré à l’échelle nationale, marqué par les dispositions de confinement qui ont d’ailleurs entrainé l’arrêt momentané ou définitif de certaines entreprises. Devant un tel état de fait, la CAAR, et pour faire face à cette pandémie, a engagé des mesures à l’effet de sauvegarder ses acquis et maintenir, ainsi, son activité. Face à une situation d’urgence, il était vital d’entreprendre des mesures d’urgence. Grace à une gestion adaptée et réactive aux changements et situations que nous traversons, nous avons mis en place trois comités ad hoc : un comité de surveillance et d’alerte à l’infection chargé du suivi de l’évolution de l’épidémie au sein de l’effectif, un comité Finances et Soutien en charge d’une gestion exceptionnelle des moyens financiers de l’entreprise et, enfin, un comité Technique chargé du suivi de l’activité « métier » de l’entreprise. Les décisions du Top Management étaient prises en fonction des rapports et suggestions desdits comités, en gardant en permanence un regard avisé sur la situation, ce qui permet une maitrise des charges de fonctionnement toutes en gardant l’équilibre financier de la compagnie. Nous avons ainsi misé sur les capacités de résilience de nos collaborateurs et sur leur haut esprit d’appartenance et soutien sans failles. Notre Compagnie, qui capitalise 58 ans d’existence, a eu à faire face, tout au long de son parcours, à des situations difficiles et elle s’en est toujours sortie victorieuse pour continuer à affirmer son positionnement stratégique sur le marché, et sa ferme détermination à contribuer avec efficience à l’essor économique du pays.
Nous avons édifié une entreprise solide par ses acquis, pérenne par ses valeurs et riche de ses ressources humaines et matérielles. Nous avons, et plus que jamais, la conviction que notre Compagnie possède les atouts nécessaires pour poursuivre son glorieux itinéraire.

Vos activités principales s’appuient sur les grands risques d’entreprises. Qu’en est-il des risques simples des PME-PMI ?
Les économistes algériens sont tous unanimes à soutenir que les petites et moyennes entreprises constituent le levier salvateur pour la relance de l’économie nationale, et une condition incontournable pour la mise en place d’assises économiques pérennes garantissant la réussite des réformes engagées par l’Etat. La CAAR, qui s’est forgée une réputation appréciable dans la branche des grands risques, ambitionne de déployer ses offres pour conquérir de nouveaux segments, en suivant une politique de diversification de son portefeuille et de développement de ses parts de marché. Nous visons ainsi le renforcement de notre position concurrentielle, tout en continuant à concentrer nos efforts sur le cœur de métier de l’entreprise, qui est l’assurance des grands risques. Les efforts et compétences sont ainsi mobilisés pour saisir toutes les opportunités offertes par le marché. Nous favorisons, dans cet ordre d’idées, l’exploitation d’autres opportunités dans le domaine de l’assurance, à savoir les petites et moyennes entreprises, à travers l’intensification des actions de démarchage en direction des PME/PMI et la consolidation des relations avec la clientèle en portefeuille. Le but étant de proposer des produits innovants et adaptés aux besoins de nos clients. L’activité d’assurance étant une activité de soutien pour les entreprises, la CAAR à travers sa politique de développement des risques simples des PME-PMI, œuvre pour une participation affirmée et plus active dans la gestion des risques de ces entreprises toute en offrant la bonne couverture et l’accompagnement continu.

Quels sont les aspects sous lesquels la modernisation et la digitalisation de la compagnie ont-elles pris forme aujourd’hui ?
L’intégration des nouvelles technologies dans la gestion et l’exploitation est l’un des défis que notre Compagnie a su relever avec succès, afin d’incarner la transparence dans la gestion des processus, telle que dictée par les règles de bonne gouvernance. La digitalisation des processus de la CAAR est, en effet, un atout majeur dans l’amélioration de la qualité de nos prestations. Cela ne peut se faire qu’avec des actions vitales qui visent la centralisation et la mise à jour de son système d’information. Pour cette raison, nous avons déployé les moyens nécessaires à cet effet. L’amélioration du système d’information possède de multiples avantages (optimisation des processus de gestion, cohérence et homogénéité des informations, intégrité et unicité du système d’information, évolutivité et amélioration des fonctionnalités, maitrise des coûts et des délais… etc.). Nous avons aussi déployé des plateformes numériques de gestion de recours automobile et nous travaillons actuellement avec un Work Flow de la gestion numérique des sinistres bris de glace, dans le but de faciliter le traitement et de raccourcir ainsi les délais de remboursement, ce qui a permis de fidéliser nos assurés. La CAAR a également procédé à la numérisation des processus de commercialisation de ses produits, avec la mise en place de la souscription en ligne pour les produits MRH et CATNAT, ainsi que la possibilité de paiement électronique pour les clients possédant des cartes électronique, grâce à la dotation de certaines de nos agences de notre réseau de distribution de Terminaux de Paiement Electronique TPE. Notre compagnie a également développé une « communication numérique » caractérisée par l’interactivité avec notre clientèle et la pertinence des informations diffusées sur le vecteur web : émission d’une information actualisée et pertinente, nouvelles rubriques de présentation des activités et produits CAAR sur les réseaux sociaux, notamment sur notre page facebook.

