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Mohamed Lezghed, PDG de Sonelgaz Transport Gaz (STG) : « Nous assurerons la desserte en gaz naturel des zones d’ombres plutôt que prévu »

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STG, à l’instar d’autres sociétés du groupe Sonelgaz, a connu récemment une restructuration qui lui permettra de rester à la hauteur des nouveaux challenges qui se présentent à l’échelle nationale et même internationale. Ses missions, ses activités, son savoir-faire, son capital expérience et son expertise se confondent désormais avec les nouveaux enjeux de développement du secteur gazier. Sonelgaz Transport Gaz est en effet outillée pour répondre aux multiples besoins du secteur et s’avère en mesure de porter le progrès social et économique, en assurant la continuité du transport du gaz naturel, source d’énergie, pour desservir les postes de distributions publique, les clients industriels et les centrales électriques avec un réseau qui se renforce sans cesse et qui gagne en efficacité et en fiabilité technique et technologique.

STG s’est intégrée totalement dans la vision stratégique de la holding Sonelgaz et ce à travers des axes de développement qui l’engagent sur le long terme. Son PDG, Mohamed Lezghed, s’en ouvre à nous dans cette interview.

Interview réalisée par Azouz Kafi

STG, appelée anciennement GRTG, assure les études, l’exploitation, la maintenance, le développement, et les travaux du réseau de transport de gaz de sorte qu’il y ait un équilibre entre la consommation, la livraison et la réserve, en assurant la sécurité, la fiabilité et l’efficacité de l’alimentation. Comment STG parvient-elle à concilier tous ces enjeux ?

A la faveur de la décision du Groupe Sonelgaz de changer les dénominations et les logos des filiales cœur de métier, Sonelgaz Transport du Gaz, par abréviation, S-TG est la nouvelle dénomination de la Société Algérienne de Gestion du Réseau de Transport du Gaz ; GRTG, et ce depuis le mois de juin 2022. La fourniture en gaz naturel est assurée par le seul fournisseur historique, Sonatrach, à partir de ses gazoducs via nos postes de prélèvement  sur la base de prévisions définies, en concertation entre S-TG et Sonatrach, annuellement, mensuellement et journellement.

La sécurité d’alimentation et la fiabilité de notre système gaz sont assurées d’abord par la maitrise des prévisions de consommation, ensuite à travers l’exploitation du système gazier, son entretien, sa maintenance et aussi par l’anticipation dans les études de développement et la concrétisation des travaux de réalisation dans les délais impartis.

En matière de maitrise des prévisions, depuis une année et avec la crise issue du déclenchement de la guerre en Ukraine, Sonatrach exige que nous lui communiquions des prévisions journalières ; ce qui n’est pas aisé en l’absence d’un système de gestion en temps réel, en plus des prévisions mensuelles et annuelles, habituellement communiquées. C’est la conjoncture qui l’exige, en fait, car l’augmentation des exportations de gaz par Sonatrach, dicte un affinement de l’approche sur un très court terme et une haute maîtrise du marché national.

L’équilibre entre la consommation, la livraison et la réserve, est assuré via les structures de l’Opérateur Système (OS) Gaz de STG qui Gère le système gazier en veillant à l’équilibre permanent du réseau de transport du gaz desservant le marché national. L’OS établit d’une part, la prévision de la demande en gaz à court et à moyen termes en vue de sa satisfaction complète ; et d’autre part s’assure du niveau d’utilisation de la capacité de transport gaz ; gère la réserve ; conduit les mouvements d’énergie gazière ; établit et contrôle les paramètres de fiabilité du système de transport du gaz ; coordonne les plans d’entretien des ouvrages de transport gaz ; définit et met en œuvre les plans de défense et de sauvegarde du réseau de transport gaz en collaboration avec les producteurs d’électricité, les distributeurs de gaz et les clients éligibles. Pour illustrer cet équilibre, je vous donne un exemple en 2008 durant la période hivernale, nous avons enregistré une baisse de pression au niveau des gazoducs de l’Est, l’Opérateur Système Gaz a dû gérer cette situation en basculant l’approvisionnement de l’Est via les gazoducs du Centre, tout en assurant toujours la pression et le débit de montée au niveau des points de livraison.

Avec l’accroissement de la structure du réseau transport gaz et son étendue sur tout le territoire national, nous avons dû revoir l’organisation de la société, nous ne pouvions plus rester sur trois Directions Régionales ; nous sommes passés donc à six Directions, en ajoutant les régions d’Alger, Ouargla et Béchar, pour mieux gérer et maîtriser notre réseau. Nous avons, de ce fait, opéré des changements d’organisation aux niveaux central et régional pour conférer davantage de flexibilité et permettre aux différents gestionnaires d’avoir la main pour mieux gérer le réseau.

