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HAMID BENDERRADJI, DG D’ECOREP-PIRIOU : «Notre produit est fiable et nous sommes au service des pêcheurs»

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Fruit d’un partenariat entre l’entreprise publique de construction navale, Ecorep et le français Piriou dans le cadre de la règle 51-49, Ecorep-Piriou s’est imposée comme un acteur incontournable dans le domaine de la construction navale. Son directeur-général, Hamid Benderradji revient, dans cet entretien qui suit, sur les différentes étapes de développement de l’entreprise qu’il gère. Certes, Ecorep-Pirioui, comme toute entreprise économique, cherche à faire du profit, mais cela ne doit pas se faire au détriment du pêcheur. Avec une main-d’œuvre 100% algérienne, Hamid Benderradji se dit prêt à relever le défi et répondre aux besoins de ses clients. En énumérant les contraintes auxquelles fait face son entreprise, le DG d’Ecorep-Piriou demande la protection de l’outil de production national qui est avant tout le gagne-pain de plusieurs familles algériennes. Suivez-le…

Entretien réalisé par Hacène Nait Amara

Pour commencer, présentez-nous votre entreprise …
Ecorep-Piriou est une entreprise publique de construction et de réparations navale spécialisée initialement dans les navires de pêche. Ceci ne nous empêche pas de toucher à d’autres activités, notamment les navires de servitude et de plaisance. Nous sommes implantés au port de Bouharoun dans la wilaya de Tipaza. Notre entreprise, créée en 2015 sur la base d’une expérience algérienne, est le fruit d’un partenariat avec le français Piriou, dont l’Algérie détient la majorité du capital avec 51% contre 49% pour le partenaire. Ecorep existait depuis 1979, et à l’époque elle était la seule entreprise dédiée à la construction et la réparation navale et à l’approvisionnement en matériels de pêche. Elle disposait de sept unités sur le territoire national. Après les différentes refontes engagées sur le plan économique entre 2014 et 2015, il ne restait de l’entreprise que l’unité opérant à Bouharoun. Disposant d’un potentiel important, celle-ci a été choisie pour intégrer un plan de partenariat avec un constructeur étranger. En conséquence de quoi, un appel à manifestation a été lancé, et le français Piriou, un champion du domaine qui dispose de plus de 100 ans d’expérience, y a répondu favorablement. Les discussions ont été engagées à base d’un cahier des charges et la société Ecorep-Piriou a été créée et agréée à l’époque par le CPE (Conseil des participations de l’État) en 2014. Une année plus tard, soint en 2015, l’activité a commencé. Deux axes majeurs de construction ont été identifiés : la fibre de verre qui existait depuis la création de l’entreprise avec les différentes évolutions. On a arrêté la construction en bois qui est très onéreuse et couteuse en main d’œuvre et en matière première. Autre chose, même les pêcheurs ne sont plus clients de ce type de construction et on s’est orienté vers la construction en acier et en aluminium. Voilà donc la nouveauté qu’a rapportée le partenariat avec les Français. Autrement dit, la maitrise des constructions en aluminium et en acier. Depuis 2015, on a réalisé environ 150 à 200 embarcations en fibre de verre de différentes dimensions, allant de 4,80 jusqu’à 12 mètres. Notre produit est connu pour sa solidité, fiabilité et surtout son mode de construction qui répond aux normes exigées en matière de sécurité maritime. D’où le slogan de notre entreprise : « Naviguer en toute sécurité ». Car, la sécurité des gens de mer est prépondérante de toute notre politique de développement et d’industrie.

