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Hosni Benabbes, DG de la FINALEP Spa : «Nous œuvrons avec certaines de nos entreprises partenaires pour une accession en bourse»

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Avec une cinquantaine de prises de participation dans le capital social de jeunes entreprises, la Financière Algérienne de Participation (FINALEP Spa) montre au monde des affaires algérien que le capital investissement peut bel et bien constituer une alternative de financement en dehors (et ou en complément) des produits bancaires classiques. Ce financement de substitution convient aussi bien aux entreprises nouvellement créées qu’à celles en phase de développement. Le directeur général de la FINALEP Spa, Hosni Benabbes, revient dans cet entretien qui suit sur les réalisations de cet organisme et éclaire aux lecteurs ce qu’est le capital investissement. Suivez-le…

Par Hacène Nait Amara

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le travail de la FINALEP Spa ?
La FINALEP Spa, qui est la Financière Algérienne de Participation, est un Organisme autorisé par le Ministère des Finances après sa création en 1991, dont la vocation est basée fondamentalement sur la prise de participation dans le capital social d’entreprises, soit au rang de Start-up, donc en phase de création, ou en phase de développement et ce, dans le cadre du Capital Investissement. Ce dernier reste un métier encadré par la Loi 26-11 du 24 Juin 2006 qui a permis la mise en place des jalons de la légalité et de la réglementation définissant les bases de l’intervention du capital investisseur, ses modalités de sortie, ainsi que les règles prudentielles assortissant le fonctionnement d’un nouveau métier aussi technique.

Quels sont les fonds d’investissement de wilayas rattachés à la FINALEP Spa ?
Je voudrai d’abord rappeler que la FINALEP Spa est l’initiative de parties étrangères et algériennes. Pour ce qui est de la partie nationale, il s’agit de banques spécialisées dans la PME, à savoir la BDL et le CPA. L’actionnariat étranger était représenté par l’Agence française de développement (AFD) qui a décidé en 2017 de quitter le capital social de la FINALEP Spa pour des raisons de positionnement stratégiques qui lui sont propres. Dès le départ de cette agence, la FINALEP Spa a augmenté son capital, une première fois, passant de 158 millions DA à 1,2 milliard DA, puis une deuxième fois en 2021 passant de 1,2 milliard DA à 3,2 milliards DA.
Les efforts de recapitalisation de la FINALEP Spa, confirment essentiellement sa volonté à se rapprocher davantage de la PME de droit algérien qui reste sa principale cible, aussi bien au niveau des grandes artères qu’à l’intérieur du pays et à lui procurer le soutien financier approprié. A ce titre, la FINALEP Spa intervient suivant deux natures juridiques des fonds gérés, en l’occurrence ses fonds propres ainsi que les fonds de wilayas dans le cadre d’une convention (ou acte de mandat) signée avec la Direction Générale du Trésor du Ministère des Finances. C’est à partir de cette convention que nous pouvons superviser la gestion de 10 fonds d’investissement de 10 wilayas, en l’occurrence Tipaza, Sétif, Skikda, Sidi Bel Abbès, Mostaganem, Aïn Temouchent, Adrar, Djelfa, El Bayadh et Tizi Ouzou.

Au titre de ces dernières années, quel bilan peut-on faire des activités de la FINALEP Spa ?
Sur ce plan, je prendrai quelques références. En 2015, la FINALEP Spa avait comme portefeuille 7 prises de participation. En 2021 elle a engagé pas moins de 52 prises de participation. Aussi, en 2015, la FINALEP Spa était déficitaire d’une trentaine de millions de dinars, alors qu’en 2019 elle a enregistré un bénéfice de 42 millions de dinars. Toujours en 2015, notre organisme n’était pas déployé à l’intérieur du pays, alors qu’aujourd’hui elle y est énergiquement à travers des prises de participation dans le capital de sociétés en création ou en développement, mais aussi à travers le déploiement de certaines actions de communication (organisation de journées d’information, la participation dans des émissions radiophoniques locales,…)

Comment expliquez-vous que certaines jeunes entreprises ne soient pas très intéressées par ce type de financement ?
Nous ne voyons pas la chose de cette manière. Pour nous, l’engouement affiché par les porteurs de projets pour ce produit est palpable. Il faut juste s’en rapprocher, chose que la FINALEP Spa assure régulièrement à travers son site web, ses regroupements régionaux et ses rencontres locales. Nous restons par contre très sélectifs et les critères de choix sont rigoristes.