Le réseau de transport du gaz s’est beaucoup développé ces dernières années pour répondre à une croissance fulgurante de la consommation nationale de gaz… Comment appréhendez-vous cette situation ?

Un historique serait utile là aussi pour expliciter cet état de fait.

• En 1968 nous avions un réseau de 575 kms.

• En 2 000 nous avions plus de 4 000 km.

• En 2 022 nous avons dépassé les 23 500 Km.

L’émergence de tous les centres urbains et semi-urbains nous interpelle de manière à mettre à la disposition de tous les secteurs économiques et de tous les citoyens une énergie abondante et propre.

La consommation du gaz naturel est passée de plus de 12 milliards de m3 en 2000 à près de 45 milliards de m3 en 2023 soit 3,8 fois de plus.

Il n’y a pas si longtemps, la part du marché national en gaz naturel était en dessous de 20 %, par rapport à celle réservée à l’exportation, aujourd’hui, ce n’est plus le cas, on est pas loin de dépasser la part des exportations.

Sonelgaz Transport du Gaz a bien mené sa mission avec les pouvoirs publics et a répondu à leurs attentes en termes d’engagements et en matière de délais de réalisation.

Les autorités du pays font du développement des zones d’ombre un cheval de bataille, en améliorant l’accès aux services publics et aux produits de large consommation, dont les produits énergétiques.  Que fait la STG dans ce cadre ?

Les zones d’ombre sont, ces dernières années, comme vous l’avez dit, le cheval de bataille des pouvoirs publics. Avec l’arrivée de ce programme gaz, STG s’est inscrite dans cette optique et a affiché sa présence avec son savoir-faire, son expertise et son retour d’expérience, par rapport aux différents programmes nationaux déjà réalisés, avec cette fois ci l’avantage de la nouvelle restructuration qui offre la spécificité à STG d’être outillée pour prendre ce programme-là avec aisance et de le réaliser en réduisant les délais. A titre d’information, STG est concernée par six wilayas et je peux vous dire que d’ores et déjà toutes les études sont finalisées et nous sommes en phase des appels d’offres pour la désignation des entreprises de réalisation. Pour tout ce qui est projet de Distribution Publique, dont les longueurs ne dépassent pas 1 km où dont les postes gaz sont sur les lignes, les entreprises ont été désignées et les travaux ont déjà commencé. Le procurement a également été lancé par anticipation, et je pense que pour ce programme des zones d’ombre, STG est bien partie et sera au rendez-vous bien avant les délais impartis et toutes les attentes des pouvoirs publics seront prises en charge et satisfaites inchallah.

Pour appuyer ces propos, je vous cite l’exemple de Khenchela où nous avions 8 ouvrages à réaliser et où nous avons déjà pu en réaliser 7 à fin 2022 grâce à la mise en place d’un plan d’action spécifique et il n’en reste qu’un seul ouvrage. C’est dire que pour les zones d’ombre, le défi sera largement relevé.

Puisque vous parlez des ouvrages, pouvez-vous nous dire de quoi est constitué le réseau de transport de gaz ?

Le réseau de transport gaz est principalement constitué de canalisations en acier, appelés généralement pipelines ou gazoducs. Ce sont des canalisations dimensionnées et conçues pour transporter le gaz naturel à des pressions d’utilisation inférieures ou égales à 70 bars. Ces infrastructures sont soumises à des normes et à un Règlement de sécurité. La réglementation en matière de sécurité des canalisations de transport de gaz vise, à garantir la sécurité des populations, des travailleurs et de l’environnement en imposant des obligations strictes aux exploitants de ces ouvrages, ainsi qu’à toute personne susceptible d’effectuer des travaux à proximité de tels ouvrages, notamment des fouilles. A ces canalisations, sont intégrés des ouvrages annexes ou postes, tels que les postes de sectionnement et les postes de coupure. Ce sont des organes de sécurité qu’on installe tout le long du réseau pour assurer la sécurité des personnes et des biens.

Il y a aussi les postes de livraison qui sont, comme leur nom l’indique, les points de livraison à nos différents clients, qu’il s’agisse des centrales électriques, des distributions publiques ou encore des industriels. Ces postes-là permettent de mettre à la disposition des utilisateurs le gaz à la pression demandée, car si STG transporte le gaz à Haute Pression (H.P.), les utilisateurs, eux, ont besoin de Moyenne Pression (M.P.) entre 4 et 20 bars. Nous installons donc ces équipements pour détendre la pression afin de leur permettre l’utilisation du gaz en toute sécurité dans leurs installations. Il y a également les postes de prélèvement. Il s’agit des points de prélèvement sur les gazoducs de Sonatrach, soit l’interface entre STG et Sonatrach. Ces postes permettent à la fois la filtration du gaz et le comptage entre fournisseur et demandeur. Avec la modernisation actuelle de nos installations, nous disposons aussi de la fibre optique et de systèmes de télésurveillance et des SCADA « Supervisory And Data Acquisition » (Système d’acquisition et de contrôle des données).

