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Yahia Azri, PDG de l’ORGM : « L’ORGM constitue la locomotive du développement du secteur minier »

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Dans cette interview avec le PDG de l’Office national de recherches géologiques et minières (ORGM), il est question essentiellement de détailler les missions de cet organisme et son rôle dans l’amont minier algérien. Ses travaux de recherche constituent la trame du secteur, voire une locomotive qui tire l’essentiel des activités du secteur. L’Office mène actuellement d’importants travaux pour permettre au pays et aux investisseurs de disposer d’une banque de données sur les réserves algériennes et différentes substances minérales. Selon son président directeur-général, Yahia Azri, l’ORGM envisage l’introduction de nouvelles technologies dans la recherche minière, notamment la géophysique aéroportée.

Entretien réalisé par Hacène Nait Amara

Pouvez-vous nous présenter l’Entreprise nationale de recherche géologique et minière (ORGM) ainsi ses principales missions ?
Permettez-moi d’abord de vous faire un rappel historique sur la création de l’ORGM, qui en sa qualité d’entreprise de recherche géologique et minière, existait depuis l’indépendance sous différentes appellations : BAREM, SONAREM, EREM, l’ORGM (Office de Recherche Géologique et Minière)  fut fondée en 1992 par la fusion de l’EREM et l’Office National de l’Infrastructure Géologique (ONIG).
L’ORGM est l’opérateur public pluridisciplinaire dans la recherche et l’exploration minière, il fut érigé en société par actions en 2011 et détenues exclusivement par le groupe Manadjim El Djazair.
L’ORGM est leaders dans la Recherche Minière. Il a capitalisé un savoir-faire de plus de 55 ans dans le domaine de la recherche minière qui se sont soldés par la découverte de plusieurs gisements mais aussi un expert réputé disposant des capacités techniques et de réalisation nécessaires qui lui permettent la maitrise certaine de ses activités.
L’ORGM s’adapte aux mutations du secteur minier à l’échelle nationale et internationale, qui est de plus en plus exigeant en matière d’expertise et du respect des normes reconnues au niveau mondiale à l’instar du JORC, NI 43-101, SAMREC…,
Notre objectif est la mise à niveau de l’Entreprise au standard international, pour son maintien comme leader à l’échelle nationale et l’ambition d’exporter ses services au niveau régional.

Quelles sont ses missions principales ?
L’entreprise, unique opérateur dans le domaine de la recherche minière en Algérie, est la locomotive du développement du secteur minier.
Sa mission principale est la recherche minière (Prospection et exploration), pour la découverte de nouveaux gîtes minéraux, de nouvelles sources de métaux ou de minéraux utiles.
La recherche minière constitue le soubassement pour l’expansion du secteur minier.
Ces dernières années, l’ORGM s’est investi aussi dans les études topographiques, environnementales et la prospection hydrogéologique.
Les principales missions de l’ORGM, consistent en la prise en charge des programmes de recherche minière de l’Etat, la réalisation de différentes études pour les entreprises du groupe Manadjim El Djazair et pour tout opérateur minier national et étranger.

Quels sont les moyens humains et matériels dont dispose l’entreprise pour mener à bien ses missions ?
La performance de la fonction de la recherche géologique et minière, en termes de pilotage de la ressource humaine et d’évaluation du potentiel de qualification, ont été les principales préoccupations affichées par l’entreprise.
L’ORGM, actuellement emploi en moyen 550 agents, dont 120 ingénieurs dans le cœur du métier, dispose de deux laboratoires des sciences minérales (accrédité selon le référentiel international ISO 17025 V 2017) un à Boumerdès et un autre à Tamanrasset, des laboratoires de géotechnique et de valorisation et une usine pilote pour des essais en semi industriel de différents types de minerais, ainsi qu’un fond documentaire.
Pour les campagnes de terrain, l’ORGM dispose de tous les équipements nécessaires pour les travaux de topographie (Stations modernes) et géophysiques (Systèmes électriques, Gravimètres, magnétomètres, spectromètres, stations de diagraphie,…) et un parc auto (VLTT), ainsi que des engins pour les travaux miniers (Tranchées, fouilles…).
Elle dispose aussi d’un parc de sondeuses avec un ensemble de moyens logistiques pour une capacité de réalisation de plus de 20 000 ML/an de forage carottant.
Pour la réalisation de ses missions à travers le territoire national, l’ORGM est organisée en 5 Directions Régionales (Tamanrasset, Béchar, Sidi Bel Abbes, Tizi-Ouazou et Tébessa) et une Base logistique à El Harrach.
Aujourd’hui, pour une meilleure prise en charge de ses programmes dans le cadre de l’accomplissement de ses missions, l’ORGM est doté de tous les moyens nécessaires.