Quels sont les critères d’éligibilité à l’accompagnement de la FINALEP Spa ?
Il y a certains critères qui relèvent de la légalité et d’autres appartenant au bon sens du gestionnaire. Pour que l’on puisse parler de partenariat, il faudrait déjà que la forme juridique de l’entreprise puisse le permettre. Il faudrait ainsi que la société soit une Sarl ou une Spa.
Quant aux critères que la Société s’impose, il est à titre illustratif question de mesurer le niveau de la traçabilité de l’activité de l’entreprise. Il est clairement affiché que la FINALEP Spa évite de s’engager dans un partenariat dont la traçabilité des flux est difficilement repérable. Au quotidien, nous travaillons régulièrement afin d’inscrire le fonctionnement de nos participations dans un registre de limpidité économique totale, conformément à la règlementation en vigueur (fiscale, commerciale et autres).
D’autres critères sont à prendre en compte, relevant essentiellement de la valeur ajoutée à observer, notamment au niveau de certaines zones économiques excentrées, ou l’on peut facilement établir la traduction de nos efforts de soutien à la création et au développement des entreprises par l’élargissement de l’assiette fiscale locale ou la création de nouvelles opportunités d’emplois (absorption du chômage).
A El Bayadh par exemple, avant de nous lancer dans l’accompagnement d’une laiterie, nous avons constaté qu’il y avait un manque en approvisionnement du marché local en lait soutenu. Notre intervention a permis la création de la première laiterie dans la région, qui contribue aujourd’hui à satisfaire, même partiellement, les besoins en ce produit localement.

N’y a-t-il pas là un risque à prendre ?
Tout acte d’investissement est synonyme de prise de risque. Mais maitriser le risque ne signifie pas l’exclure. On ne peut pas avoir la certitude totale de l’inexistence d’un risque donné. Cependant, par définition, un risque doit être anticipé, après évaluation, pour pouvoir le maitriser.

La FINALEP Spa peut-elle amener une entreprise partenaire à faire son introduction en Bourse ?
La FINALEP Spa est très naturellement convaincue de l’importance de la passerelle boursière pour le développement de son portefeuille d’entreprises et l’aboutissement des projets portés. Plusieurs séances de travail se sont ainsi déroulées avec Monsieur le DG de la Bourse d’Alger afin d’assurer la formation appropriée aux Chargés d’affaires et aux préposés concernés à la FINALEP Spa.
Actuellement, malgré les retombées de la pandémie qui n’a pas terminée d’apporter sa contribution au stress économique, nous travaillons avec un certain nombre de nos participations afin de soutenir la volonté partagée de réaliser leur introduction en bourse pour une simple ouverture du capital ou bien carrément procéder à des levées de fonds devant permettre d’apporter la réponse financière, même partielle, à l’édification d’un programme d’investissement complémentaire.

Avez-vous ressenti un quelconque sentiment de satisfaction à travers l’accompagnement que vous faites aux jeunes entreprises ?
Sincèrement, j’ai quelques satisfactions personnelles par rapport à l’issue de certains projets qu’on a accompagné, mais aussi par rapport aux opérateurs économiques eux-mêmes. Je vous ai cité l’exemple de la laiterie d’El Bayadh qui a pu contribuer à mettre à la disposition des citoyens le lait en sachet soutenu à un prix raisonnable. Il y a d’autres exemples qui me procurent une certaine satisfaction, à l’image du projet de production de moules et des huitres à Tipaza, dont rêvait un petit groupe de jeunes issus de diverses spécialités qui se sont associés pour lancer avec succès leur affaire.

Quelle appréciation faites-vous de la FINALEP Spa ?
La FINALEP Spa s’est imposée un certain rythme de développement depuis déjà 2016 où elle a pu structurer et valider sa base documentaire. Dans un deuxième temps, des actions commerciales ont été lancées sur le terrain, avec pour objectif de vulgariser le concept du Capital Investissement auprès des consommateurs potentiels de ce type de produit et de constituer le portefeuille de la Société. Nous avons également enclenché le processus d’implémentation de notre propre système d’information, avec pour objectif d’être opérationnel au plus tard au 1er trimestre 2022.
En parallèle, la FINALEP Spa s’est dotée d’une jeune composante en capital humain à travers le recrutement d’une équipe opérationnelle au profil universitaire, ayant concouru à la mise en place d’une nouvelle charte graphique pour la visibilité de la Société et un site internet interactif.

La FINALEP Spa accompagne des projets mais réalise aussi des bénéfices…
C’est le principe du partenaire associé. On est loin du principe du crédit bancaire classique qui consiste à octroyer un crédit remboursable périodiquement avec un taux d’intérêt. La FINALEP Spa fonctionne comme un vrai actionnaire qui apporte à l’entreprise de l’argent frais sur la base d’un programme d’investissement et une expertise managériale à travers l’animation de ses organes statutaires.
Au fil des années, cette entreprise est sensée réaliser des bénéfices et distribuer des dividendes à ses actionnaires. A sa sortie, la FINALEP Spa réalise une plus-value de cession qui vient en plus du prix de cession.
La rentabilité de la FINALEP Spa reste l’un des indicateurs de la qualité de sa gestion, un critère de fonctionnement et un objectif régulièrement mesuré, dont l’évolution dépend naturellement de celle de son portefeuille.
H. N. A.

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