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Abdelhakim Bensaoula, DG de l’ANPT : « Nous passons de l’incubation au développement des compétences »

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Le Centre de Développement des Compétences de l’Agence Nationale de promotion et de développement des Parcs Technologiques (ANPT), plus connu sous le nom de l’incubateur du Cyber Parc de Sidi Abdallah, dans la wilaya d’Alger, est le premier dispositif de ce type à voir le jour, en 2004. Il a permis à plusieurs porteurs de projets innovants de passer de l’idée à la création de leur entreprise. Plus de 70 start-up y ont fait un passage avant de se lancer dans le monde de l’entreprenariat. L’ANPT qui gère cette structure, mais aussi des structures similaires dans plusieurs régions du pays, semble aujourd’hui libérée de toutes les contraintes qui l’empêchaient d’accomplir pleinement ses missions. Dans cette interview accordée au magazine Indjazat, son directeur général, Dr. Abdelhakim Bensaoula, a fait savoir que l’année 2020 sera celle du redéploiement de l’Agence qu’il dirige, grâce à des projets structurant qui verront le jour dans les tous prochains mois.

Entretien réalisé par Hacène Nait Amara

L’ANPT existe déjà depuis 16 ans. Quel bilan faites-vous de ces années consacrées à l’accompagnement des jeunes startupers ?
Celui qui veut connaître l’écosystème dans lequel évolue le jeune algérien et, en général, l’innovation en Algérie, il n’a qu’à étudier l’évolution de cette Agence et les problèmes auxquels elle a fait face. L’ANPT s’est débattue, depuis sa création en 2004, jusqu’à 2011 pour avoir un patrimoine à gérer à travers les premiers actes de propriété qu’elle a pu obtenir. A partir de cette année, de nouvelles structures ont été réalisées au niveau du cyberparc de Sidi Abdellah et d’autres initiatives ont été lancées, des essais d’incubation jusqu’à 2015, année de mise en place d’une stratégie, et cibler de nouvelles activités et actions portant sur le développement du cyberparc. L’Agence a donc réellement commencé, à partir de 2013/2014 à activer dans le domaine de l’accompagnement des jeunes créateurs d’entreprise et l’hébergement des PME/PMI actives dans le secteur des TIC, le premier maillon de sa chaine de valeur. Un nouveau modèle d’incubation a été mis en place à partir de Décembre 2015, avec une plus grande concentration sur le développement des compétences de haut niveau au bénéfice des jeunes professionnels de TIC. Il y a aussi l’aspect formation à relever pour lequel nous avons beaucoup investi durant les quatre dernières années, ce qui nous a permis d’atteindre les 600 jours de formation offerte aux ingénieurs, aux partenaires fournisseurs d’accès, opérateurs, aux étudiants et aux profs d’université. Aussi toute une équipe a été mise en place pour assainir la situation foncière et financière de l’Agence, ce qui nous a permis aussi de lever les contraintes et de travailler beaucoup plus à l’aise maintenant, non seulement à Alger, mais aussi sur la réalisation de nos sites à Annaba, Oran et Ouargla. Nous avons aussi lancé plusieurs travaux de réfaction de sites et des études de réaménagement, notamment à Bordj Bou Arreridj, Sidi Bel Abbes et Annaba.

Qu’en est-il au niveau du cyberparc de Sidi Abdellah ?
En terme d’équipements lourds, nous avons mis en place toute une infrastructure permettant aux jeunes de tester leurs produits, en plus d’un centre d’expérience TIC inauguré fin 2016. Depuis 2 mois nous avons lancé les installations nécessaires à la pré 5G, sachant que l’année 2020 sera celle de l’IOT, ou Internet des objets, l’analyse des données et la Data. Dans tout cela, nous essayons d’écouter les préoccupations du gouvernement, les plans d’action des opérateurs et faire en sorte que la ressource humaine et la compétence suivent. Il y a une orientation de la part des pouvoirs publics qui veulent aller vers la ville intelligente et notre rôle c’est justement de soutenir les start-up et PME/PMI TIC, mais aussi d’encourager les grosses entreprises TIC, qui ont des idées innovantes et qui peuvent réaliser beaucoup de solutions dans ce domaine.