Ces moyens sont-ils suffisants pour répondre à la demande des pouvoirs publics et les autres opérateurs miniers?
Au jour d’aujourd’hui, l’ORGM assure la prise en charge du programme de recherche minière de l’Etat et arrive à satisfaire les demandes des entreprises du Groupe Manadjim El Djazair et les différents opérateurs miniers.
Je rappelle que le spectre des activités de notre entreprise est très large et diversifié et commence par la conception des projets de recherche minière et leur mise en œuvre par la réalisation des différents types de travaux (topographie, Géologie, Géophysique, forage minier, analyses de laboratoire, valorisation et traitement de minerais à l’échelle laboratoire et semi industriel et études hydrogéologique et environnementales. L’ORGM compte se positionner et rester le leader dans le domaine de la recherche géologique et minière et s’imposer dans le secteur minier, qui est de plus en plus exigeant.
Pour se faire, un programme de développement a été initié et s’articule essentiellement sur le renforcement du vivier de l’entreprise par des recrutements d’ingénieurs pour assurer la relève et l’intensification des formations de spécialisation que ça soit en Algérie ou à l’étranger si nécessaire et l’acquisition de moyens de réalisation de plus en plus performants et modernes à l’effet d’augmenter les capacités de réalisations de l’entreprise et l’amélioration de la qualité de ses prestations et de répondre ainsi aux besoins de l’Etat, des entreprises algériennes et pourquoi pas envisager à exporter nos services à l’étranger.
Nous envisageons aussi l’introduction de nouvelles technologies dans la recherche minière, notamment la géophysique aéroportée.

Quel rôle pourrait jouer l’ORGM dans le développement du secteur minier national ?
Je vaudrais d’abord souligner que le développement des matières premières minérales, s’appuie sur l’équilibre entre l’extraction des réserves accessibles et la découverte de nouveaux gisements et de nouvelles substances minérales, par des programmes de recherche minière et de reconstitution des réserves des mines en exploitation.
La recherche minière, le métier de base de l’ORGM, constitue le soubassement pour l’expansion de ce secteur, c’est l’étape préalable à tout projet minier.
L’Algérie, vaste territoire à potentiel géologique et minéral, riche et varié, reste sous exploré, l’investissement par l’intensification de programmes de recherche minière est plus qu’une nécessité pour redynamiser le secteur minier.
Face à la détermination de l’Etat à relancer le secteur minier, les nouvelles orientations des pouvoirs publics à travers le ministère de l’Energie et des Mines se traduisent par la mobilisation des ressources et moyens nécessaires pour redynamiser ce secteur afin de lui permettre de jouer un rôle plus substantiel dans le développement économique et social du pays, à la hauteur de son potentiel géologique et minéral, pour faire face à une demande croissante en substances minérales et satisfaire les besoins de l’industrie nationale en matières premières minérales, dont le sol et le sous-sol algérien en regorge et ainsi palier à leur importation.
Dans ce contexte, l’ORGM est amenée à jouer un rôle décisif dans la relance de l’économie nationale par la mise à disposition de l’industrie minière, de nouveaux gîtes et gisements de diverses substances minérales, à travers les différents programmes d’études et de recherche minière, lesquels devront permettre aussi l’approfondissement des connaissances du sol et du sous-sol du pays et le dégagement de nouveau prospects pour la promotion.