Pensez-vous que la réglementation régissant le secteur des assurances en Algérie soit en mesure de répondre aux aspirations des acteurs de l’écosystème, ou bien devrait-elle, comme certains le souhaitent, connaitre des réformes ?
Les réformes engagées par l’Etat algérien ont toujours été en adéquation justement aux mutations de l’écosystème. Elles ont permis des offres mieux adaptées aux caractéristiques du marché algérien. Les changements enregistrés dans nos environnements économique, social et juridique, sont en constante évolution et, de ce fait, les réformes régissant le secteur auront à suivre ce mouvement évolutif pour permettre au secteur l’expansion et l’essor qu’on attend de lui. Nous espérons ainsi aller vers un secteur dominé par une concurrence loyale et constructive, et une éthique du métier basée sur le respect entre acteurs, et la confiance avec nos partenaires. Ceci portera certainement le service assurantiel à un degré supérieur en matière de qualité et, surtout, de crédibilité auprès de nos clients. Même si le marché des assurances a connu une évolution remarquable durant les dernières années, il reste loin de couvrir le potentiel offert en la matière, d’où la nécessité de proposer des produits innovants, à même de permettre l’accompagnement des besoins de plus en plus évolutifs de la clientèle.

Qu’en est-il des produits dits «Takaful»
Le développement du secteur requiert une meilleure compréhension des besoins et surtout du comportement du consommateur en matière d’assurance. Il faudrait surtout une identification des freins à la souscription.
Relevant un manque d’engouement d’aspect culturel et/ou religieux, les assurances alternatives représentent, à notre sens, un véritable appui à la relance du secteur, lesquelles vont, sans nul doute, permettre de croitre et de booster la demande en la matière. Les produits d’assurances sous la formule « Takaful » s’avèrent donc indiqués pour un large segment de clientèle. L’environnement économique est très favorable au lancement de cette formule, laquelle viendrait compléter l’assurance classique pour offrir au citoyen une couverture adaptée à tous les besoins et toutes les catégories de clientèle. Aussi, la commercialisation de ce type de produits d’assurance, soit par des fenêtres islamiques ou des sociétés d’assurance Takaful, va permettre d’accompagner les fenêtres des banques islamiques en leurs offrants des couvertures pour leurs produits bancaires liés à l’industrie de la finance islamique. Sur le plan légal, les pouvoirs publics fixent dans le décret exécutif N°21-81 du 23 février 2021, les conditions et modalités d’exercice de l’assurance Takaful. Cette dernière est exercée soit par une société d’assurance dédiée exclusivement à des opérations d’assurances Takaful, soit par une organisation interne, dite « Fenêtre » au sein d’une entreprise d’assurance exerçant des opérations d’assurance traditionnelle. Dans ce cas, cette société est tenue de séparer sur le plan technique, comptable et financier, les opérations d’assurance Takaful des opérations relatives à l’assurance traditionnelle. Cette disposition est valable aussi bien pour les assurances de dommages que pour les assurances de personnes. C’est pourquoi, et au lendemain de la promulgation du décret exécutif portant sur la mise en œuvre de l’assurance Takaful, les acteurs du marché se sont intéressés à cette question pour introduire cette formule. La CAAR, a pensé depuis le début de l’année 2020 à développer ce segment d’activité, en travaillant en collaboration avec les compagnies d’assurance publiques sur la création d’une entreprise dédiée spécialement à cette activité, dont les actionnaires sont les quatre compagnies et les six banques publiques.

Quels sont vos objectifs et vos priorités pour l’année 2022 ?
Face aux défis majeurs auxquels l’économie nationale est aujourd’hui confrontée, la CAAR s’est fixé des objectifs qui permettront d’améliorer le service d’assurance et de développer le secteur, afin qu’il joue le rôle qui lui est confié dans l’évolution du système économique.
La diversification des services ne doit pas se construire au détriment de la qualité. Notre objectif premier est de renforcer la relation construite avec les clients, en proposant des produits élaborés avec savoir-faire et adaptés à leurs attentes, tout en formant nos équipes pour répondre à leurs préoccupations et à leurs questions. Le succès et la pérennité de l’entreprise s’accompagnent de sa capacité à innover, à avancer en permanence vers le meilleur et l’optimum. En tant qu’entreprise responsable et citoyenne, la CAAR, bien qu’elle œuvre à développer son chiffre d’affaires, incite, en parallèle, à développer le service d’assurance, dans le respect de l’éthique de la profession et de la concurrence légitime, et ce, afin de préserver toujours les intérêts des assurés.
H. N. A.

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