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Aissa Toufik, responsable du pôle homologation et certification au GIE Monétique : « Il est nécessaire de faire avancer le projet de déploiement massif des TPE »

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Dans cette interview, Aissa Toufik, responsable du pôle homologation et certification à GIE Monétique, fait le bilan de son activité de cette année et des démarches entreprises afin d’accélérer le déploiement massif des terminaux de paiement électronique (TPE), un projet qui connait une certaine difficulté pour sa concrétisation sur le terrain. Aissa Toufik évoque également la  conformité aux  normes et standards PCIDSS et EMV sur lesquels se base le   GIE monétique pour établir des référentiels pour le marché des paiements électroniques en algérien.

Interview réalisée par Hacène Nait Amara

Quel bilan faites-vous de l’activité homologation et certification de GIE monétique depuis le début de l’année en cours ?
Pour l’agrément des prestations de services qui vont rejoindre notre écosystème, nous avons été destinataires de 4 demandes d’agrément pour installation et maintenance des TPE et la maintenance des ATM. Ces prestataires ont finalisé la phase de pré-qualification au niveau de la SATIM et ont obtenu leurs agréments. Pour ce qui est de la certification des dispositifs de paiement et de retrait, nous avons eu quatre nouveaux ATM. Il s’agit, notamment, des  nouveau ATM émanant d’un  constructeur  coréen sur le marché algérien. Il y a aussi le retour en force de Diebold Nixdolf qui s’installe désormais en Algérie. Nous avons exigé qu’il ait une représentation bien structurée en Algérie pour une prise en charge meilleure du support et des travaux de maintenance du parc ATM. Nous avons également agréé trois autres prestataires d’évaluation et d’audit, publics et privés.

En termes de bilan et de réalisations, quel comparatif peut-on faire avec le précédent exercice ?
Bien évidemment, l’année dernière était plus riche en la matière compte tenu des besoins en prestations de services. D’où la nécessité de lancer  un appel à manifestation d’intérêt à l’encontre  des  entreprises  et des Start UP  algériennes  pour  s’initier  dans  le domaine  des paiements  électroniques . Nous avons eu jusqu’ici une douzaine de prestataires de services agréés depuis 2019 pour la maintenance et l’installation des TPE, ainsi  que la maintenance  des ATM entre autres. La maintenance des ATM nécessite, en revanche, une haute technicité et une grande qualification, d’où le fait que les prestataires doivent d’abord être accrédités par le constructeur pour pouvoir assurer la maintenance de ces équipements.

Vous avez lancé en collaboration avec la SATIM une opération d’accélération de l’adhésion des commerçants aux solutions e-paiement, cet objectif a-t-il été atteint ?
En effet ! L’idée est que les web marchands puissent disposer de solutions de paiement en ligne en collaboration avec leurs banques. En ce qui nous concerne, nous avons procédé à la mise en place d’un portail CIB qui ouvre la possibilité aux web marchands d’intégrer en ligne  et sans  aucun déplacement physique un module de paiement sur leur site web. Nous avons élargi ce service aux développeurs et aux startups qui peuvent désormais développer des modules de paiement et démarcher ces web marchands pour leur offrir des modules de paiement certifiés. Nous avons recensé jusqu’ici 86 développeurs en mesure de proposer des solutions de paiement en ligne au profit des marchands.

Quelle estimation faites-vous de la conformité des instruments et des solutions monétiques actuellement proposés aux normes établies par GIE Monétique ?
Il faut savoir que nous nous appuyons sur les deux standards reconnus mondialement dans  le domaine, à savoir la norme internationale PCIDSS pour la partie sécurité et la norme EMV qui couvrent les aspects opérationnels et fonctionnels relatifs aux cartes de paiement, aux terminaux de paiement de proximité et aux plateformes de paiement  à  distance. Nous essayons d’adapter ces exigences à notre écosystème de sorte à privilégier tout ce qui est nécessaire pour notre marché aussi bien en sécurité qu’en matière d’exigence du métier. Dit autrement, nous nous inspirons de ces deux normes pour établir nos propres référentiels pour le marché local.

L’activité installation de nouveaux TPE connait une certaines stagnation ces deux dernières années, à quoi est due cette situation selon vous ?
Cette situation est due à plusieurs facteurs. Nous n’avons pas pu jusqu’ici démocratiser et généraliser  la commercialisation et le déploiement   des dispositifs  de paiement  électronique. Actuellement, seules les banques sont habilitées à mettre des TPE à la disposition des commerçants domiciliés à leur niveau. Nous avons développé une démarche afin que les banques s’appuient sur des  prestataires de services pour assurer un meilleur déploiement  des dispositifs  de paiement  et une meilleure prise en charge  en matière du service après-vente (SAV) ou de  maintenance. La mise en place de cet écosystème est en cours de concrétisation avec des efforts considérables car l’opération demande de temps et des moyens conséquents.
Même pour le commerce, bien qu’il y ait une loi qui oblige le commerçant de se doter d’un dispositif de paiement mais non contraignante avant le 31/12/2023, ce qui fait qu’il n’y a pas encore un marché qui peut garantir aux prestataires de services une activité pérenne. C’est l’un des freins qui entrave le déploiement massif des TPE. Il y a également des demandes de commerçants pour se doter de TPE  qui sont en stagnation, étant donné le coût de revient d’un TPE pour une banque qui peut atteindre 100.000 dinars, sachant   que certains établissements  le proposent  gratuitement !

Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement et quelle perspective donnez-vous à votre activité ?
Il y a une nouvelle ère au niveau de la SSB (Société de services bancaires) qui se charge du déploiement massif de TPE dans le cadre de renouvellement des missions qu’on lui avait attribuées. Dorénavant, le déploiement des TPE n’est plus du ressort des banques et de la SATIM. Nous allons bien évidemment accompagner en tant que Groupement la SSB dans ce projet. Cette société doit mettre en place une organisation afin d’atteindre cet objectif et s’appuyer d’abord sur l’écosystème construit jusqu’ici ainsi que sur le réseau de prestataires et de startups chargés de l’installation, du suivi et de la maintenance des TPE afin de relever ce défi. Nous pensons que cette société est arrivée à un stade de maturité et qu’elle est en mesure d’assumer cette responsabilité. C’est la démarche qui a été arrêtée pour le déploiement des TPE et tout le monde est conscient de la nécessité de faire avancer ce projet. Le potentiel est évalué à 1 million de commerces à satisfaire, nécessitant environ 3 millions de dispositifs de paiement. Ce besoin pourrait atteindre plus que le chiffre avancé  de TPE par rapport au potentiel vérifié au niveau du Centre national du registre du commerce (CNRC). Les banques, seules, ne peuvent pas supporter le coût nécessaire au déploiement des TPE, d’où la nécessité que la commercialisation des TPE prenne une nouvelle forme plutôt que d’être du seul ressort des banques. Bien évidemment, il n’y aura pas que le TPE traditionnel qui sera déployé, puisque nous envisageons le déploiement d’autres solutions de soft post ou de paiement  en QR code. C’est-à-dire que nous dématérialisons le TPE sous forme d’applications mobiles. Ces solutions sont idéales pour les petits commerces et petits montants, tandis que le TPE est une solution adaptée aux grands magasins aux restaurants classés, hôtels et autres commerces d’un certain standing. Pour ainsi dire, en fonction du fichier disponible et récupéré au niveau du CNRC, nous déclinerons notre stratégie de déploiement de TPE et autres dispositifs de paiement agréés ou en cours d’agrément, sur une période de trois années en fonction du plan établi.
H. N. A.

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