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HACENE BOUGUERRA, DGA DE GEAT : « GEAT nourrit l’objectif de devenir un fabricant renommé à l’échelle nationale et régionale »

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C’est une véritable success story rendue possible grâce à un partenariat conclu entre Sonelgaz et General Electric, GEAT est devenue, en un laps de temps de quelques années seulement, un exemple franc d’un partenariat gagnant-gagnant, orienté vers la production locale des équipements de production d’électricité. Dans cette interview, le directeur général adjoint de GEAT,  Hacene Bouguerra, a bien voulu accepter de nous raconter les détails de cette réussite, ses débuts et ses difficultés. L’entreprise voit désormais grand et ne cesse de se développer pour inclure la fabrication d’autres équipements et pièces, outre les turbines à gaz.

Interview réalisée par B. Titem

A sa création, General Electric Algeria Turbines (GEAT) était un projet stratégique pour l’Algérie. Le projet GEAT était destiné à mettre en place une chaîne de valeur locale spécialisée dans la fabrication localement des grands équipements de production d’électricité. Quel bilan faites-vous de cette stratégie depuis le déploiement, fin 2020, des deux premières turbines assemblées localement ?

General Electric Algeria Turbines GEAT Spa, est une société en partenariat entre la Société Algérienne de l’Electricité et du Gaz (Sonelgaz) et General Electric (GE). Créée en 2014, et détenue à hauteur de 51% par Sonelgaz et 49% par GE, son complexe industriel s’étale sur une superficie de 20 hectares et a vocation à la fabrication et l’assemblage des équipements d’ilot de puissance de centrales électriques composées de turbines à gaz de puissance variant entre 100 et 300 MW, de turbines à vapeur de puissance variant entre 50 et 160 MW ainsi que leurs auxiliaires et systèmes de contrôle commande associés.

Donc ce projet s’inscrit dans le cadre de la politique nationale d’industrialisation, consistant en la concrétisation des projets industriels en partenariat, basée sur la valorisation des ressources locales et de contribuer à la diversification de l’économie algérienne et renforcer davantage l’écosystème énergétique à savoir la fabrication localement des équipements de la production de l’électricité.

Depuis le déploiement fin 2020 des deux premières turbines assemblées localement, il est possible de faire un premier bilan de cette stratégie. Globalement, le déploiement des deux premières turbines assemblées localement est une étape importante pour le projet GEAT, car cela montre que l’Algérie est capable de produire localement des équipements de production d’électricité de haute qualité. Cette stratégie de mise en place d’une chaîne de valeur locale pour la fabrication d’équipements industriels présente de nombreux avantages pour l’Algérie, notamment la création d’emplois, le développement des compétences et des technologies locales, ainsi que la réduction des coûts liés aux importations d’équipements.

Grâce à ce projet, nous avons pu créer plus de 157 emplois directs et 125 emplois indirects. Il est prévu que ce nombre augmente à plus de 380 emplois directs et plus de 250 emplois indirects d’ici 2026.

GEAT s’est concentré sur le développement des compétences de son personnel pour garantir l’autonomie dans l’assemblage de ses produits. Cette stratégie a permis une intégration totale de la main-d’œuvre et du processus d’assemblage. Aujourd’hui, grâce au transfert de technologie et au savoir-faire acquis, le personnel de GEAT maîtrise l’ensemble du processus de fabrication, et toutes les opérations d’assemblage et de fabrication sont effectuées par des travailleurs algériens sans aucune assistance de la part du partenaire étranger. Cette autonomie accrue dans le processus de production contribue à renforcer les compétences et les capacités techniques du personnel local, ce qui peut avoir des effets positifs à long terme sur l’industrie algérienne dans son ensemble.

Dans le but d’augmenter le taux d’intégration des produits finis, GEAT a lancé son projet de << localisation >> en février 2021. Ce projet vise à atteindre des taux de localisation compris entre 50% et 60%, en fonction des produits, d’ici 2026. Dans le cadre de ce projet, 74 fournisseurs ont été identifiés pour répondre aux besoins de GEAT sur ses lignes de fabrication, ce qui contribue à renforcer l’intégration nationale de l’entreprise et de ses produits. En augmentant le taux de localisation, GEAT peut également réduire les coûts liés aux importations et renforcer la résilience de son écosystème de production.

Les défis auxquels était confronté GEAT à ses débuts sont titanesques, entre l’impératif de mettre sur pied une usine dans les limites du budget, tout en maintenant des paramètres internationaux stricts en matière de qualité, d’environnement, de santé et de sécurité, en plus des défis liés à la formation et au transfert du savoir-faire. Pouvez-vous nous en parler ?

En effet, les défis auxquels était confronté GEAT à ses débuts étaient considérables. Tout d’abord, il était nécessaire de mettre en place une usine capable de produire des équipements industriels de haute qualité dans les limites du budget alloué. Ceci nécessitait la mise en place de processus de fabrication et de chaînes d’approvisionnement efficaces et bien organisés, tout en respectant les normes internationales strictes matière de qualité, end’environnement, de santé et de sécurité.