Pourriez-vous nous donner un aperçu sur les études réalisées dans le domaine de la recherche géologique et minière en Algérie ?
Au lendemain de l’indépendance du pays, il a fallu surtout réaliser les études nécessaires devant permettre la réhabilitation des mines fermées et abandonnées et la reconstitution des réserves des mines en exploitation.
Jusqu’ à la promulgation de la loi minière 01-10 du 03/07/2001, l’Algérie a relié clairement le classement de ses ressources minérales à sa politique de développement et cherché à valoriser en priorité celles qui répondaient aux besoins de ses industries de base. Ce fut alors « l’âge d’or » de la recherche minière, qui a atteint son apogée en matière de résultats.
Cette période est marquée par le lancement des grandes opérations d’exploration à travers tout le territoire national (infrastructure géologique, géophysique, hydrogéologique, inventaire minéral…) et la mise en œuvre des différents plans à moyen et long termes d’exploration minière.
L’effort consenti par l’Etat dans le domaine de la recherche minière a permis de développer l’infrastructure géologique de base, la découverte de nouveaux gisements et l’identification de nouvelles ressources, dont les réserves des principaux gisements découverts ont été évaluées. Un inventaire minéral exhaustif a été établi (gisements, gîtes, indices, points minéralisés, anomalies géophysique et géochimique).

Le laboratoire des sciences minérales relevant de l’ORGM a reçu récemment son accréditation ISO-17025. Quelle est l’importance de cette accréditation pour vous ? Aura-t-elle un impact sur vos activités ?
Face à la détermination de l’Etat à relancer le secteur minier, l’ORGM, qui se présente comme un leader, incontournable par son expertise et son savoir-faire s’est fixé un objectif ambitieux, mais réaliste, celui de devenir une référence à l’échelle nationale et internationale dans le domaine de la recherche minière, en maitrisant tous les métiers des géosciences, forage et de laboratoire.
Pour ce faire, la Direction Générale de l’ORGM a défini comme priorité l’accréditation des laboratoires selon référentiel international ISO 17025 et leur mise à niveau au standard international. Cette accréditation constitue une reconnaissance des compétences techniques et organisationnelles d’un laboratoire et souligne sa performance, elle contribue au succès croissant des projets de recherche minière en s’appuyant sur des résultats d’analyse crédibles.
Les analyses d’un laboratoire accrédité pour un projet de recherche minière permettent de rassurer l’opérateur minier sur la certitude des résultats de son projet et garantir la fiabilité, la véracité des résultats d’analyses et la certitude des teneurs, donc la fiabilité des ressources /réserves estimées, ainsi que la bancabilté des rapports d’exploration minière. Je tiens à souligner que, l’ORGM a obtenu au mois de novembre 2021, l’accréditation de son laboratoire selon référentiel international ISO 17025, qui est ainsi le premier laboratoire des sciences minérales accrédité en Algérie et dispose de tous les moyens nécessaires, afin de maintenir et d’élargir le champ d’action de cette accréditation.
Bien entendu, ceci dénote de la crédibilité de l’ORGM et donne une image publique positive et une réputation croissante en matière de performance, mais aussi, l’accréditation représente un atout sur le plan marketing, qui, nous l’espérons, ouvrira de nouveaux horizons à l’échelle nationale et internationale et permettra de capter une partie du marché des analyses, notamment des pays voisins.
Aussi, il est aisé d’affirmer qu’aujourd’hui, toutes les analyses et les tests de recherche géologique et minière, qui se faisaient auparavant dans des laboratoires accrédités à l’étranger, tel qu’il est exigé par les normes d’exploration internationales (JORC, NI 43-101, SAMREC…), peuvent être réalisées en Algérie dans les laboratoires de l’ORGM, avec la compétence nationale qui ne manque pas d’atouts et ça fera des économies en devise pour le pays.

