Accueil DOSSIER Leila Akli, Directrice de l’Agence Pi-Relations : « L’entreprenariat est une aventure permanente»

Leila Akli, Directrice de l’Agence Pi-Relations : « L’entreprenariat est une aventure permanente»

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Forte de son parcours professionnel, Leïla Akli a tout d’une grande femme manager. La fondatrice de la première agence algérienne spécialisée en relations publiques et digitales, Pi-Relations, possède plusieurs cordes à son arc, en plus du travail qu’elle est en train d’accomplir dans le domaine de la communication. Elle s’implique activement dans la promotion de l’entrepreneuriat féminin et l’épanouissement de la femme algérienne. Dans cette interview, cette femme exemplaire retrace avec beaucoup de simplicité son brillant parcours professionnel et nous raconte son aventure entrepreneuriale qui, en dépit des ans, qui ne fait que commencer.

Entretien réalisé par Lynda Mellak

Comment se sont passés vos débuts dans le monde de la communication?
J’ai toujours voulu être dans la communication. Etant étudiante, j’ai rejoint une boite de communication où j’ai débuté ma première expérience professionnelle dans le relationnel. Après avoir obtenu mon diplôme, en 2002, j’ai décroché un job dans l’événementiel et je me suis spécialisée dans le corporate. Juste après, j’ai été repéré par l’opérateur de télécommunications Ooredoo au sein duquel je me suis occupée de l’événementiel et du sponsoring. J’y suis restée quatre ans. Par la suite, j’ai intégré le groupe multinational de télécommunication Nokia où j’ai exercé également pour une période de quatre années.
J’ai dû quitter ensuite l’Algérie pour m’installer à l’étranger, où j’ai pu intégrer une grande agence de communication internationale. Dans cette enseigne, je me suis occupée du marché et développement client durant trois années. Et c’est au sein de cette agence que j’ai créé une filiale pour l’Algérie dédiée aux relations publiques.
A partir de là, après une période de réflexion, j’ai constaté que je pourrais mener mon travail seule. Convaincue que c’est ce métier qui me valait le mieux, j’ai décidé alors de me spécialiser dans la communication et les relations publiques en Algérie. Petit à petit, l’agence grandit et nous avons développé d’autres services dans le digital et la création du contenu. Nous avions même des agences qui ont sous-traité avec nous dans ce domaine par manque d’expertise ou tout simplement parce qu’ils me faisaient confiance.
Aujourd’hui, je suis très fière de mon travail, de mon agence locale non-affiliée et leader dans les relations publiques. Ma réussite est le fruit du professionnalisme de toute l’équipe et collaborateurs émouvants et innovants.

Votre parcours au sein des groupes et agences multinationales a été d’un avantage important pour le démarrage de votre propre projet…
Les relations publiques sont une fonction de communication qui permet à un organisme de mettre en place, de promouvoir et de maintenir des relations de confiance avec ses différents publics, qu’ils soient internes ou externes. L’expérience que j’ai acquise au fil des années m’a permis d’avoir une vision beaucoup plus globale de mon métier. Cela m’a permis d’être une meilleure oreille de mes clients afin de mieux répondre à leurs attentes.

Certains de vos clients étaient aussi anciens collègues ou clients des agences où vous avez déjà travaillé. Comment vous avez réussi à garder la relation avec eux ?
Tout-à-fait, mais c’était sans faire exprès ! Beaucoup de mes clients étaient dans la même entreprise que moi. Aussi, d’autres clients ont décidé de faire recours à mes services après avoir été des clients des agences dans lesquelles où j’ai bossé auparavant. Mon parcours en entreprise m’a beaucoup aidé à construire ma relation client d’aujourd’hui.

Peut-on aussi le prendre pour une aventure ?
Oui, nous nous considérons toujours en aventure. Car, nous ne sommes jamais sûrs à 100% de conclure un marché ni de livrer un travail demandé. Me concernant, j’ai débuté mon projet avec très peu d’argent, surtout que je n’ai pas eu de crédit ANSEJ. Petit à petit, l’entreprise a évolué. Les nouvelles technologies ont entraîné un changement des modes de vie et des attentes des consommateurs, toujours plus connectés, toujours plus pressés et toujours en quête d’innovations.  L’entreprenariat est une aventure continuelle.