Les défis étaient multiples et complexes, allant de la construction de l’usine, la mise en place de processus de fabrication efficaces, à la mobilisation de compétences techniques et de ressources humaines qualifiées, en passant par le respect des normes internationales strictes en matière de qualité, d’environnement, de santé et de sécurité. Toutefois, malgré ces défis considérables et grâce à la conjugaison des efforts des deux partenaires Sonelgaz et General Electric, GEAT a réussi à relever le défi et à mettre en place une chaîne de valeur locale pour la fabrication d’équipements industriels en Algérie.

Pendant la période de construction, l’équipe responsable de la réalisation a réussi à surmonter les défis et à résoudre les problèmes relatifs aux autorisations. Cette réussite a été possible grâce à la coopération entre les deux partenaires, Sonelgaz et GE, qui ont travaillé en étroite collaboration avec les autorités locales pour planifier et anticiper les problèmes.

GEAT a continué à investir dans son capital humain en recrutant du personnel qualifié pour répondre aux besoins de main-d’œuvre nécessaire au démarrage de ses activités. Cette initiative a été un défi majeur relevé avec succès par GEAT.

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Une fois le recrutement et la formation terminés, l’équipe s’est concentrée sur le transfert de la documentation technique pour assurer un lancement de la production conforme aux normes de qualité. Les ingénieurs de GEAT, avec le soutien du partenaire GE, ont mis en place des processus de production en plusieurs phases.

Après avoir réussi à fabriquer les deux premières turbines à gaz à la fin de 2020, GEAT est aussitôt passé à d’autres ambitions, dont la création de solutions numériques pour le secteur de l’électricité et la fourniture de services de réparation pour les turbines à gaz de GE en Algérie. Qu’en est-il de ces projets ?

GEAT, une entreprise spécialisée dans la fabrication de turbines à gaz et de turbines à vapeur ainsi que dans les systèmes auxiliaires et de contrôle commande, a poursuivi son expansion en se lançant dans des projets innovants. L’un de ces projets consiste à créer des solutions numériques pour le secteur de l’électricité. Actuellement, cette initiative est mise en œuvre à travers l’installation de systèmes de surveillance dans le cadre des contrats de maintenance des centrales de Sonelgaz/Production. Ces systèmes de surveillance permettent le monitoring des centrales pour assurer leur fonctionnement optimal. Notre objectif est également de mettre en place des solutions numériques dans le cadre du projet « grid » (Transport de l’électricité) qui sera lancé très prochainement par GEAT. En d’autres termes, nous avons l’ambition de développer des solutions numériques pour ce projet en collaboration avec GE.

En ce qui concerne le service de réparation, il est important de noter qu’actuellement, la réparation des pièces des parties chaudes et des accessoires des turbines à gaz 9F.04 est effectuée à l’étranger. Afin de rationaliser les dépenses en devises, les organes de gestion de GEAT ont décidé d’intégrer l’activité de réparation au complexe industriel de GEAT. Nous avons pour ambition de lancer la première opération de réparation en septembre 2024, conformément au calendrier approuvé.

En ce qui concerne l’avancement de ce projet, nous avons déjà modifié le contrat de transfert de technologie afin de préciser les conditions et les modalités de transfert de la propriété intellectuelle (PI) des documents techniques du partenaire de GE. Ces documents incluent notamment la liste des composants et des consommables nécessaires pour l’activité de réparation (BOM), les procédures et les fiches d’instructions pour la réparation des parties chaudes des turbines à gaz de type 9FA, ainsi que les plans et les méthodes de réparation.

En collaboration avec le partenaire General Electric, nous sommes en train de préparer un programme de formation et une procédure de qualification pour la ligne de réparation. En conséquence, l’année 2023 sera consacrée à la formation pratique du personnel et aux tests de réparation des premières pièces pour la qualification finale de GEAT et son inclusion dans la liste des fournisseurs qualifiés pour la réparation des parties chaudes de la turbine à gaz de type 9F.04. En parallèle, nous sommes en train d’aménager une zone dédiée à cette activité au sein du complexe de GEAT, et nous sommes en train d’acquérir les équipements nécessaires tels qu’un four, des machines, et des outils spécifiques. Nous avons déjà signé des contrats et nous sommes en train de lancer des consultations pour les équipements restants. Nous prévoyons de lancer la première opération de réparation en septembre 2024.

En plus des turbines à gaz, le complexe de production de GEAT fabrique également plusieurs composants. Pouvez-vous nous en parler ?

Effectivement, en plus des turbines à gaz et des turbine à vapeur, nous produisons aussi au niveau du complexe industriel GEAT, de Ain Yagout tout ce qui est auxilliaires des trurbines (Skids), les systèmes de contrôle commande et tuyauterie turbine à gaz et tous autres types de tuyauterie. Notre objectif chez GEAT est de fournir à nos clients des solutions complètes comprenant à la fois la fourniture de turbines ainsi que tous les accessoires nécessaires pour leur bon fonctionnement, comme un système intégré.