Vous avez réalisé et livré une bonne commande en embarcations. Quels sont vos principaux clients ?
Nos principaux clients sont les pêcheurs car notre vocation c’est la pêche. On est donc là au service de toute la corporation. Et puis, en 2016, on a eu une commande, comme la réalisation d’un catamaran de 17 mètres en aluminium au profit d’un opérateur de Chlef pour le besoin de l’aquaculture. Ce qui était une première en Algérie. Après, et tout en continuant à produire le navire de pêche, nous avons les promoteurs de l’ANSEJ, l’ANGEM et de la CNAC comme clients. En effet, en tant qu’entreprise publique, nous avons plus de garantie pour ces dispositifs de création d’entreprise et d’emploi, au profit desquels nous avons réalisé l’essentiel de nos embarcations. On s’est adapté par rapport à la fourchette des prix. De plus, nous sommes une entreprise citoyenne. C’est vrai qu’un bénéfice doit être réalisé mais il n’est pas prépondérant. Notre rôle est socio-économique. Notre souci c’est de satisfaire les clients, notamment les pêcheurs avec toutes les difficultés qu’ils rencontrent dans l’exercice de leur pénible métier et au même temps essayer de pérenniser l’emploi et l’activité dans notre entreprise. C’est ça notre objectif, l’argent viendra après.

S’il faut réaliser un chiffre d’affaire et des bénéfices c’est parce qu’on doit aussi être autonome sur le plan financier. D’ailleurs on ne dépend pas des donations de l’Etat, ni demandeurs de crédits bancaires. On arrive à garder un certain équilibre. Certes, on ne fait pas de bénéfices, mais on essaie de se maintenir tant bien que mal en vie en offrant le meilleur service possible à nos clients. Par exemple, notre navire ne doit pas être trop cher. C’est-à-dire, chercher un juste équilibre entre le prix et la qualité. Et puis notre produit en fibre de verre est le meilleur sur le marché, connu surtout pour sa sécurité en navigation. Nous disposons également d’un département d’ingénierie et de développement. Nos ingénieurs travaillent dans le suivi et la construction. Pour les normes, et en fonction de la nature de la construction nous travaillons sous la supervision d’organismes de certification et de classification, et pour les autres navires de pêche nos produits sont homologués par les services compétents.

Dès lors que vous servez le secteur de la pêche, êtres-vous en contact avec le ministère y afférent ?
On dépend plutôt du ministère de l’Industrie. Mais on est entrain de le faire. Nous avons même engagé des discussions avec le département de la Pêche. Car, il faut savoir que la flotte nationale riche d’environ 5000 embarcations est vieillissante, dont 40 à 50% nécessite une remise à niveau. On s’est proposé de prendre en charge une partie de ce chantier de la rénovation où les deux ministères seront impliqués. En sus, nous avons d’autres chantiers. Nous n’avons pas peur de la concurrence car le chantier est tellement important que même les petites entreprises privées peuvent y contribuer. On est justement entrain de finaliser un travail de remise en état de la flottille nationale qui nécessite une remotorisation et une rénovation que nous pourrions prendre en charge à Bouharoun. Notre groupe économique AGM (Algerian Group of Mechanics) compte des entreprises dans l’industrie des moteurs. Par exemple, l’entreprise EMO basée à Constantine fabrique des moteurs pour les moissonneuses-batteuses et les tracteurs. Et là on est en train d’orienter une partie de cette activité pour le moteur marin. On a engagé la fabrication des moteurs qui sont en cours de validation, et bientôt, espérons-le, nous engageons un processus de motorisation. Pour ce faire, nous allons nous faire assistés par cette entreprise pour l’intégration de cette activité.

