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Pour un juste soutien

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L’édito de Hacène Nait Amara

Le gouvernement a-t-il encore les moyens de sa politique sociale ? Non. Peut-il encore acheter la paix sociale ? Oui. La politique sociale du gouvernement, qui repose grandement -et avec constance depuis toujours- sur la subvention des produits de première nécessité (lait, sucre, semoule, farine, huile, eau courante, électricité, carburants), ne peut plus être soutenue tant la situation financière du pays est en train de devenir des plus compliquées à gérer. Sans doute la pire depuis la cessation de paiement de 1993. Aujourd’hui, rebelote, la cessation de paiement se profile à l’horizon, et ce des suites d’événements économiques qui sont loin d’être imprévisibles : la chute du prix du pétrole, l’effondrement des cours du gaz, la fonte des réserves de change. Conséquence évidente de la totale dépendance de l’économie algérienne des hydrocarbures. Et maintenant, que faire ? Une chose est certaine aujourd’hui, le train de vie mené jusque-là par l’État devient insoutenable. Et, forcément, des coupes budgétaires seront inévitables. Les taxes prévues dans le projet de loi de finances pour 2020 ne suffiront guère pour espérer assurer l’équilibre de la balance des paiements pour les prochains exercices. Les recettes fiscales se calculent en dizaines de milliards de dinars lorsque les dépenses sont évaluées en dizaines de milliards de dollars ou d’euros. Et parmi les dépenses, une grande part va dans le soutien des prix des produits de première nécessité. Cependant, ce mécanisme, d’essence politique, ne répond à aucune logique économique et créé des aberrations comme celle qui fait que le litre d’eau minérale coute plus cher que le litre de gasoil ! Il est vrai que ce soutien a été vital pour les couches les plus défavorisées de la population. Toutefois, il est également vrai que cela profite, dans des proportions beaucoup plus importantes, aux fabricants de produits transformés tels les yaourts, la pâtisserie, les sodas et autres jus, comme cela profite aux contrebandiers qui vont écouler des tonnes de poudre de lait et d’incessants « plein » d’essence dans les pays frontaliers. Des milliards en monnaie sonnantes et trébuchantes pour arroser des milliardaires et enrichir des trafiquants de tout poil. Sans tomber dans le simplisme, l’on peut affirmer sans trouver de farouche opposition que la solution est pourtant simple : cibler les couches de la population auxquelles apporter de l’aide et les en faire bénéficier de manière directe. Une méthode qui a fait ses preuves ailleurs, où dans certains pays les personnes sans ressources reçoivent de la part de l’État un revenu de solidarité versé sur leur compte bancaire, ne payent pas leur transport dans leur région, se soignent gratuitement et bénéficient d’une aide conséquente, pouvant dépasser les cinquante pour cent, pour leur loyer. Ces mécanismes couteront nettement moins cher à l’Etat que l’actuel soutien généralisé avec la subvention de certains produits marchands de base. Mieux, les personnes dans le besoin ressentiront davantage les effets de l’aide de l’État, lequel, en permettant une certaine justice sociale, verra s’installer une paix sociale durable.
H. N. A.

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