Les pouvoirs publics misent sur le développement du secteur minier pour générer des recettes en devise et réduire la facture des importations des matières premières. Selon vous, le pays dispose-t-il d’importantes ressources minières pour réaliser ces objectifs ? Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur les gisements miniers existants ?
Connue pour son potentiel énergétique, l’Algérie dispose également d’un potentiel minier important et diversifié.
Les travaux de recherche minière, financés par des fonds publics, ont permis jusque là de mettre en évidence, de développer et de mettre à la disposition de l’économie nationale plusieurs gîtes et gisements de diverses substances minérales, dont un nombre important a été octroyé aux opérateurs miniers.
Les principaux gisements et gites découverts sont:
Chaîne Tellienne (Nord du pays) qui recèle la mine de Oued Amizour (Zn-Pb), Oued. El Kebir (Pb-Zn-Cu), Boussoufa (Cu), Fendek (Hg), HammamN’bails(Sb)…
Kef Snoun et Bled El Hadba (phosphate), Beni Mansour (SrSO4),KoudiatSafia (BaSO4).
MassifEglab etOugarta (Sud-ouest du pays) qui recèle la mine de Gara Djebilet (Fe), Mechri Abdelaziz (Fe), Guettara (Mn), Draissa (Barytine)…
Le Massif Hoggar a quant à lui recèleTirek et Amesmessa (Au), Tiririne-Hanane (Au), Tin-Zakri (Au)Nahda et Bachir (W), Tin Amzi–El Karoussa (Sn-W), Timgaouine-Abankor (U), Ebelekan (Ta-Nb)…
Mais, il faut souligner encore une fois, que le vaste territoire de notre pays demeure sous exploré, même si on dispose d’un très riche patrimoine des connaissances géologiques de son sol et sous sol avec une infrastructure géologique de qualité.
Les indices et les points minéralisés de différentes substances mis en évidence par les travaux antérieurs, peuvent se transformer en gisements, en intensifiant les programmes de recherche et d’exploration dans les différents districts miniers et structures géologiques potentielles.

Que préconisez- vous en tant que ORGM en matière de politique de développement du secteur minier et des actions à entreprendre en la matière ?
Permettez-moi d’abord de rappeler que la recherche minière est une activité à risque et à forts enjeux financiers.Un projet de recherche minière doit suivre plusieurs phases avant d’aboutir à un projet d’exploitation viable, qui nécessitent la maîtrise de connaissances très spécifiques et de techniques complexes mobilisant d’importants capitaux.
Aussi, la durée d’un projet de recherche minière est longue (parfois jusqu’à 10 ans) et les chances de découverte d’un gisement remplissant simultanément les trois critères, environnemental, technique et économique, sont faibles, de ce fait, la mise en œuvre de projets de recherche minière représente d’importants risques financiers.
C’est pourquoi, un faible engouement des investissements des capitaux privés est constaté au stade de la recherche minière. Seul les Etats, à l’échelle mondiale, sur fonds publics investissent dans les premières phases de la recherche minière.
Devant cet état de fait, afin de développer le secteur minier en Algérie, l’Etat doit en premier lieu avoir un outil de recherche performant, à l’image de notre entreprise ORGM, qui doit être soutenue et développée pour sa mise à niveau au standard international. L’Algérie étant un vaste territoire à potentiel géologique perspectif, qui reste sous exploré.
Le développement du secteur minier est conditionné par l’intensification de programmes de recherche minière sur tout le territoire national, ce qui permettrait de mettre à disposition de l’économie nationale de nouveaux gîtes et gisements de diverses substances minérales ainsi endiguer les importations de ces produits et envisager même leur exportation.
L’accompagnement des opérateurs miniers, par des programmes de reconstitution de réserves des mines en exploitation, est un autre paramètre non négligeable afin de garantir la pérennité de l’activité de ces mines.
Et enfin, pour conclure, je dirais que pour développer ce secteur, il est opportun d’avoir un code minier attractif, qui permettrait d’attirer les opérateurs miniers nationaux et étrangers pour investir d’avantage dans l’exploitation minière et dans les programmes de recherche minière.
L’implication des universités dans les projets de recherche minière, sera d’un un apport capital..
H. N. A.

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