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Abdelkader Fergui, DG de CNTPP : «Trouver des solutions en amont pour prévenir la pollution à la source»

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Promouvoir, sensibiliser et vulgariser les techniques de production plus propre dans les différentes filières industrielles. Telles sont, principalement, les missions qui guident les actions du Centre National des Technologies de Production plus Propre «CNTPP). Selon son directeur général, Abdelkader Fergui, pour protéger l’environnement industriel, il est tout aussi important d’agir en amont et endiguer la pollution à la source, que de sévir et de sanctionner les pollueurs. L’incitation et l’accompagnement des entreprises soucieuses de respecter l’environnement s’avère également un des moyens à même de faire profiter nos industriels des mécanismes mis en place par l’Etat en matière de protection de l’environnement. Explications…

Entretien réalisé par Hacène Nait Amara

Quelles sont les principales missions confiées au CNTPP ?
Le Centre National des Technologies de Production plus Propre est un établissement public à caractère industriel et commercial crée par décret exécutif n° 02-262 du 17 Août 2002 placé sous la tutelle du Ministère en charge de l’environnement, en l’occurrence l’actuel ministère de l’Environnement et des énergies renouvelables. La mission du Centre tourne principalement autour de la mise en œuvre de la politique environnementale industrielle de l’Algérie, c’est-à-dire la protection de l’environnement en milieu industriel à travers la mise en place des outils nécessaires pour son amélioration. Il faut dire cependant que le CNTPP est un outil qui s’intéresse à l’environnement industriel mais surtout œuvre à la promotion des technologies de production plus propre. Il s’agit d’un ensemble de mesures, de systèmes de management et d’actions de prévention dont le but est d’endiguer la pollution à la source. Ce qui est important pour nous, c’est de trouver des solutions en amont pour prévenir et limiter la pollution à la source. Si l’on prend l’exemple des Stations d’épurations, qui sont des investissements très lourds, le traitement à la source la charge de polluante qu’elles produisent, en introduisant des procédés technologiques sur les process, peut réduire le coût d’investissement. C’est dire que le fait de trouver des solutions avant que les problèmes ne surgissent permet d’économiser de l’argent et améliore l’investissement et la compétitivité de l’entreprise. Je dois rappeler, par ailleurs, que le Centre s’est vu attribuer, depuis janvier 2019, le volet des énergies renouvelables (EnR) pour compléter sa mission. Cela n’est pas du tout en contradiction avec sa mission initiale, en ce sens que la pollution n’est pas seulement celle que l’on croit, puisque les énergies conventionnelles sont aussi source de pollution. Nous sommes donc habilités à proposer aux industriels, mais aussi aux collectivités locales et autres secteurs de l’économie nationale, des solutions énergétiques renouvelables.

Le CNTPP est-il concerné par l’aspect réalisation du programme national des ENR ?
C’est tout le monde qui est concerné par ce programme. Nous sommes un acteur clé du secteur de l’environnement qui contribue sérieusement à la mise en œuvre du programme des énergies renouvelables.

Pouvez-vous nous expliquer comment intervient votre contribution ?
Nous avons estimé que sur la totalité des 22 gigawatts du programme national des EnR, il y a un potentiel de 4 à 5 gigawatts en Hors réseau, représentant l’énergie produite par les installations indépendantes et non injectées au réseau de la Sonelgaz. Et c’est là où nous intervenons à travers des actions de promotion, de valorisation et de développement. Il faut rappeler à ce propos que le programme des EnR ne se limite pas aux grandes fermes solaires seulement. Il y a aussi des solutions pour l’énergie renouvelable que l’on peut utiliser pour faire fonctionner les administrations publiques, l’éclairage public, les écoles, les mosquées et autres.

