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Sid Ali Zerrouki, DG de Algeria Venture : « Faire des startups un instrument de la diversification et de la croissance »

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Bouclant le premier semestre 2023 par un succès éclatant enregistré lors de la Foire Internationale d’Alger, où la plateforme innovante qu’elle a installée a attiré des dizaines de milliers de visiteurs et favorisé un climat d’échange et de découverte, l’accélérateur public, Algeria Venture a satisfait à toutes les attentes lors de cet événement. Face à des chiffres à l’international qui affichent des taux d’échec important des startups, le DG d’Algeria Venture, Sid Ali Zerouki, se félicite, dans cette interview qui suit, des mesures financières proactives prises par le Gouvernement pour soutenir les startups qui ont du potentiel. Avec une stratégie adaptée aux contraintes et aux défis de l’écosystème, Algeria Venture est en train de contribuer à ouvrir aux startups des secteurs industriels et de faire de celles-ci une source concrète de services et de produits pour toutes ces industries, l’enjeu étant, à terme, de combler le fossé qui existe entre les entreprises établies et les startups en plein essor. L’accélérateur public mise sur le rôle des startups qui réussissent dans la diversification économique, la création d’un climat d’affaires et d’investissement de confiance, et de nouvelles opportunités d’emploi et d’innovation. Suivez-le…

Interview réalisée par Hacène Nait Amara

Pouvez-vous nous dresser un bilan de la participation d’Algeria Venture à la 54e édition de la Foire Internationale d’Alger ? Quels ont été les résultats concrets pour les startups participantes ?

Suite à l’éclatant succès rencontré lors de notre première participation à la Foire Internationale d’Alger (FIA) l’année dernière, notre équipe était animée d’une ambition renouvelée pour cette deuxième édition. Notre objectif ? Non seulement maintenir le cap, mais aussi repousser les limites de l’excellence.

Cette année, nous avons créé une plateforme unique pour plus de 30 startups innovantes, 10 partenaires stratégiques et d’autres acteurs majeurs de l’écosystème technologique algérien. Ces entités ont eu l’opportunité de mettre en avant leurs solutions et services, contribuant ainsi à une dynamique d’échange et de découverte.

En parallèle, nous avons organisé une série de conférences, animées par des figures emblématiques de la tech algérienne. Ces sessions ont offert des perspectives enrichissantes sur les tendances actuelles et futures du secteur.

Mais l’un des moments forts de notre participation a sans doute été le lancement du premier concours d’ingénierie et d’innovation. Attirant une centaine d’étudiants venus des quatre coins du pays, ce concours a mis en lumière la créativité et l’ingéniosité de la jeunesse algérienne. Répartis en 12 équipes, ces étudiants ont relevé des défis techniques et conceptuels lors d’une compétition intense s’étalant sur 3 jours et demi. Les résultats ont dépassé nos attentes, témoignant du potentiel incroyable de ces jeunes talents. Les trois équipes gagnantes ont été récompensées par des chèques, mais aussi par un accompagnement personnalisé pour concrétiser leurs projets.

Enfin, il est essentiel de souligner l’engouement du public. Notre pavillon a été un véritable point d’attraction, accueillant pas moins de 55 000 visiteurs curieux et passionnés. Ce chiffre illustre l’intérêt croissant pour l’innovation et la technologie en Algérie.

En conclusion, cette deuxième participation à la FIA confirme notre engagement envers la promotion de l’innovation et la mise en réseau des acteurs du domaine technologique en Algérie. Nous sommes impatients de poursuivre sur cette lancée et d’apporter encore plus à la communauté lors des prochaines éditions.

Quelles sont les principales initiatives prises par Algeria Venture en 2023 ? Y a-t-il de nouveaux programmes ou partenariats en cours de développement ?

Comme vous le savez, chez Algeria Venture, l’innovation est au cœur de nos préoccupations. Nous nous sommes toujours efforcés d’apporter du nouveau à notre écosystème, et cette année ne fait pas exception. En plus de nos programmes réguliers, challenges et compétitions, nous sommes fiers d’annoncer le lancement d’un programme dédié à l’économie verte, en partenariat avec le Bureau International du Travail (BIT). Et ce n’est que le début : deux autres programmes innovants sont en préparation, dont les détails seront dévoilés en temps voulu.

2023 est également une année marquée par notre engagement à internationaliser les startups algériennes. Nous avons facilité la participation de plusieurs d’entre elles à différents forums économiques à travers le monde, notamment au Portugal, en Chine, en Russie, et prochainement en Afrique du Sud. Ces événements offrent à nos startups une plateforme pour établir des partenariats, explorer de nouveaux marchés et s’inspirer des meilleures pratiques internationales.

