Accueil DOSSIER Samy Agli, président du FCE : «Nécessité de revoir l’ensemble des lois...

Samy Agli, président du FCE : «Nécessité de revoir l’ensemble des lois qui freinent l’économie nationale»

0

Le président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), Mohamed Samy Agli, a appelé le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, quelque jours seulement après son élection à la tête de l’Etat, à prendre des mesures d’urgence pour sauver les entreprises algériennes en difficulté et à engager des réformes profondes à même de relancer l’économie nationale.

Par Hacène Nait Amara

Intervenant sur les ondes de Chaine 3 de la Radio nationale, lors de l’émission « L’invité de la rédaction », Samy Agli a tenu, d’abord, à présenter ses félicitations au Chef de l’Etat pour son élection, qui ferme ainsi une assez longue période de vide au sommet de l’Etat : «Nous tenons à féliciter le Président pour son élection. Il fallait avoir un chef et, aujourd’hui, nous en avons un», a-t-il précisé. Pour lui, le nouveau Président est confronté aujourd’hui à plusieurs défis dont le plus important est d’ordre économique. « L’économie n’attend pas. Le Président Abdelmadjid Tebboune est appelé à mettre en exécution ses promesses de campagne et des mesures d’urgence courageuses s’imposent pour sauver les entreprises et promouvoir de nouvelles activités », a souligné le président de l’organisation patronale. Selon lui, tous les secteurs économiques ont besoin aujourd’hui de réformes profondes, « mais il faut agir en priorité sur les entreprises en difficulté ». Il fera savoir à titre d’exemple, que des décisions contraignantes pour l’entreprise ont été prises récemment et « qui risquent de plomber l’ensemble de l’économie, comme celles de l’ABEF qui commencent à bloquer des filières entières de l’économie nationale ». C’est la raison pour laquelle le Patron des patrons a appelé à « revoir l’ensemble des lois qui freinent l’économie et à prendre des décisions urgentes et courageuses ». Faut-il tout balayer et reprendre à zéro ? Dans certain cas, « c’est ce qu’il faut vraiment faire », a estimé Samy Agli. Il en veut pour preuve le code des investissements qui comporte, selon lui, une « armada d’autorisations exigées préalablement pour investir et créer de la richesse ». Sa réforme devient donc une priorité, tout comme celle du système bancaire qui constitue aujourd’hui « un frein pour le développement économique, notamment à cause de la complexité qui caractérise le mouvement des capitaux en Algérie », a expliqué Samy Agli. Dans ce domaine, le président du FCE a suggéré de s’inspirer de certains modèles de réforme qui ont prouvé leur efficacité dans d’autres pays. « Il faut prendre l’exemple des pays qui ont réussi leur réforme économique en misant sur la technologie et la digitalisation », a-t-il insisté. Et de préciser, par ailleurs, que « la bureaucratie constitue aujourd’hui un danger pour l’Etat et touche même à la souveraineté de notre pays. Pour lui, «il ne faudrait pas mettre tous les acteurs économiques dans le même sac, car il y a ceux qui ont réussi honnêtement et souffrent du poids de la bureaucratie». C’est pourquoi le président du FCE a estimé que l’autre grand défi qui attend le nouveau président est celui de « rétablir la confiance entre le peuple et ses dirigeants, mais aussi entre les acteurs économiques et l’administration ». A la question de savoir s’il est nécessaire d’établir préalablement un diagnostic de la situation économique avant d’envisager une quelconque réforme, M. Agli a indiqué que « l’économie n’attend pas et il y a des décisions urgentes à prendre pour sauver la situation ». Selon lui, le diagnostic est connu et tout le monde s’accorde à dire que «l’économie nationale est plombée» du fait de «la crise financière de 2014», mais aussi à cause de «la mauvaise gouvernance». Et d’enchainer : « 60% du tissu économique est sinistré et pas moins de 650 000 emplois ont été perdus depuis janvier 2019, notamment dans le BTPH qui est le premier secteur le plus durement touché, avec près de 70% des entreprises au bord de la faillite, étant directement dépendantes de la commande publique. D’autres secteurs sont en crise également, à l’instar des industries pharmaceutiques, des services et les TPE/PME ».
Concrètement, le FCE suggère, dans son plan d’urgence l’établissement d’«un moratoire d’une à deux années sur les dettes des entreprises et l’étalement du principal sur une période d’une à trois années, selon le degré d’endettement de l’entreprise». Le syndicat patronal a également proposé de «réactiver le dispositif de rééchelonnement des dettes fiscales des entreprises, déjà mis en œuvre en 2012, et l’annulation de toutes les pénalités». L’autre suggestion consiste à «appliquer le même dispositif pour les dettes parafiscales et à réactiver le dispositif banques-entreprises de 1996 en matière d’endettement bancaire». Concernant le problème du foncier industriel, le président du FCE a fait savoir que son organisation vient d’installer une commission « ad hoc » composée d’experts et de chefs d’entreprise des différentes régions du pays, afin de proposer les moyens d’assurer l’accès équitable au foncier. Ces propositions feront l’objet d’un «livre blanc» qui doit être remis au Président de la République. Selon M. Agli, malgré tous les problèmes recensés, «on ne doit pas être pessimiste, cette année est considérée comme une année blanche, et il faut agir en conséquence». Cependant, le président du FCE a fait remarquer que le Président élu, «qui a eu le courage de se porter candidat dans une situation pareille, devra s’entourer de véritables acteurs économiques, et ne pas faire l’erreur de laisser le politique décider à la place de l’économique. Il faut, au contraire, associer le politique à l’économique». Pour lui, « le pays a intérêt à aller vite dans la diversification, afin de sortir de l’économie rentière, tout en rassurant les hommes d’affaires». Il proposera, enfin, «la création de petites banques pour les start-up et des banques à capitaux moins importants orientées vers des financements ciblés au profit des PME et des TPE». Et de conclure : «la confiance viendra par la stabilité juridique et la tenue des engagements».
L. M.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here