Et vous tablez sur quel niveau d’intégration ?
Nous avons mis en place une nouvelle stratégie qui consiste à s’entourer au maximum par des partenaires nationaux en fonction de nos domaines d’activité. Car, on ne peut tout construire tout seul. Par exemple, pour la fibre de verre on a besoin de résine. Pour ça, nous avons établi un partenariat avec une entreprise algérienne LORN sise à Bouira qui en produit une très bonne qualité. Nous pouvons importer, les moteurs, la résine etc. Mais la plus-value profitera à l’étranger. C’est pour cela que nous nous sommes orientés vers le produit local pour essayer de le développer. On est une industrie lourde qui émerge et qui a donc besoin d’une sous-traitance. Notre entreprise dispose d’assez d’espace pour accueillir des petites industries de sous-traitance, comme la micro-électronique ou la micro-menuiserie, avec lesquelles ont peut travailler. On n’a pas du tout l’intention de tout faire seul.
Pour l’intégration, à part le moteur qui est un produit importé en l’état, je dirai qu’on est à un niveau de 100%. Mais, nous comptons développer le moteur marin avec l’entreprise EMO avec la création d’une nouvelle ligne de production. D’ailleurs, ils sont entrain de contracter des partenariats internationaux de renom comme Iveco, Daewoo, Doosan. Pour l’acier, jusqu’à 2019, nous n’avons pas la possibilité d’utiliser le produit du complexe sidérurgique d’El-Hadjar. Ils ont développé une ligne, mais tout dépendra de la quantité. Alors que nous, nous avons besoin de petites quantités. Sur ce, nous pouvons sous-traiter avec l’Erenav, qui est une entreprise de réparation navale qui a des unités à Alger et à Bejaia. El Hadjar développe actuellement l’acier marin de grade A que nous utilisons. Les prochaines commandes seront faites à El-Hadjar. Donc la matière première sera disponible à 100% en Algérie. Quant à la main d’œuvre qualifiée sur notre chantier, on compte des employés 100% algériens. Comme vous les constatez vous-même sur place, nous sommes les seuls en Algérie à construire des navires en acier. D’ailleurs, nous travaillons sur trois remorqueurs en acier d’une longueur de 14 mètres pour le compte de la STH, filiale de Sonatrach. Ce qui permettra à cette société de mieux gérer ses capacités de transport et de logistique au niveau des ports d’Arzew, Skikda et Bejaia. D’ici la fin de l’année, nous espérons mettre le premier navire à l’eau et ce sera une première en Algérie pour une telle construction en acier aux normes internationales.

Vous avez parlé d’un produit fiable et sécurisé. Parlons-en de l’offre, êtes-vous en mesure de satisfaire la demande nationale ?
Peut-être oui, mais pas tous seuls. C’est ça la grandeur d’un pays, faire travailler toutes les entreprises autour d’un projet commun. Donc en Algérie on a les capacités. A Mers el-Kébir à Oran , Erenav a un chantier extraordinaire dont elle cherche à moderniser, ils sont entrain de développer un autre chantier à Bejaia et ils ont la capacité d’en développer encore d’autres. Il y a aussi les opérateurs privés. Donc, c’est toute une industrie qui existe déjà. Malheureusement, l’activité n’est pas suffisamment encadrée. Il est vrai que le ministère de la Pêche a engagé récemment une réflexion sur la stratégie de développement de la construction navale conformément aux orientations du président de la République qui a instruit le gouvernement de développer cette activité pour réduire le recours aux importations. Que la construction, la maintenance et la réparation se fassent ici.

Vous parlez d’une main-d’œuvre à 100% algérienne. Nous voudrions bien connaitre l’apport du partenaire français …
C’est un apport beaucoup plus technologique. Vous savez, en 2015, on était dans une aisance financière. Ce qu’on recherchait c’était un savoir-faire, une expertise et une technologie. C’est dans cet esprit qu’a été créée l’entreprise. Nous, nous avons les capacités financières, ce qui nous a permis de réaliser la partie génie-civile (édifice et les unités de fabrication). Pour ce qui est de notre partenaire, son apport était de ramener la technicité et le savoir-faire. Toutefois, après cinq ans de partenariat, il faut faire une évaluation. C’est ce qu’on est entrain de faire, pour voir ce qu’on a réalisé et apporter éventuellement les amélioration qu’il faut à notre contrat de partenariat pour mieux répondre aux défis de l’heure. C’est un contrat de 25 ans, mais qui peut être ajusté en fonction du besoin.

