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Khaled Nouasri, PDG de SPE : « Nous avons une capacité de production en construction d’environ 6000 mégawatts »

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En plus de 18.000 mégawatts installés, la Société Algérienne de l’Electricité et du Gaz – Production de l’Electricité (SPE) détient à son actif une production additionnelle actuellement en chantier d’environ 6.000 mégawatts. La filiale de Sonelgaz nourrit l’ambition d’atteindre une capacité installée de 24.000 mégawatts à l’horizon 2026. Dans cette interview, Monsieur Khaled Nouasri, PDG de SPE, détaille les moyens mis en place par la filiale pour la concrétisation de ses objectifs. Dans le domaine de la maintenance, SPE avance également à pas de géant et a pu atteindre une autonomie de 80% en un laps de temps très court, grâce à des programmes de formation conclus avec les plus grands constructeurs mondiaux. SPE Nourrit désormais l’ambition de s’exporter. Khaled Nouasri nous en parle également dans cette interview.

Entretien réalisée par H. Nait Amara

La demande nationale à l’énergie électrique évolue résolument en tendance haussière depuis maintenant plusieurs années, comment SPE parvient-elle à concilier la demande avec la production ?

La Société Algérienne de l’Electricité et du Gaz – Production de l’Electricité (SPE), filiale du Groupe Sonelgaz, couvre au jour d’aujourd’hui 64% de la demande nationale. Nous disposons d’une capacité installée de 18.000 mégawatts pour une PMA (Puissance maximale appelée) enregistrée l’année dernière de 16.822 mégawatts. Pour assurer la couverture de la demande, nous agissons sur deux volets principaux, à savoir, primo, la mise en service de nouveaux ouvrages de production pour augmenter notre capacité de production. Nous avons actuellement une capacité additionnelle en construction d’environ 6.000 mégawatts. Secundo, un plan de maintenance est mis en œuvre durant le creux de l’année, soit entre les pointes été, et ce afin de préparer les moyens de production actuellement en exploitation pour qu’ils soient dans les meilleures conditions d’efficacité et de disponibilité durant la période de forte demande, notamment en été.

Plusieurs efforts ont été consentis en matière d’investissements dans les capacités de production d’électricité, pouvez-vous nous en parler et quels ont été les résultats ?

Dans un passé proche, soit durant les années 2010 à 2012, la capacité de production de la société était de 8.500 mégawatts. Cependant, ce qui a été réalisé et mis en service depuis 2012 à nos jours a évolué pratiquement de plus deux fois comparée à la capacité installée en 2012, passant de 8.500 à plus de 18.000 mégawatts durant cette période considérée. Il s’agit là des efforts consentis par l’Etat Algérien qui a investi dans trois plans successifs, à savoir le plan de 4.000, de 2.000 et de 8.000 mégawatts. Ce sont les trois plans phares qui ont été réalisés et dont la mise en service a été effectuée progressivement à partir de 2015 et se poursuivra jusqu’en 2025. Les mises en service réalisées durant l’année 2022 s’élèvent à 1.400 MW. D’autres projets sont en cours de réalisation pour une capacité additionnelle équivalente à 6.000 mégawatts environs. Ces projets seront mis en service sur la période 2023-2026 et porteront ainsi la capacité totale de la société à 24.000 mégawatts.

SPE s’est fixé pour objectif d’atteindre une capacité de production de 24.000 MW à l’horizon 2026, pensez-vous pouvoir atteindre cet objectif et quels sont les moyens qui sont mis en place pour pouvoir concrétiser cette ambition ?

Ce n’est plus une ambition, puisque nous sommes dans la phase finales de concrétisation. Une bonne partie de cette capacité est déjà en exploitation. Il y a lieu de préciser que, nous avons environ 6.000 mégawatts en construction, dont les trois dernières tranches de la Centrale de Kais d’une capacité de 700 mégawatts, le projet de Hassi R’mel 1 pour une capacité de 400 mégawatts (date prévue de réception en 2024), la centrale de Djelfa d’une capacité de 1.300 mégawatts dont les premiers groupes devraient être mis en service en 2024 pour être complétées par les autres groupes en 2025, la centrale de Mostaganem d’une capacité de 1.500 mégawatts qui devrait être réceptionnée progressivement entre 2024 et 2025, la centrale d’Oumache III d’une capacité de 1.300 MW qui est également en cours de construction et dont l’entrée en service des deux tranches est prévue en 2024 et fin 2025. Par ailleurs, nous venons de lancer les appels d’offres pour la construction de la centrale de Tébessa, d’une capacité est d’environ 700 mégawatts. Nous prévoyons la réception de ce projet à partir de 2026.

Le recours au contenu local et l’amélioration des taux d’intégration en matière de production des équipements constitue une stratégie centrale au niveau de SPE, parlez nous des grands axes de cette stratégie qui semble porter ses fruits ?

