La Société nationale d’assurances (SAA) s’est engagée depuis 2016 dans une profonde refonte de sa stratégie de développement avec comme objectif majeur de trouver de nouveaux leviers de croissance à travers la diversification de ses activités et l’amélioration de la qualité des prestations de services qu’elle offre à sa clientèle. Cette nouvelle orientation stratégique, qui n’a pas tardé à donner ses fruits, sera poursuivie et enrichie davantage au cours de la période 2019-2021, a tenu à affirmer, son président-directeur général, Nacer Sais, lors d’une rencontre avec la presse, tenue mi-mai écoulé au QG de la compagnie à Alger.
Par Lynda Mellak
La poursuite de la diversification des activités et l’évolution du chiffre d’affaires sont les axes prioritaires du plan d’action que la SAA compte mettre en œuvre durant les trois prochaines années. Il s’agit d’un véritable changement de cap pour cet assureur qui avait longtemps fait de l’assurance automobile le cœur de son activité, et un signe très fort et clairement révélateur de sa volonté de renforcer son positionnement sur le marché.
Cela devrait se traduire, selon Nacer Sais, par le développement des branches historiques, qui sont l’automobile et les risques divers, la mise en place de garanties et produits innovants et adaptés aux nouvelles exigences de la clientèle, l’assouplissement des procédures de souscription et de tarification actuelles, ainsi que par la segmentation du portefeuille-client d’une manière permettant de commercialiser au profit des mêmes assurés des garanties complémentaires.
Outre l’amélioration de la qualité du service, le nouveau plan d’action de la SAA devrait se traduire par la réduction des délais de règlement des sinistres, l’instauration du tiers payant pour les branches, automobile et risques divers, et par le développement de nouveaux canaux de distribution notamment la vente en ligne et la bancassurance.
L’autre aspect sur lequel la SAA mise gros est le déploiement d’une nouvelle organisation de son réseau de distribution à travers le transfert de la gestion administrative notamment des sinistres vers des plateformes régionales de gestion. « D’ici deux ans, toutes nos agences se transformeront en points de vente et espaces commerciaux pour se consacrer exclusivement à la vente de nos produits d’assurance et à la gestion des relations avec notre clientèle. La gestion administrative des sinistres et recours se fera en revanche au niveau des plateformes régionales de gestions que nous sommes en train de mettre en place », a fait savoir le Pdg de la compagnie, tout en précisant que cette réorganisation constitue une action d’envergure qui a pour objectif de transformer progressivement leurs agents en véritables commerciaux susceptibles de capter une nouvelle clientèle, mais surtout de la fidéliser grâce entre autres à un service à la hauteur de leurs attentes et besoins.
La SAA avait mis en œuvre en 2016 un programme de modernisation, allant de l’adoption d’une nouvelle identité visuelle et du relookage de ses agences, jusqu’à l’amélioration des services offerts à sa clientèle et à la diversification de ses activités. «Il n’était pas normal pour une entreprise d’assurance de la taille de la SAA, qui capitalise plus de 55 années d’expérience, qui dispose des plus importantes capacités de financement sur le marché et du réseau de distribution le plus étendu de rester confinée dans un seul segment d’activité, à savoir la branche automobile, qui représentait 85% du portefeuille de la SAA », a-t-il fait observer. L’interdiction de l’importation des véhicules neufs et son impact sur le chiffre d’affaire du marché de l’assurance automobile constitue, lui seul, un message d’alerte pour les dirigeants de la première compagnie d’assurance nationale.
La compagnie s’est donc retrouvée dans l’obligation de passer d’une compagnie monobranche vers une société d’assurance au sens large du terme, avec un portefeuille-client équilibré, constitué à parts égales entre le segment automobile et les branches hors-automobile. Un programme de modernisation a été dès lors initié afin de sortir de cette dépendance et ne plus être exposée à des résultats négatifs et à des déséquilibres techniques.
Parmi les mesures prises au titre de ce programme, Nacer Sais a cité l’introduction de nouvelles garanties, telles que « l’assistance à l’international » qui permet la prise en charge du véhicule du client à l’étranger, ou encore « Top réparateur » qui offre aux clients une assistance lors d’un accident. « Nous avons signé une convention avec Renault Algérie et prochainement avec Peugeot Algérie afin que le véhicule du client ayant déjà souscrit à cette garantie soit transporté vers un des ateliers de ces deux constructeurs pour être réparé, avec la garantie d’utilisation de pièces de rechanges d’origine », a-t-il expliqué.
Un saut qualitatif et quantitatif en 2018
Ce programme entrepris par la SAA a commencé à porter ses fruits en 2018, comme en témoigne son chiffre d’affaires qui a atteint 27,7 milliards de DA, soit une hausse de 4,4% par rapport à 2017, ce qui représente une augmentation de 0,24% de ses parts de marché.
Toutes les branches ont enregistré des taux de progression positifs. Elles ont toutes contribué à la croissance du chiffre d’affaires, qui représente, selon M. Sais, le double de la croissance du marché, estimé à 2,5%. La branche automobile, avec 30% de parts de marché, a en effet connu une hausse de 2,07% en 2018, soit un chiffre d’affaires additionnel de 400 millions de DA par rapport à 2017, ce qui représente environ 48,4% du volume global des primes émises. Il en est de même pour les branches hors automobile, qui ont évolué de 11%, à l’aune des efforts déployés pour diversifier le portefeuille de la société qui détient une part de marché de 22%. Le Pdg a précisé, à ce propos, que la branche IARD (incendie, accidents et risques divers) a enregistré une évolution de 9%, les assurances agricoles ont évolué d’environ de 25% et les assurances transports de 20%.
S’agissant des indemnisations des sinistres, Nacer Sais a indiqué que la SAA a versé 16 milliards de DA d’indemnisations en 2018, contre 15,5 mds de DA en 2017, alors que le nombre des nouvelles déclarations de sinistres a baissé de 345.000 en 2017 à 338.000 en 2018. « La fréquence des sinistres automobiles a nettement baissé en 2018, mais le montant des règlements a enregistré une hausse de plus de 40%. Cela s’explique par le coût moyen des réparations des sinistres qui est de plus en plus en hausse, en raison de la montée significative des prix de la pièce de rechange sur le marché », a-t-il expliqué.
Commentant ces résultats, le conférencier dira que le saut qualitatif et quantitatif enregistré en 2018 a été l’œuvre du segment des assurances dommage, contrairement aux années précédentes où la croissance du marché était tirée essentiellement par l’assurance de personnes (AP). Celle-ci, souligne-t-il, a enregistré cette fois-ci une contreperformance due à la baisse de l’assurance voyage, suite au contingentement du nombre de visas octroyés aux Algériens. Cette tendance baissière a été également observée au niveau du chiffre d’affaires enregistré par l’Assurance tous-risques, dont le manque à gagner a été compensé par entre autres la « Tous-risques limitée », une garantie introduite en 2017.
L. M.