Mais ceci concerne les actionnaires, dont l’Etat à travers l’AGM et Bouharoun d’un côté et les partenaires français de l’autre. Chacun défend ses intérêts au mieux, et l’entreprise, au milieu, doit répondre aux préoccupations de ses clients et de celles de ses employés. Pour nous, ce qui est important c’est la technicité et la technologie. Je crois qu’on a réussi à avoir un capital assez intéressant dans ce domaine. En termes de gestion de l’entreprise on relève quelques insuffisances, notamment l’absence d’un département dédié au développement. Aussi, il faut savoir qu’un chantier naval ne peut pas exister sans ingénierie. Mais dans l’ensemble, ce que nous a rapporté le partenariat français, c’est le sentiment de pouvoir réaliser tout et tout seul.

Vos produits sont adaptés aux normes internationales. Avez-vous pensé à l’exportation ?
Bien sûr que oui. Tout ce qui peut être rentable et ramener un plus à l’entreprise, nous devons l’exploiter. Nous ne devons pas rater les opportunités. Notre marché le plus important c’est la Mauritanie. C’est un pays ami qui a besoin de navires de pêche. On a eu des contacts, mais la pandémie en a décidé autrement. On n’a pas réussi à recevoir la visite des délégations mauritaniennes attendues. Mais, il y a un marché et un opérateur algérien privé a même déjà conclu une commande auprès des pêcheurs mauritaniens. Dès lors, la voie de l’export est ouverte, nous avons les capacités à placer nos produits compétitifs, de bonne qualité et aux normes internationales, sur ce marché. J’espère enfin qu’avec l’Agence de coopération internationale mise en place récemment, elle sera le levier pour faciliter l’accès au marché du continent pour nos produits. Aussi, nous avons besoin du soutien de notre diplomatie économique. C’est vrai qu’on est entrain de faire du marketing digital pour se positionner sur la Toile et faire du forcing à travers les institutions pour nous faire connaitre. Car, et malheureusement, personne ne nous connais même étant à 45 kilomètres seulement d’Alger ! Personne non plus n’imagine qu’on construit des bateaux en acier ici ! La dernière fois on a reçu la visite des équipes de télévision nationale et elles étaient surprises de découvrir notre entreprise. Nous pouvons faire des merveilles. Il faut savoir que l’Algérien n’a besoin que d’une chose : reconnaitre la valeur de son travail. Figurez-vous, nous avons 120 employés, dont 20 au niveau de l’administration et 100 dans la production. Regardez ce qu’ils sont entrain de faire, et dire qu’ils n’étaient pas payés depuis quatre mois !

La crise sanitaire a-t-elle à ce point impacté votre entreprise ?
L’impact a été terrible. Il a freiné nos commandes auprès notamment et essentiellement des entreprises ANSEJ, ANGEM et CNAC, sachant que ces dispositifs ont subis aussi les revers de la pandémie avec une diminution de notre activité. Les banques aussi l’étaient. Actuellement, l’entreprise fonctionne avec ses propres fonds. L’entreprise dépense de ce qu’elle gagne. Aucun financement extérieur et aucune aide de la part des banques. Ce qui est regrettable d’ailleurs, quant à faire face notamment tout seul à cette situation. On ne demande pas d’argent, car ce qu’on dispose en production devra nous couvrir. Par contre, on a des produits qui devraient être facturés au prorata de l’avancement des travaux. Comme c’est le cas avec le contrat de réalisation de remorqueurs pour le compte d’une filiale de la Sonatrach avec laquelle nous avons beaucoup de problèmes. Le paiement est bloqué et ça nous a pénalisé. Nous sommes entrain de consommer tous l’argent pour la construction de ces trois navires, sans être payés, ce qui n’est pas normal. Heureusement, on a réussi à avancer avec notre partenaire STH pour la reprise à temps plein de la réalisation. A cause d’ailleurs de ces tracasseries nous avons reporté la livraison des navires de 6 à 8 mois. C’est dire que nous sommes fortement impactés par la pandémie. En tant que dirigeant de cette entreprise, ma priorité est de garantir le salaire de nos employés, en attendant que la crise se dissipe. Je ne peux ni faire de prospective, ni de développement et encore moins de la prospection du marché. Notre activité est freinée et on est en sous-effectif en plus.