Les grands axes de cette stratégie de substitution à l’importation par la création et le développement du contenu local ont vu le jour à partir de l’année 2012 au niveau de la société.

En effet, la société a mis en place des contrats de formation de haut niveau au profit de notre personnel, avec des partenaires internationaux de renom dans le domaine de la maintenance lourde qui était jusqu’à cette date assurée par des partenaires étrangers. Le vivier d’experts ainsi constitué a permis à la société de réaliser les activités qui étaient auparavant importées par ces ressources formées. Le taux d’intégration de ces activités à fort contenu technologique a atteint 80%. Les efforts de formation et de capitalisation d’expérience se poursuivront pour atteindre une autonomie totale.

Je peux vous assurer que des opérations de maintenance d’une grande complexité sont réalisées par nos propres ressources de manière autonome. Nous avons l’ambition d’atteindre une autonomie complète en matière de maintenance lourde à l’horizon 2026.

Pour l’exploitation, la société a toujours formé les ressources et exploite elle-même ses moyens de production en se basant sur la formation avec les constructeurs et aussi à travers les programmes de formation au niveau des écoles de formation qui appartiennent à Sonelgaz – Services. Sur le volet exploitation, nous sommes sur une autonomie de 100%, tandis que sur la partie maintenance nous avons atteint un taux d’autonomie de 80%.

Dans le même sillage, le groupe Sonelgaz a tissé des partenariats avec les leaders mondiaux dans le domaine de la fabrication d’équipements destiné à la production, et qui ont permis la réalisation d’infrastructures importantes à l’instar de l’usine de GEAT pour la fabrication des turbines à gaz, alternateurs, systèmes de contrôle commande et réparation des pièces nobles.

A cela s’ajoute la valeur ajoutée par la filiale SAIG et ses ateliers en matière de fabrication de pièces parties chaudes et de réparation de rotors pour la production.

Pour ce cas, nous sommes sur une expérience unique sur le continent grâce à la filiale SAIEG qui est parvenue à fabriquer de la pièce de rechange de certains équipements des parties chaudes des turbines à gaz. Nous comptons beaucoup sur cette filiale pour l’approvisionnement en pièces de rechange. Grâce aux réalisations de cette filiale, nous pouvons atteindre des taux maximums d’intégration nationale en matière de maintenance.

Sur un autre volet, il est important de signaler dans le cadre de la réalisation des ouvrages de production, les travaux de génie civil, montage et services annexes, il est fait appel à la sous-traitance locale et aux entreprises nationales publiques et privées. Ce sont elles, ainsi que les filiales du Groupe Sonelgaz, qui ont contribué à la réalisation de l’ensemble de nos centrales. Nous ne faisons appels aux entreprises étrangères que pour les activités ou pour les technologies dont les entreprises nationales publiques et privées n’ont pas encore la maitrise.

Quelles sont les perspectives et les défis, qui sont les vôtres et ceux de la SPE, en matière de production d’électricité et de couverture de la demande nationale sans cesse en évolution ?

Etant une société dont le métier de base est l’exploitation et la maintenance des ouvrages de production, le volet exploitation est pris en charge à 100% par notre personnel. Cependant, sur la partie maintenance des ouvrages de production, comme je l’ai déjà souligné, nous sommes à des taux de maitrise de 80% de la technologie. Par ailleurs, notre personnel est en train d’être formé pour la maitrise des 20% restante de la technologie.

Actuellement, 80% du programme de maintenance de nos ouvrages de production se fait par notre personnel et sous la supervision de nos experts formés à cet effet. La réalisation des opérations de maintenance par moyens propres permettra à notre société d’économiser l’équivalent de 70 millions de dollars par an.

Nous sommes en train de réaliser des opérations de prestation pour des tiers au niveau national. Sonatrach, à titre d’exemple, a fait appel à nos services pour la maintenance de ses ouvrages de production d’électricité. D’autres sociétés de production ont également fait appel à notre savoir-faire dans ce domaine.

SPE nourrit-elle des ambitions d’internationalisation de ses activités et de son savoir-faire ?

Nous y travaillons ! Car, pour se projeter à l’international il faut avoir une assise sur le plan études de marchés. Nous avons commencé à travailler sur ce cap. Nous travaillons sur les opportunités de marchés en Afrique et nous avons une équipe qui s’est déplacée au Bénin, au Togo et au Soudan, à cet effet. Nous travaillons également sur les opportunités du marché libyen après l’opération que nous avons réalisée en 2021, suite à l’orientation du Président de la République, qui a permis la remise en service d’une centrale de production à Khoms située à 120 km de Tripoli. Au jour d’aujourd’hui, nous sommes dans la phase exploration des marchés et nous restons confiants quant au grand potentiel que nous pouvons exporter. Nous utilisons tous les canaux de contact possibles pour marquer notre présence sur le continent africain et prouver que le made in Algeria est un produit de qualité.  

H. N. A.

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