Vous êtes une femme, jeune, qui a occupé des postes importants. Est-ce que votre statut de femme entrepreneur ne vous a pas contraint à supporter des harcèlements ?
Très souvent, dans des conversations, la question m’a toujours été posée. Personnellement, je n’ai jamais eu affaire à ce genre de comportement. Etre une femme, n’a jamais été un frein pour moi. Dans mon travail, je ne laisse aucun espace à ce genre de comportement.

Leader dans le domaine du relationnel. Qui sont vos principaux clients ?
Nous travaillons sur beaucoup d’événements et avec plusieurs entreprises. Nous avons Huawei, Uniliver, CAR assurance, Maghreb emballage et beaucoup d’autres. Nous sommes aussi derrière la réussite de grands événements comme le Symposium International sur la Translogistique, le Transit et l’Entreposage des Marchandises (Sittem), le symposium du cyber sécurité à Oran. Ainsi que de grands spectacles comme celui de Nawel Madani à Alger.

Vous avez également intégré le programme international Women’s Entrepreneurship Day (WED)…
C’est un très grand programme des Nations Unis qui existe partout dans le monde. Il s’agit d’une association à travers laquelle nous défendons des actions différentes liées à la femme et à la société. Dans l’association, nous sommes toutes des bénévoles et nous n’avons pas d’enveloppe financière spéciale. Donc, nous avons une charte à suivre et nous nous débrouillons pour générer cette conversation (!!!!!). J’ai eu la chance de représenter le programme en Algérie dont l’objectif majeur est l’autonomisation de la femme.
Le fait que la femme soit autonome permet à la famille de vivre mieux. La femme autonome se sente moins dans la situation de la femme battue, par exemple. L’autonomie est vraiment un élément-clé pour le bien-être des femmes. Dans ce cadre-là, nous avons également réalisé une conférence au Sud de l’Algérie pour sensibiliser les femmes à la question de l’entreprenariat en zones rurales où il était important de leur présenter tous les programmes de soutien au niveau du ministère de Tourisme, par exemple. Mais les prises de paroles étaient différentes selon la tranche de population que nous avons voulu toucher.

Vous êtes aussi membre de la Commission femmes du Forum des Chefs d’Entreprises pour l’amélioration du climat des affaires. Que représente cette expérience pour vous ?
Je suis fière d’être dans la Commission des femmes chefs d’entreprises. Pour moi, c’est une continuité de ce que j’entreprends tous les jours dans ma vie associative. Au FCE, nous avons beaucoup activé autour de l’autonomisation de la femme, de l’égalité homme et femme au travail. Nous avons organisé une grande conférence dont nous avons établi une note que nous avons remis au Premier ministre sur le quota des femmes dans le Conseil d’administration pour donner une plus grande place aux femmes dans le circuit décisionnel. Mon engagement, c’est de créer cette conversation (!!!!!) pour une meilleure place de la femme dans la société.

Quelles contraintes avez-vous rencontrées au long de votre parcours entrepreneurial ?
Beaucoup de femmes se plaignent d’avoir fait face à des obstacles lors de leurs démarches de demande de financements ou de crédits. Elles sont généralement traitées comme étant indignes de confiance et ils leur exigent souvent la présence d’un tutorat afin de pouvoir traiter avec elles. Il s’agit d’un problème que rencontre souvent les entrepreneurs femmes et les jeunes également. Moi j’ai toujours su que les femmes sont rigoureuses quand il s’agit de remboursement de crédits et de gestion des budgets. Je trouve que c’est une problématique infondée et qu’il s’agit bien d’une question de mentalité et de culture ou d’idées reçues.

Faites-vous face à de la concurrence dans votre métier ?
Pi Relation est dans sa sixième année d’existence. Il existe beaucoup d’acteurs dans le domaine de relationnel en Algérie. Dans ce créneau, il y a du travail pour tout le monde. Si une nouvelle agence arrive sur le marché avec de nouvelles créations et innovations, elle aura toute sa place qu’elle mérite. Je suis convaincue que seulement l’innovation et le travail font la différence. De plus que la communication est un métier qui évolue très vite.
L. M.

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