Accueil DOSSIER Femmes chefs d’entreprise : Entre défis et contraintes..

Femmes chefs d’entreprise : Entre défis et contraintes..

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Diriger une entreprise n’est pas une mince affaire. Ce n’est pas non plus une affaire d’hommes exclusivement. Entreprendre se conjugue aussi au féminin et les exemples d’entreprises créées par des femmes ayant réussi nous parviennent d’un peu partout, à travers les quatre coins du monde. En Algérie, les femmes jouent un rôle de plus en plus important dans la vie économique. Elles sont très nombreuses à avoir réussi à monter leur propre Très petite, petite et moyenne entreprise (TPE et PME), voire une entreprise d’une grande taille, et à participer ainsi au développement d’une industrie de de services et de produits.

Par B.Titem

Les mécanismes et dispositifs d’aide à la création d’entreprises, mis en place par les pouvoirs publics, depuis quelques années, ont grandement contribué à la création de nouveaux postes d’emploi dans plusieurs secteurs, mais aussi à l’émergence d’une classe de femmes d’affaires, et surtout d’entrepreneurs et managers, toutes aussi déterminées que les hommes à faire valoir leurs compétences et à s’imposer dans la vie économique du pays, en créant de la richesse. Plusieurs facteurs sont à l’origine de cet élan qui pousse les femmes algériennes à s’aventurer dans des activités entrepreneuriales. L’on peut citer entre autres, le chômage, la nécessité économique ou tout simplement le fait de ressentir le travail et l’entreprenariat comme un accomplissement personnel. Pour beaucoup d’entre elles, entreprendre s’inscrit dans leur lutte contre la culture de marginalisation et la nécessité d’arracher leurs libertés. Il n’en demeure pas moins que dans la conjoncture économique difficile que notre pays traverse depuis quelques temps, l’action d’entreprendre s’avère aujourd’hui ardue, autant pour les hommes que pour les femmes. Certains d’entre eux échouent et quittent le navire alors que d’autres peinent à arriver à bon port. Ceux qui résistent et poursuivent leur aventure buttent sur des difficultés énormes. Les femmes chefs d’entreprises affirment que leur quotidien est une bataille et un vrai défi sur plusieurs fronts : convaincre la famille de la justesse de leurs choix, changer le regard de la société envers eux trouver les financements nécessaires à leurs projets et surtout lutter contre la bureaucratie et un environnement concurrentiel souvent déloyale.

Un acteur économique de poids
Malgré toutes ces contraintes, les femmes sont persévérantes, savent ce qu’elles cherchent et agir sans hésitation, en continuant de s’affirmer en tant qu’actrices du développement. Lorsqu’elles sont interrogées, nombreuses sont celles qui disent n’avoir jamais raisonné uniquement en tant que femme, ni eu l’impression que le fait d’être une femme les freinaient ou les aidaient dans leur carrière. Mais les mentalités rétrogrades et les stéréotypes continuent d’exister parmi un large pan de la société. Une femme chef d’entreprise aura moins de capacité à résister au moindre souci financier ou en temps de crise, diront certains. En fait, les expériences vécues par beaucoup d’entreprises algériennes, dirigées par des femmes montrent que celles-ci s’en sortaient plutôt bien. Cela étant dit, les femmes restent insuffisamment représentées dan le monde des affaires. C’est le constat que font, d’ailleurs, toutes les organisations patronales, dont le Forum des chefs d’entreprise (FCE). Son président, Samy Agli, qui vient d’annoncer la création d’une commission dédiée spécialement aux femmes chefs d’entreprise, déplore le fait que la parité homme/femme dans le monde des affaires soit loin de la réalité, en ce sens que beaucoup de secteurs économiques sont toujours très peu représentés par des entreprises dirigées par des femmes. C’est la raison pour laquelle l’organisation patronale appelle à doter chaque femme de la capacité d’entreprendre en lui donnant l’appui nécessaire pour être un acteur économique de poids. Il faut savoir à ce propos, que les besoins réels d’entreprises à créer en Algérie s’élèvent à 230 000 entreprises par an. Ceci montre les évidentes opportunités que peuvent saisir les femmes pour participer au développement économique du pays, même si elles doivent faire face à des contraintes non pas parce qu’elles sont femmes, mais plutôt en raison du climat des affaires qui reste à parfaire, malgré toutes les améliorations apportées par les pouvoirs publics ces dernières années. En effet, les enquêtes menées auprès des femmes porteuses de projet ou ayant réussi à monter leur entreprise ont mis à jour les principaux obstacles pour démarrer leur business à savoir la difficulté à concilier la vie familiale et professionnelle, mais surtout l’accès au financement (exigences de garantie, taux d’intérêt… etc.), le faible soutien familial, les lacunes en management et marketing et la difficulté à constituer une clientèle pour assurer le développement et l’expansion de leur entreprise. Il s’agit en fait de problèmes communs à toutes personnes désirant se lancer dans le monde des affaires, sans distinction aucune entre les hommes et les femmes.

Encourager l’entreprenariat féminin
Il n’en demeure pas moins que le tissu économique du pays est en mesure aujourd’hui de présenter, fièrement, de nombreuses entreprises, de diverses tailles, hautement performantes, créées par des femmes aux capacités managériales de haut niveau. Ces entreprises ne sont pas actives seulement dans les secteurs « traditionnellement féminins » comme les services, le tourisme ou la confection, mais bel et bien dans d’autres métiers longtemps restés l’apanage des hommes, comme l’industrie, le BTPH ou encore le secteur des hautes technologies. Mieux encore, des femmes entrepreneures algériennes ont osé franchir les frontières pour aller investir dans des pays étrangers, notamment en Afrique, alors que des hommes se sont abstenus de le faire, de peur d’affronter les difficultés que l’on rencontre souvent dans ces pays. Mais quoi qu’il en soit, la représentation des femmes dans le monde des affaires doit nécessairement s’intensifier pour le bien de l’économie nationale. D’où la nécessité d’améliorer les politiques de soutien à l’entreprenariat féminin pour inciter davantage de femmes à se lancer dans les affaires. Les incubateurs de start-up, les accélérateurs d’entreprises et les réseaux professionnels ont également un grand rôle à jouer dans la création d’un tissu d’entreprises dans lequel les femmes entrepreneures seraient suffisamment représentées.
L. M.

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