Actuellement, nous disposons de deux lignes de production qui sont spécialement dédiées à la fabrication et à l’assemblage de ces équipements.

La première ligne est dédiée à la fabrication et à l’assemblage de la tuyauterie pour les turbines à gaz, avec une capacité annuelle de production de six (06) lots, soit un lot pour chaque turbine à gaz. Cette ligne est également dédiée à la fabrication et l’assemblage des auxiliaires de différents (skids) pour les turbines à gaz.

La deuxième ligne, quant à elle, est spécialisée dans l’assemblage des systèmes de contrôle-commande pour les turbines à gaz et à vapeur. Actuellement, notre complexe GEAT assemble quatre types de systèmes de contrôle-commande complets, comprenant des fonctions de contrôle, de protection et de surveillance pour les applications de générateur et d’entraînement mécanique des turbines à gaz et à vapeur.

La maintenance des turbines à gaz et des équipements fait-elle également partie de vos missions ?

L’une des préoccupations majeures de GEAT est de contribuer à l’intégration nationale. Toutefois, nous n’affirmons pas que nous sommes en mesure de réaliser des prestations de maintenance pour les turbines à gaz et les équipements sans la participation de General Electric, qui dispose d’un savoir-faire de haut niveau dans ce domaine.

Pour la réalisation de ces contrats, GEAT se basera en grande partie sur les compétences de GE, avec qui nous avons signé des contrats de prestation de service ainsi qu’une convention- cadre. Cette collaboration avec GE s’accompagne d’un plan de localisation des activités liées à l’exécution de ces contrats afin de renforcer notre capacité à répondre aux besoins de notre client.

Nous avons signé une convention cadre ainsi que des contrats de longue durée avec Sonelgaz/Production, concernant la maintenance des centrales électriques de cycles combinés et cycles simples. En outre, on a signé un contrat pour la maintenance de la centrale de Koudiet Draouch. Les services couverts par ces accords comprennent la maintenance planifiée et non-planifiée, la garantie de performances, la formation technique et la fourniture de pièces de rechange.

Quelles sont les perspectives industrielles au niveau de GEAT ? Avez- vous des ambitions d’internationalisation de vos activités ou de votre savoir-faire ?

Il convient de noter que les partenaires Sonelgaz et GE ont convenu de diversifier les activités de la société GEAT, vers de nouveaux secteurs d’activités. Ces secteurs incluent la fabrication d’équipements pour les postes de transport de l’électricité à haute tension, très haute tension la maintenance et la réparation d’équipements et d’installations de production d’électricité, en particulier les parties chaudes. De plus, la société se concentrera sur la fabrication et le montage d’équipements pour les unités de production d’électricité destinés à l’exportation, ainsi que sur la fabrication d’équipements sur mesure pour les centrales de production d’énergie renouvelable (notamment les onduleurs). Enfin, la société fabriquera des turbines à gaz de faible puissance, principalement pour l’exportation, mais également pour répondre aux éventuels besoins du marché local.Notre objectif actuel chez GEAT est de devenir un fabricant renommé à l’échelle nationale et régionale, de contribuer à la création de richesses locales et de réduire notre dépendance technologique. Dans le but de diversifier nos activités et d’améliorer les perspectives industrielles chez GEAT, nous prévoyons de lancer le projet de Grid (Transport de l’électricité)au niveau de notre complexe industriel pour la fabrication d’équipements haute tension et basse tension. Les préparatifs pour ce projet sont en phase finale.

En ce qui concerne l’activité réparation, comme cela a été discuté précédemment, le lancement de la première opération de réparation des pièces des parties chaudes de la turbine à gaz aura lieu en septembre 2024.En ce qui concerne l’internationalisation de nos activités notre société s’est engagée dans une démarche visant à conquérir des marchés internationaux qui s’inscrit aussi dans le cadre des orientations des pouvoirs publics de promouvoir les exportations hors hydrocarbures.

Ladite démarche s’est concrétisée par la réalisation de deux contrats d’exportation de cycles de production d’électricité en 2021, une opération première en son genre sur le continent africain et pour l’Algérie. Cette opération d’exportation constitue une étape importante dans la vie de GEAT, et cela après une année seulement d’entrée dans la phase d’exploitation et de production. Il est à noter que c’est la première fois que des turbines à gaz de grande puissance assemblées et montées de bout en bout en Algérie et exportées depuis le continent par GEAT.Dans le même sillage, nous sommes actuellement en train de discuter avec une entreprise qui opère sur le marché de l’électricité en Afrique, en vue d’une possible exportation. En d’autres termes, nous sommes en train de négocier avec cette entreprise pour la vente de notre produit ou service sur le marché africain de l’électricité.  n

B. T.

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