Face à cette situation, comment abordez-vous les perspectives de votre entreprise ?
Les perspectives sont bonnes parce que les défis sont énormes pour l’Algérie. Puis, on a les outils pour répondre à une partie de ces défis. Les perspectives sont là, avec par exemple le lancement de la pêche au thon, la pêche hauturière et la pêche océanique. Autrement, développer la pêche au large avec des bateaux de 30 à 40 mètres comme des thoniers, navires et chalutiers, notamment dans les eaux internationales. Et, actuellement, on est en mesure de répondre à la demande. On a 80 mètres d’atelier couvert sur 25 mètres de hauteur. Soit, suffisamment d’espace pour construire au même temps 4 navires de 40 mètres. Nous avons les équipes nécessaires et on peut recruter davantage pour peu que la demande nous soit faite. Toutefois, le ministère de la Pêche doit orienter les opérateurs vers les producteurs nationaux. Ce qui n’est malheureusement pas le cas actuellement, le choix est laissé libre à l’opérateur. Lorsque celui-ci bénéficie d’un crédit bancaire il part acheter son navire de l’étranger. C’est vrai peut être que nous ne sommes pas assez compétitifs puisque nous venons de commencer notre activité. Eux, par contre, ils ont déjà amorti leurs produits et ils proposent des prix de 10 à 15% moins chers que les nôtres. Nous avons évoqué ce problème auprès des ministères de la Pêche, du Commerce et des Finances. Au niveau de notre entreprise, on paie certains intrants à la production à 30% comme part exemple la résine ou l’acier. On récupère la TVA mais ce sont des intrants plus chers qu’à l’importation. Donc on a demandé à se qu’on soit protégé car on est une industrie qui fait travailler des Algériens et qui plus est l’argent est réinvesti en Algérie. On a eu des cas en 2000 où des commandes de navires qui avaient été faites à l’étranger n’ont jamais été honorées à cause de litige entre les chantiers et les armateurs, alors que ce genre de situation ne peut pas se produire en Algérie.

Qu’insinuez-vous par protéger l’opérateur algérien ?
Les autorités ont institué la taxe dite DAP (Droit additionnel provisoire) pour protéger les produits locaux, comme dans l’agriculture et l’industrie. Pour notre cas, l’Etat a mis 2,4 milliards de dinars pour ces installations. Il faut quand même les protéger. Je parle aussi des entreprises privées. C’est d’autant plus que notre objectif à présent c’est de s’attaquer aux gros navires pour concurrencer les opérateurs étrangers. Et si on veut nous développer, il faut nous protéger. On ne demande pas l’argent, mais de la protection. Comme par exemple, un relèvement du taux de douane à l’importation des navires de pêche qui est actuellement de seulement 5%.

D’autres contraintes peut-être ?
Le seul frein c’est la commande et les marchés. Si on ne nous fait pas confiance pour engager de grands projets on va rester dans le bricolage et cet investissement n’aura servi à rien. On peut réaliser un remorqueur de 32 mètres tout en sachant que les entreprises portuaires ont besoin de cet outil. Serport, groupe gestionnaire des ports du pays, compte en acquérir. On peut le construire ici. Pour ça, il faut une volonté de la part de nos partenaires. Par exemple, pour les remorqueurs de la STH, c’est vrai qu’il y a eu des dépassements en termes de délais, mais c’est compréhensif car il s’agit d’un nouveau produit qui se construit. On ne va pas nous demander de faire un produit fini comme le font nos concurrents dans le créneau, à l’instar du groupe néerlandais Damen qui a toute une tradition et une expérience dans le domaine. Ceci dit, on fait des efforts pour réaliser des produits concurrentiels sur le marché et répondent aux normes internationales et qui plus est sont fabriqués par des Algériens. Ce qui est une fierté.