Quels sont vos projets phares prévus pour cette nouvelle année 2020 ?
L’ANPT s’est engagée désormais non seulement dans un travail d’incubation ciblée mais aussi dans le développement des compétences de haut niveau. Le Centre de Développement des Compétences de Sidi Abdellah a pris beaucoup plus d’ampleur et il sera connu comme étant le HUB TIC national, interconnecté au antennes réalisées et actives (Oran -2016-, Sidi Bel Abbes -2019- et Bordj Bou Arreridj -2019-) et programmées (Annaba -2020- et Ouargla -2021-). 2020 verra aussi une plus forte et étroite collaboration avec les centres universitaires, instituts et centres de formation. Nous avons d’ailleurs des conventions conclues avec les universités de Bordj Bou Arreridj et de Sidi Bel Abbes, et sommes en discussion avec celles de M’Sila et de Khemis Miliana, nous voudrions nous déployer encore plus au niveau d’autres universités pour pousser les universitaires à s’investir pleinement dans le développement technologique et pas seulement dans l’enseignement. Durant le 1er trimestre 2020, nous lancerons les travaux du techno parc d’Oran. A Annaba nous préparons le lancement des sites pour l’hébergement des jeunes, mais aussi à BBA et Sidi Bel Abbes. A Alger nous prévoyons aussi le lancement de la réalisation d’un centre d’hébergement à l’image d’un campus. Le Data Center de Sidi Abdellah est en phase de finalisation et l’extension du centre de développement des compétences est programmée durant le 2e trimestre de l’année en cours. Nous nous apprêtons aussi de lancer prochainement les essais de la pré-5G.

De par l’expérience que vous avez eue dans vos structures, quelles sont d’après vous les préoccupations des jeunes startupers et leur principal besoin pour qu’ils puissent réaliser leurs projets ?
Le jeune algérien a essentiellement besoin qu’on lui fasse confiance. Il y en a beaucoup parmi eux qui s’investissent dans un projet, le présentent dans des foires et des évènements particuliers où on leur donne beaucoup de promesses, mais sans suite. La déception du jeune vient du fait qu’il rencontre très peu de concret. Ces jeunes ont besoin qu’on leur fasse confiance et qu’on les sollicite pour leur commander des solutions, des prestations et des services. Il n’y a pas pire pour un jeune innovateur qui s’investit dans le développement d’un produit que de voir son produit non utilisé jusqu’à devenir obsolète. A l’ANPT, toutes les solutions que nous utilisons sont déployées par nos jeunes startupers.

On évoque souvent le problème du manque de financement comme étant un obstacle au développement des start-up. Qu’en est-il réellement ?
Le financement peut être nécessaire, comme il peut ne pas l’être. Tout dépend des secteurs d’activité. Un jeune qui veut se lancer dans l’agroalimentaire a besoin de monter une usine et le financement devient dans ce cas nécessaire. Mais quand il s’agit des TIC, c’est vraiment un produit de l’intellect qui a besoin seulement d’un cerveau qui fonctionne bien et du talent. Les jeunes qui se rapprochent de l’ANPT viennent déjà avec une idée ou un concept et nous essayons de faire en sorte qu’ils passent rapidement de l’idée à un produit commercialisable. Nous leur disons que le financement doit venir de leur première facture. Cela ne veut pas dire que le jeune doit souffrir. Il doit se concentrer sur son but et ne pas être dévié par l’idée d’avoir un salaire ou un gain financier. Si on prend l’exemple de Microsoft, cette entreprise qui est devenue une multinationale n’a pas commencé avec l’équivalent de 20 millions DA. C’était tout juste un petit prêt de 5 000 dollars avec lequel Bill Gates a démarré son projet dans un garage. L’argent est important mais pas crucialement important.

Que pensez-vous de la création de nouveaux ministères et ministères délégués dédiés aux start-up et aux incubateurs ?
Il est clair aujourd’hui qu’il y a un besoin de soutenir les activités de création d’entreprises jeunes et innovantes dans les TIC et les autres domaines économiques. Nous saluons toute initiative qui pourrait donner une voie supplémentaire aux jeunes algériens et nous nous attendons à ce que ces nouveaux départements puissent dynamiser le secteur.
Nous nous attendons à ce qu’ils lancent des initiatives réelles afin de capter le maximum de jeunes innovateurs, et combler le vide qui existe dans les domaines non encore pris en charge tels la mécanique, la mécatronique, l’électronique, la domotique, l’agriculture, la biotechnologie pour ne citer que les domaines que je connais personnellement très prometteurs et dont les jeunes et PME/PMI innovants qui y actives ne trouvent aucune structure pour les prendre en charge.

Un dernier mot ?
J’espère que notre pays ira mieux en 2020, que cette année soit un nouveau départ et que les jeunes vont pouvoir parler d’eux-mêmes et de leur pays la tête haute, en Algérie et à l’étranger. Nous avons des complexes qu’il nous faudra dépasser, celui de la confiance en soit, et celui de la peur de l’inconnu. Pour le premier, nous reconnaissons que nous ne sommes ni plus intelligents ni plus idiots que les autres. Pour le second, pour l’ANPT, l’inconnu est plein d’opportunité à saisir. Le future se décide par nos actions présentes. Il faut oser, et prendre des risques.
H. N. A.

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