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Amel Abdellatif, Directrice générale des Impôts : «La femme ne devrait pas hésiter à exprimer ses aptitudes et prendre des initiatives»

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Fraichement désignée à la tête de la Direction générale des Impôts, Mme Amel Abdellatif considère cette nomination comme un signe de confiance et de reconnaissance. Elle revient, dans cet entretien qu’elle a bien voulu accordé au magazine Indjazat, sur son parcours professionnel jonché d’épreuves et de défis, sur plus d’une vingtaine d’années. Pour elle, la compétence et les capacités managériales sont les seuls critères justifiant l’affectation, d’un homme ou d’une femme, à un poste de responsabilité. Elle invite, en outre, les femmes algériennes à exprimer leurs aptitudes et à prendre l’initiative pour contribuer pleinement au développement du pays.

Entretien réalisé par B. Titem

Pouvez-vous nous relater brièvement les différentes étapes de votre parcours professionnel ?
Après avoir obtenu une licence en sciences économiques option sciences financières en 1996, j’ai porté de l’intérêt à la matière fiscale, ce qui m’a conduit à passer le concours d’accès à l’Institut d’Economie Douanière et Fiscale (IEDF) pour l’obtention d’un troisième cycle professionnel, spécialisé en finances publiques. A l’issue de cette formation qui a duré deux ans, j’ai été affectée, en janvier 1999, à la Direction Générale des Impôts, en qualité d’Inspecteur divisionnaire, au sein de la direction du contentieux.
Aussi, pour m’imprégner des procédures de gestion des différentes fonctions de l’impôt, j’ai suivi un stage d’immersion au niveau des services opérationnels de la DGI, lequel a été riche en enseignements et m’a permis de concilier l’aspect théorique et pratique de la gestion de l’impôt.
Quelques années plus tard, j’ai été promue, en 2003, chef de bureau du contentieux de la fiscalité immobilière. Cette promotion a été une occasion privilégiée pour faire mes premiers pas dans le domaine managérial en pilotant une activité contentieuse, en encadrant des agents instructeurs et en prenant des initiatives permettant d’innover et d’améliorer les procédures de gestion du contentieux.
Un nouvel événement est venu enrichir mon parcours professionnel en bénéficiant d’une formation d’une année à l’école nationale des impôts de Clermont Ferrand (France), à l’issue de laquelle j’ai acquis de nouvelles connaissances dans le domaine fiscal.
A mon retour, la reprise de mes missions de chef de bureau a été associée à des actions de formation en faveur des agents de l’administration fiscale, au cours desquelles j’ai partagé mes acquis professionnels. J’ai été, ensuite, nommée en mai 2008, sous-directrice des commissions de recours, au sein de la même direction. Ma fonction consistait à piloter les travaux des différentes commissions de recours locales et à gérer la commission centrale de recours au sein de laquelle j’étais rapporteur. Par ailleurs, j’ai participé à la refonte du dispositif des commissions de recours.
Après avoir exercé au sein de cette structure pendant près de huit ans, j’ai été désignée en mai 2016 comme directrice du contentieux. Cette fonction supérieure m’a permis de m’inscrire dans le programme de modernisation de l’administration fiscale, déjà engagé, et pour lequel la Direction du contentieux a été pleinement associée. Enfin, depuis deux mois, j’ai été nommée directrice Générale des Impôts, ce qui a suscité en moi un sentiment de fierté eu égard à la confiance et à la reconnaissance qui m’ont été témoignées.

Quels enseignements tirez-vous de toutes ces années passées dans des postes de responsabilité ?
Au cours de ma carrière professionnelle, l’enseignement qui en ressort est que l’exercice d’une responsabilité est la conjugaison de deux éléments indissociables, à savoir la ressource humaine qui est au cœur de toute organisation et la motivation personnelle.
En effet, je suis convaincue que tout projet ne peut être accompli ou mené à terme et toute responsabilité ne peut être exercée pleinement sans intelligence collective puisée d’un travail collaboratif. Il faut, donc, savoir communiquer et être à l’écoute de ses collaborateurs, tout en favorisant le développement des compétences. Il faut également être disponible et servir d’exemple, en restant optimiste dans toutes les situations pour stimuler les membres de son équipe dans les situations les plus critiques.
Pour se faire, il est important d’aimer son métier et d’avoir le soutien de ses responsables, sans quoi on ne pourrait se dévouer à la mission dont on a la charge. En somme, lorsqu’on est passionné par son métier, on trouve l’énergie, la force et les idées à mettre en œuvre pour atteindre ses objectifs.
Quel regard portez-vous sur la femme algérienne occupant des postes de responsabilité comme le vôtre ? Un poste de responsabilité doit refléter la compétence et les capacités managériales acquises lors d’un parcours professionnel.
Ce qui est recherché, à ce niveau de responsabilité, est la capacité à constituer et à mener des équipes à même de réaliser des projets porteurs de progrès, qui profiteraient à l’ensemble des acteurs.
J’ai toujours été admirative des femmes algériennes qui exercent des fonctions supérieures, étant consciente des sacrifices et des efforts que cela exige pour se faire une place dans un environnement qui nécessite beaucoup d’engagement.
J’éprouve, par conséquent, un sentiment de fierté et d’accomplissement en faisant partie de ces femmes qui émergent et qui contribuent positivement à l’amélioration de nos pratiques professionnelles.

Est-il facile pour une femme de concilier entre son travail et ses responsabilités de famille ?
Quel que soit le poste occupé ou la responsabilité exercée par toute femme, la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale nécessite une organisation et une implication de la cellule familiale.
Au début, avec la première fonction supérieure que j’ai occupée ; celle de sous-directrice, il m’arrivait d’être envahie par un sentiment de dispersion voire de fragmentation entre les engagements multiples de la vie familiale et ceux de la vie professionnelle puis on apprend à canaliser l’énergie qui en découle pour trouver des solutions permettant de créer un équilibre entre les deux.
Cet équilibre ne peut être réalisé qu’en apprenant à déléguer et à repartir les tâches en conférant une certaine autonomie aux enfants tout en veillant à leur encadrement. En définitif, seuls un soutien et une entraide conforteraient cette conciliation entre les deux sphères.

Quels conseils pouvez-vous donner aux femmes désirant réaliser un bel parcours professionnel ?
A mon avis, le conseil que je pourrais prodiguer à toute femme qui souhaiterait évoluer dans sa carrière professionnelle est de faire valoir ses connaissances et son savoir faire, sans hésiter à se former sans cesse y compris sur des sujets complémentaires à son métier. Aussi, je les invite à saisir l’opportunité qui s’offre à nous, dans ce nouveau contexte d’ouverture dans lequel s’inscrit actuellement notre pays, où l’émergence des compétences et l’expression des idées novatrices sont amplement encouragées. Elles ne devraient pas hésiter à exprimer leurs aptitudes, à prendre des initiatives et à relever des chalenges pour contribuer, chacune dans son domaine, au développement de notre pays.
B. T.

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