Existe-elle une coopération entre les entreprises nationales opérant dans la construction navale ?
Oui, nous avons déjà travaillé avec l’Erenav. Il a y a eu même des commandes en 2019 où le ministère de la Pêche avait délivré 30 autorisation pour l’acquisition de navire-thoniers. Suite à quoi, nous avons adressé un courrier commun entre Ecorep-Piriou et Erenav. C’est pour dire que nous pouvons prendre en charge la commande avec les capacités de nos entreprises, pour peu qu’on regarde de notre côté. Malheureusement, le programme a été gelé.
Mais, il y a eu quand même quelques opérateurs qui sont allés commander leurs navires à l’étranger. Et ça c’est dommage puisque c’est une manne financière qui profite aux pays étrangers. Alors que le chantier CORENAV à Zemmouri (Boumerdès) réalise actuellement deux navires (thoniers), ce qui est excellent, nous, nous avons eu deux clients, mais malheureusement l’autorisation ne leur a pas été renouvelée. Mais bon, on attend toujours l’autorisation du ministère de la Pêche. Si on me dit qu’on n’a pas les capacités, il n’y a pas de commande, on va chercher ailleurs. Comme par exemple, s’orienter vers la réalisation de barques de plaisance. D’ici l’année prochaine, d’ailleurs, on aura un petit plaisancier. On n’a pas la prétention de faire des yachts, mais déjà se positionner sur ce créneau très porteur et demandeur pour les familles qui veulent s’offrir une partie de pêche et ou de plaisance en mer. Quant au prix, on est entrain d’étudier ça, mais tout dépend du moteur qui est un produit importé. C’est un peu l’équivalent d’une voiture à 3 millions de dinars.

Hormis la construction des navires de pêche et de plaisance, en quoi consistent les autres produits d’Ecorep-Piriou ?
On a un produit très important qui est la maintenance et la réparation navales. On a en plus de la flottille de pêche actuelle, une flottille en activité de 30 thoniers qui, chaque année, ils doivent faire leur visite de sécurité et le carénage exigé par les instances internationales. Il faut savoir que nous sommes le seul chantier en Algérie à faire cette activité. Je ne sais pas si Erenev fait toujours ça. Nous disposons d’une plate-forme pour cette activité et nous comptons acquérir un moyen de levage des navires d’une capacité de 550 tonnes, soit d’une longueur de 40 mètres. En principe on devrait lancer l’appel d’offre ce mois-ci pour l’acquisition de cet outil. Le coût de la réparation-maintenance, sinon le carénage annuel, est estimé entre 20 et 30 000 euros. Donc, on espère par cette activité répondre à une demande du président de la République lui-même qui instruit le gouvernement à l’effet d’aller sur l’activité de maintenance-réparation navale en Algérie. Les techniciens existent, et s’ils n’existent pas, on va faire appel à la sous-traitance. On peut même développer un réseau de sous-traitance autour de l’entreprise. Ce qui est un objectif énorme aussi bien profitable aux opérateurs qu’à l’Algérie. Il faut savoir qu’un navire est très important pour un pays. Les gens n’ont peut être pas cette appréciation, mais lorsqu’un navire bat pavillon Algérie et part à l’étranger il constitue un petit territoire algérien. En d’autres termes, on a un territoire algérien en mer. Donc, il faut qu’il soit aux normes, représentatif, propre et en bon état de navigabilité.

Une vitrine du pays …
Exactement. Donc je pense qu’il n’y a que les Algériens pour défendre l’Algérie. On ne peut compter que sur nous-mêmes. Et dans ce sens, je pense aussi que notre chantier peut contribuer à cette vision de défense du pavillon national. Surtout avec le ministère de la Pêche qui a un programme ambitieux de développer la pêche au large, notamment dans les eaux internationales. Dans ce cadre, on est un des partenaires privilégiés des pêcheurs. D’ailleurs, on a conclu une convention avec la chambre Algérienne de pêche et de l’aquaculture (CAPA) à travers laquelle on offre une réduction allant jusqu’à 15% pour les réparations au profit des petits pêcheurs. Et sur un produit neuf on donne jusqu’à 5%. C’est-à-ire qu’on est là pour servir le pêcheur et non pas pour ramasser de l’argent. Pour le reste, on va procéder à la rénovation de l’ancien atelier à l’effet de pouvoir de répondre à la demande de nos clients.
H. N. A.

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