Mais le point d’orgue de cette année sera sans aucun doute notre participation, pour la première fois, au GITEX à Dubaï. Nous y disposerons d’un pavillon impressionnant de plus de 300 m² entièrement dédié aux startups algériennes. C’est une occasion inédite pour elles de promouvoir leurs innovations et de découvrir de nouvelles opportunités de croissance sur la scène internationale.

En conclusion, chez Algeria Venture, nous restons fidèles à notre mission : soutenir, promouvoir et propulser les startups algériennes vers de nouveaux horizons. Et nous sommes impatients de voir ce que l’avenir nous réserve.

Comment Algeria Venture encourage-t-il les grandes entreprises privées et publiques à s’impliquer dans l’innovation et à soutenir les start-ups ? Quelles sont les mesures incitatives mises en place pour favoriser cette collaboration ?

Merci pour cette question pertinente. Algeria Venture s’est engagé dans une démarche transformative, et depuis plus de deux ans maintenant, avec un soutien indéfectible de notre ministère de tutelle et ses orientations visionnaires, nous travaillons assidûment à combler le fossé entre les entreprises établies et les startups en plein essor.

Notre engagement en faveur de la collaboration a débuté avec des initiatives novatrices. Par exemple, nous avons établi des partenariats avec des entreprises bien établies grâce à l’initiative ‚sontract’, ce qui leur a permis de conclure des contrats d’une valeur de plusieurs millions de dollars avec des startups, un saut considérable par rapport à leur niveau d’engagement précédent il y a à peine une année. Cela illustre la progression rapide que nous observons.

De plus, nous avons constaté des avancées remarquables dans le secteur de l’assurance, car les leaders de l’industrie ont adopté les startups pour conduire leur transformation numérique. Ces partenariats se sont révélés cruciaux, surtout compte tenu de la phase délicate que ces entreprises traversaient en termes de prise de décision et de changement de mentalité en faveur de l’innovation.

Aujourd’hui, nos efforts se sont étendus au domaine des incitations fiscales, amplifiant l’attrait pour les entreprises s’engageant dans l’innovation ouverte avec les startups et investissant dans la recherche et le développement. Cette vision a été consacrée par des décrets exécutifs récents, renforçant ainsi notre engagement à créer un écosystème dynamique pour l’innovation.

Ce qui est encore plus significatif, c’est que les startups et les grandes entreprises sont désormais sur un pied d’égalité. Le gouvernement a pris des mesures sans précédent pour équilibrer les chances, en facilitant l’accès des startups aux opportunités de marchés publics. La dernière version du Code des Marchés Publics, récemment publiée, témoigne de notre dévouement à créer un environnement florissant de coopération entre ces entités en apparence disparates.

En conclusion, la mission d’Algeria Venture a dépassé la simple collaboration ; il s’agit d’un mouvement visant à remodeler le paysage des affaires. Notre approche holistique, soutenue par un leadership visionnaire, et catalysée par des politiques stratégiques, favorise l’innovation en tant que pierre angulaire de l’avenir économique de l’Algérie.

Avez-vous constaté une réceptivité positive de la part des grandes entreprises envers les start-ups et l’innovation ? Pouvez-vous donner des exemples concrets de collaborations entre les deux parties ?

Il est tout à fait naturel que cette confiance et cette réceptivité prennent du temps à se construire, et comme je l’ai mentionné précédemment, nous travaillons inlassablement en ce sens. Avant tout, il s’agit d’une question de mentalité, un processus qui demande de la patience et de la persévérance.

Effectivement, nous pouvons citer plusieurs exemples fructueux dans des domaines tels que l’industrie pétrolière et gazière, l’assurance, l’agritech, l’edtech, la healthtech, et bien d’autres encore. Cependant, notre objectif ultime est de faire de chaque startup une source de commandes concrètes. Cette nouvelle génération d’entrepreneurs innovants démontre un talent exceptionnel, capable de nous impressionner de manière remarquable.

Par exemple, dans le secteur pétrolier et gazier, nous avons vu des startups collaborer avec des entreprises établies pour mettre en œuvre des technologies novatrices visant à améliorer l’efficacité de l’extraction et la gestion des ressources. Dans le domaine de l’assurance, des partenariats ont émergé entre des startups spécialisées en analyse de données et des compagnies d’assurance pour optimiser les processus de tarification et de gestion des risques.

Dans le domaine de l’agritech, des startups ont développé des solutions numériques pour aider les agriculteurs à optimiser leur production et leur gestion des ressources. Les domaines de l’edtech et de la healthtech ont également connu des collaborations fructueuses, avec des startups proposant des plateformes d’apprentissage en ligne novatrices et des solutions de télémédecine respectivement.