Ne pensez-vous pas que ces solutions sont actuellement assez connues et qu’il faudrait passer maintenant à leur mise en œuvre ?
Effectivement, il faut passer à l’action. L’exemple de la conversion des véhicules au GPL est édifiant. Mais il faut relever le fait qu’il y a eu des incitations pour que cela réussisse. Dans le domaine du solaire, il faudrait que les équipements appropriés, les panneaux solaires notamment, soient aux normes. Malheureusement, à ce jour, nous n’avons pas encore les normes qui permettraient de « démocratiser » l’utilisation de l’énergie solaire. Il faut dire, cependant, que les incitations ne viennent pas seulement du secteur. C’est affaire de plusieurs secteurs. Néanmoins, la stratégie tracée pour le secteur est aujourd’hui finalisée et devra permettre la promotion, la valorisation et le développement des énergies renouvelables en Hors réseau. Il reste, bien entendu, à mettre en œuvre ce qui est édicté dans cette stratégie, avec l’ensemble des objectifs et axes fixés en matière économique, environnemental, social, mais aussi normatif, réglementaire et financier et de gestion.

Pour revenir au problème de la pollution, qu’en est-il du cas du lac de la réserve naturelle de Réghaïa, à Alger ?
Les industriels de la région ont une grande responsabilité dans la préservation de cette réserve naturelle. Les inspections que font les services de l’environnement sont importantes et pertinentes dans le sens ou elle garantissent le respect des lois et réglementations environnementales ; elle sont aussi un outil de faire adhérer les industrie à une approche de production propre économe en ressources qui est la meilleure façon d’endiguer la pollution à la source à traves des outils d’accompagnement qui sont, à mon sens, la garantie que les actes de pollutions ne se reproduisent plus. Il faudrait aussi assurer une formation adéquate aux délégués pour l’environnement chargés, au sein des entreprises, de la prévention de l’environnement pour qu’ils soient de bons conseillers écoutés par leurs responsables. Il faut dire à ce propos que les industriels n’utilisent pas les mécanismes mis en place par l’Etat et sont peu sensibilisés sur la question de la préservation de l’environnement. Cela étant dit, il faudrait rester scientifique et technicien dans les cas de pollution avérée ou pas, pour le cas du lac de Reghaia, c’est-à-dire que les couleurs qu’on voit sur le lac et qu’on croit qu’elles sont dangereuses et polluantes doivent subir des analyses sur leurs compositions et donc des éventuelles causes , les résultats de ces analyses sont le meilleur moyen pour nous éclairer sur la teneur , la charge polluantes et la toxicité ou dangerosité des eaux du lac et donc de leurs provenance.

Pour ce qui est de la pollution issue des sacs en plastique, pourquoi n’a-t-on pas tout simplement interdit la fabrication de ces sacs, puisque vous parlez de lutte contre la pollution à la source ?
Je pense que le fait de ne pas avoir réagi rapidement a donné naissance à une industrie informelle de fabrication de sacs en plastique. Il faut prendre en compte le nombre des sans emploi que peut engendrer, aujourd’hui, la décision d’interdire définitivement cette activité. De plus, nous devons réfléchir sur une industrie de substitution qui aura pour objectif de développer la production des sacs à papier, d’autant que la matière première pour ce type de sac est importée. Mais ce qui est sûr, nous irons inévitablement vers cette interdiction. L’Algérie doit se préparer pour cela en mettant en place des mécanismes de substitution, tout en inculquant aux citoyens de nouveaux modes de consommations « durables » qui ne soient pas nocifs pour l’environnement.

Globalement, quel constat faites-vous de l’état de l’environnement industriel en Algérie ?
En matière de protection de l’environnement, il y a plusieurs catégories d’industriels. Il y a ceux qui ont envi de se distinguer comme étant des industriels respectant l’environnement, mais qui ont d’autres priorités. Ce sont des industriels frileux qui ont besoins d’être rassurés. Il y a ceux qui sont entièrement engagés dans la protection de l’environnement et initient des actions, notamment en matière de certification. Malheureusement ces derniers sont minoritaires. Il y a enfin les entreprises qui sont dans la défensive et optent souvent pour les minima en matière de protection de l’environnement. Ces derniers peuvent être ramenés à être plus respectueux de l’environnement, en les rassurant d’abord, et en engageant avec eux un travail d’accompagnement et de formation. Il faut rappeler à ce propos que les nouveaux contrats de performance environnementale, en cours d’élaboration, instaurent plusieurs niveaux d’engagement pour mieux protéger l’environnement industriel au niveau de l’entreprise et donner à son engagement un encrage juridique,
y compris en matière d’accompagnement.
H. N. A.

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