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Lekhal Mokhtar, PDG de Somiphos : « Notre plan de développement vise à atteindre une capacité de production de 10 millions de tonnes »

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Il est question dans cet entretien avec le PDG de Somiphos des ambitions de cette filiale du groupe Manal en matière de production du phosphate, dont le plan de développement à court et à moyen terme s’articule autour de deux projets essentiels, à savoir le PPI (projet de phosphate intégré) d’une capacité de 6 millions de tonnes, nécessitant un investissement de 6 à 7 milliards de dollars avec un partenaire étranger. Et d’un second projet qui consiste en l’extension des capacités de production de Somiphos en effort propre. Le PDG de cette entreprise, filiale du groupe Manal, parle également des ambitions sur le marché mondial, mais aussi des objectifs en matière de valorisation et la transformation du phosphate en interne.

Interview réalisée par Hacène Nait Amara

Si on vous demande de nous présenter Somiphos en quelques phrases que diriez-vous ?
La société des mines de phosphate est issue de la restructuration de Ferphos qui était en charge des mines de fer et de phosphate. Notre mission principale se rapporte à l’exploitation, l’enrichissement et la commercialisation du phosphate. Nous sommes actuellement organisés autour d’une unité de production d’une capacité de 2 millions de tonnes annuellement implanté au niveau du site Djebel Onk, dans la wilaya de Tébessa. Nous disposons d’une installation portuaire à Annaba avec deux quais de chargement, dont un qui peut charger des navires de 50.000 tonnes et un second dédié au chargement des petits navires d’une capacité allant jusqu’à 20.000 tonnes. Nous avons une capacité de stockage allant jusqu’à 130.000 tonnes au niveau de l’enceinte portuaire d’Annaba. Nous avons également une unité de transport de produits miniers, riche d’une flotte de 60 camions, appelée à se renforcer davantage pour pouvoir équilibrer les charges. C’est une unité dont nous avons hérité de l’ancienne Ferphos. Somiphos dispose également d’un centre d’étude et de recherche appliquée pour le développement qui est le soutien à tout ce qui est opérationnel avec une direction générale au niveau de Tébessa, en charge d’élaborer une feuille de route et une stratégie de développement de l’entreprise.

Dans le plan de développement arrêté par votre entreprise à court et moyen termes, il était question d’augmenter les capacités de production du complexe pour atteindre 4 millions de tonnes à l’horizon 2029. Pouvez-vous nous en parler ?
Le plan global du développement de l’activité phosphate s’articule autour d’un objectif de 10 millions de tonnes, dont 6 millions de tonnes dans le cadre du projet de phosphate intégré en partenariat et un second projet géré exclusivement par Somiphos d’une capacité de production de 4 millions de tonnes. Notre plan s’articule, dans un premier temps, autour de la consolidation et le maintien de 2 millions de tonnes et de passer ensuite à 3 millions de tonnes en 2023 avec la mise en place de nouvelles lignes de traitement et à 4 millions de tonnes grâce à la mise sur pied d’un nouveau complexe modulable de 4 millions de tonnes à l’horizon 2029.

Quels sont les investissements que vous comptez consentir pour pouvoir réaliser cet objectif ?
Pour la consolidation des 2 millions actuels, il s’agit d’investir dans la réhabilitation des équipements en place. Pour passer à 3 millions de tonnes, nous projetons d’acquérir une laverie pour une capacité d’un million de tonnes qui sera installé sur le site actuel. Quant aux 4 millions de tonnes, il sera question de délocaliser l’usine du site actuel.

Il est question aussi dans ledit plan de développement d’élever nettement la qualité de la production. Cette ambition tient-elle à des opérations de mise à niveau de vos installations ou bien faudrait-il en acquérir d’autres ?
Effectivement, nous avons déjà consentis des investissements durant l’année 2021 pour augmenter la qualité du phosphate produit et atteindre un minimum de 30% de teneur qui sera ainsi un produit trop demandé pour la transformation et la production de l’acide phosphorique. Cela a nécessité la mise en place de nouveaux équipements et une amélioration du process en place.