En somme, bien que la confiance prenne du temps à s’établir, nous constatons une réceptivité positive croissante de la part des grandes entreprises envers les start-ups et l’innovation. Ces exemples tangibles illustrent comment ces collaborations fructueuses sont en train de transformer divers secteurs de manière positive.

Quels sont les principaux défis auxquels Algeria Venture est confronté dans la promotion de l’entrepreneuriat ? Comment comptez-vous surmonter ces défis à l’avenir ?

Les défis que nous affrontons au sein d’Algeria Venture ne sont pas insurmontables. Nous sommes une équipe combative et agile, dotée de talents exceptionnels. Le véritable défi réside dans l’écosystème lui-même, mais nous sommes conscients de la situation et avons élaboré une stratégie après près d’une année de développement. Aujourd’hui, cette stratégie est lancée et en action.

En réalité, le premier défi que nous relevons est celui du changement de mentalité. C’est une étape cruciale pour instaurer une culture d’innovation et d’entrepreneuriat solide. Ensuite, nous nous attaquons au défi de la diversification des sources de financement. Notre démarche vise à impliquer les entrepreneurs et à les encourager à devenir des investisseurs providentiels (Angels Investors), afin d’alléger le fardeau des pouvoirs publics qui ont des responsabilités multiples. Cette démarche est alignée sur les pratiques mondiales, où le secteur privé prend le relais. Nous sommes convaincus que nous atteindrons nos objectifs à court terme, car les indicateurs et les campagnes que nous avons menées commencent à porter leurs fruits.

Nous abordons ces défis avec une confiance inébranlable. Pour relever le défi du changement de mentalité, nous avons mis en place des initiatives de sensibilisation, des programmes de formation et des campagnes de promotion de l’entrepreneuriat. Pour le défi de la diversification des financements, nous œuvrons pour créer un environnement propice à l’investissement privé, en établissant des partenariats avec des acteurs économiques clés et en déployant des stratégies de communication ciblées.

L’essentiel est que nous considérons ces défis comme des opportunités de croissance. Notre équipe est déterminée à forger un écosystème favorable à l’innovation et à l’entrepreneuriat en Algérie. Avec une vision audacieuse et une stratégie bien élaborée, nous sommes confiants quant à notre capacité à surmonter ces obstacles et à catalyser le développement durable de l’écosystème entrepreneurial dans notre pays.

Quel impact peut-on escompter, sur le long terme, sur l’économie nationale, de la part des start-ups, sachant qu’il existe une part tolérable d’échecs et une part de succès ?

À l’échelle mondiale, le taux d’échec des startups avoisine les 80%, avec une grande part de ces échecs liée directement au financement et au marché. Toutefois, en matière de financement, le gouvernement a pris des mesures proactives pour créer un environnement favorable. Des fonds tels que le Fonds ASF et les Fonds de wilaya, totalisant plus de 500 millions d’euros, ont été instaurés. De plus, notre fonds conjoint avec SEAF de 80 millions d’euros, indéniablement, contribuera à réduire ce taux d’échec global, spécifiquement en Algérie.

Ajoutons à cela la détermination inébranlable de jeunes talents, emplis d’énergie et prêts à tout pour réussir. Nous les avons vus accomplir des miracles sans pratiquement rien, en remportant les compétitions mondiales les plus prestigieuses. En les soutenant, je suis convaincu que notre économie connaîtra une transformation radicale dans les 5 à 10 prochaines années, avec les startups comme élément moteur de ce changement.

Sur le long terme, l’impact des startups sur l’économie nationale sera significatif. Même si un certain niveau d’échec est inévitable dans le monde de l’entrepreneuriat, les succès qui émergeront auront un effet boule de neige. Ces succès non seulement renforceront la confiance des investisseurs, mais aussi créeront de nouvelles opportunités d’emploi, favoriseront l’innovation dans divers secteurs et stimuleront la croissance économique.

Les startups joueront un rôle majeur dans la diversification de l’économie, en introduisant de nouvelles idées, technologies et modèles d’affaires. À mesure que ces entreprises se développeront et prospéreront, elles contribueront à renforcer la compétitivité globale du pays sur la scène internationale.

En somme, même si le chemin des startups est parsemé de défis, les succès qu’elles engrangeront auront un effet durable sur l’économie nationale. La combinaison de financements ciblés, de jeunes talents prometteurs et d’une volonté de changement déterminée est une recette prometteuse pour transformer le paysage économique dans les années à venir.  

H. N. A.

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