Quels sont les principaux axes de la stratégie de développement du réseau de transport du gaz, sachant que les défis à venir sont très engageants ?

Le Groupe Sonelgaz a mis en place une vision stratégique à l’horizon 2035 dont les grands axes ont été déclinés à travers ses différentes filiales. Chaque société, selon les spécificités de ses missions, a développé aussi ses axes stratégiques pour être en 2035 en adéquation avec la vision du Groupe à cet horizon. Parmi les axes stratégiques que STG a mis en évidence, l’enjeu organisationnel. Bien organisés, nous aurons toutes les chances d’atteindre nos objectifs. Présentement, Dieu merci, nous avons parachevé l’organisation et nous sommes à la phase mise en œuvre. Nous avons aussi mis en place le projet de Système Management Qualité (SMQ) qui est en cours d’exécution. Nous devons développer ce processus pour être en phase avec nos ambitions d’aller vers l’international. Donc, ce processus de système SMQ est lancé en vue de, de sa concrétisation, et nous nous situons actuellement à la phase mise en œuvre. Nous comptons, d’ici à la fin de cette année, être certifié SMQ.

STG a constamment envisagé son développement à travers la maitrise de son métier et l’intégration des nouvelles techniques. Avec l’expertise acquise, après une longue expérience et un savoir faire dans les différents domaines de notre activité, nous ambitionnons de nous lancer dans l’expertise des canalisations et des systèmes de protection cathodique. Antérieurement, une convention a été mise en place entre STG et Naftal pour tout ce qui est expertise des canalisations. Nous allons, également, prospecter les industriels pour les réseaux intérieurs C’est là un axe stratégique que nous sommes en train de développer et qui offre un grand potentiel.

Il y a également un autre axe à développer qui consiste dans le domaine des télécommunications. Un parallèle est désormais établi entre notre réseau et le réseau de la fibre optique. Aujourd’hui, nous disposons d’un patrimoine de fibre optique très important qui avoisine presque les 10.000 km et qui va être utilisé dans le futur dans le système SCADA sur lequel nous sommes en train de travailler. Nous avons nos réseaux à Tamanrasset et à Djanet où nous avons développé un système SCADA avec la fibre optique. Actuellement, nous sommes en négociation avec COMINTAL qui devra exploiter le système pour notre compte. Nous sommes en train d’étudier les possibilités qui s’offriront à nous dans ce domaine.

STG assure également des missions d’entretien et de maintenance du réseau gazier, conformément à ses statuts, quels sont les efforts consentis par votre société dans ce domaine ?

STG a une politique de maintenance et d’exploitation qui obéit à une loi, une règlementation que balisent des décrets et des arrêtés que nous appliquons. Cette maintenance et exploitation est faite pour préserver le réseau, mais aussi pour préserver les biens et les personnes. Elle est assurée actuellement par nos équipes sur la base d’une programmation exhaustive des opérations, que ce soit pour les canalisations ou les postes. Pour vous donner une idée de grandeur, pour la seule année 2022, près de 240 000  opérations programmées ont été assurées par nos équipes d’entretien et de maintenances. C’est cela qui permet à notre système d’être fiable et sécurisé.

Quels sont les métiers annexes qui viennent se greffer à votre activité principale ?

Les activités ou les métiers annexes qui collent à notre mission principale, concernent l’activité Inspection et contrôle CND, c’est une activité que nous l’avons hérité de Kahragaz, et que nous comptons développer davantage pour mieux garantir une tenue parfaite (la qualité et la pérennité) de nos installations dans le temps. Nous avons des prestataires externes qui assurent cette activité, il s’agit de l’organisme d’inspection et de contrôle de soudures CSC Expertise rattaché au Ministère de l’Enseignement Supérieur. Nous avons aussi nos partenaires externes qui assurent pour nous le volet génie civil, nous avons d’autres partenaires qui assurent pour le compte de STG l’inspection des canalisations, parce que la loi exige que nos réseaux soient inspectés au minimum une fois par dix ans pour vérifier l’état et l’intégrité. Les travaux et d’interventions et de maintenance sur des canalisations de gros diamètres supérieurs à 16 pouces, étaient, quant à eux, assurés par nos partenaires de Kanaghaz, mais comme la filiale a été rapatriée au sein de notre société, nous serons désormais appelés à assurer cette activité par nous-mêmes.  

A. K.

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