A combien sont estimées les capacités actuelles de production de Somiphos ?
Les capacités de productions sont de l’ordre de 2 millions de tonnes. Avec la nouvelle laverie prévue, les capacités devraient atteindre les 3 millions de tonnes en 2023. Et pour atteindre les 4 millions de tonnes, il sera question de délocaliser le complexe actuel en dehors du site et en faire une nouvelle unité modulable d’une capacité de 4 millions de tonnes. La demande nationale ne représente même pas 0,1% de la production et tout ce qui est produit actuellement est destiné à l’exportation. L’idéal est de tout transformer en interne afin de générer une réelle valeur ajoutée. Le plan de développement vise l’objectif de tout transformer en interne et de commercialiser tout ce qui est produits élaborés afin d’améliorer les recettes en devises et générer une valeur ajoutée.

L’exportation est-elle un axe stratégique du développement de votre entreprise ? Quelles sont vos ambitions en la matière ?
Nous exportons actuellement vers les cinq continents, plus particulièrement à destination de la Pologne qui est un grand client pour nous, l’Espagne, l’Italie, la Croatie, la Bulgarie, l’Autriche, la France, l’Argentine, l’Uruguay, le Mexique, l’Inde, l’Indonésie, les Philippines et la Malaisie.

Vous avez déjà exporté pour 1 million de tonnes de phosphate rien que durant le 1er semestre 2021. Quel bilan faites-vous du précédent exercice aussi bien en matière d’exportation que de couverture des besoins du marché national ?
2021 était l’année où nous avons enregistré des records jamais atteints auparavant. Nous avons atteint une production de plus de 1,800 million de tonnes avec un volume commercialisé d’environ 1,900 million de tonnes. Malgré la baisse des prix du phosphate durant les deux années 2020 et 2021, nous avons pu réaliser un chiffre d’affaires de 103 millions de dollars. Nous avons l’ambition de multiplier ce chiffre d’affaires par deux, voire par trois avec la flambée des prix de la fin du précédent exercice et le début de l’actuel. Ces résultats ont été obtenus aussi grâce à la stabilité sociale qui caractérise nos unités et tous les investissements consentis sur la chaine de production et d’enrichissement actuelle. Il y a eu également une forte demande et une légère amélioration du transport par rails. Tous ces facteurs ont contribué aux résultats obtenus durant le précédent exercice.

D’importants projets d’exploitation et de transformation du phosphate sont actuellement en phase de développement et de production. Pouvez-vous nous faire un état des lieux ?
En dehors du projet intégré pour la valorisation de 6 millions de tonnes, pour lequel le pacte d’actionnaires vient d’être signé, ce qui nous permettra d’entamer les travaux, nous suivons phase par phase le plan de développement de Somiphos pour atteindre la capacité de 4 millions de tonnes initialement prévue. Pour cela, de nouvelles acquisitions sont prévues et seront réalisées entièrement par Somiphos. Pour ce qui est du PPI (projet de phosphate intégré), c’est un projet qui va coûter entre 6 et 7 milliards de dollars. L’apport du partenaire étranger est situé à hauteur de 44%, tandis que la partie algérienne, représentée par Asmidal et Manal en apporte les 66%. D’autres projets ont été lancés, dont un projet algéro-algérien dont Manal et Asmidal en sont les partenaires, concernant une usine qui sera implantée à Laouinat pour la production de tout ce qui est aliment de bétail. Nous avons également d’autres propositions pour des partenariats sur le site actuel pour la production des engrais.

Il semblerait que Somiphos est la filiale la plus rentable du groupe Manal. Parlez-nous de la santé financière de votre entreprise…
Nous avons clôturé l’exercice 2021 avec un chiffre d’affaires qui dépasse les 14 milliards de dinars avec un résultat net de plus de 4 milliards de dinars. Nous anticipons un chiffre d’affaires de 20 milliards de dinars au minimum pour 2022 et un résultat net de 9 milliards de dinars.
H. N. A.

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