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Conséquences économiques de la crise sanitaire : Sauver impérativement les entreprises en difficulté

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La pandémie du Covid-19 qui a touché l’Algérie à l’instar de tous les pays du monde a mis en péril plusieurs entreprises, tous secteurs confondus. Face à une telle situation, en ne peut plus difficile, le gouvernement n’a d’autres choix que de mettre en place un certain nombre mesures pour accompagner au mieux ces entreprises afin de limiter les dégâts. Certains patrons d’entreprises exhortent le gouvernement à aller plus loin dans sa politique de soutien et d’accompagnement en prenant des mesures audacieuses afin de sauver les milliers d’emplois qui sont sous le spectre d’un chômage certain.

Par B. Titem

L’Algérie, à l’instar des autres nations touchées par la pandémie de la Covid-19 n’a pas échappé à la crise économique qui s’en est suivie, forçant l’arrêt brutal des activités de beaucoup de secteurs économiques. A l’exception de quelques commerces et autres productions de première nécessité, comme l’agroalimentaire et le pharmaceutique, pratiquement tous les autres services (cafés, restaurants, commerces d’habillement…etc.) sont à l’arrêt. Les transports en commun, privés et publics, sont suspendus et les entreprises du secteur, qui traversent une mauvaise passe depuis le début de la crise ont fini par annoncer, tour à tour, leurs pertes qui se chiffre en dizaine de millions de dinars pour les petites et moyennes entreprises alors les grandes entreprises ont enregistré des pertes en milliards de dinars. La compagnie aérienne nationale de transports de voyageurs, Air Algérie, qui a été contrainte à l’arrêt de son activité, clouant ses appareils au sol, enregistre un préjudice de plusieurs milliards de dinars. Elle devrait bientôt finaliser un rapport d’évaluation des pertes financières et le présenter à sa tutelle (ministère des Transports). La Société nationale des Transports ferroviaires (SNTF) a annoncé, quant à elle, avoir subi environ 1 milliard de dinars de pertes les deux premiers mois de l’arrêt de son activité. Idem pour l’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV), qui a annoncé avoir subi des pertes de pas moins de 2,5 milliards de dinars, alors que l’entreprise de transport urbain, ETUSA, s’est vue décomptée de plus de 30% de son chiffre d’affaires. La crise a aussi mis à l’arrêt pas moins de 180 000 taxis et 90 000 transporteurs privés inter-wilayas, urbains et sur-urbains.
S’agissant du secteur du BTPH, la situation est beaucoup plus critique. Selon le Collège national des experts architectes (CNEA) ce secteur, déjà durement affecté par la crise financière et la baisse de la commande publique, est touché de plein fouet par la pandémie du coronavirus : toutes les entreprises sont bloquées et 80% d’entre elles ont mis la clé sous le paillasson. Bien que sa participation au PIB national demeure peu important, le secteur du tourisme est lui aussi paralysé. La fermeture des 3 500 agences voyages que compte le pays, à la suite de la fermeture de l’espace aérien et l’instauration du confinement a occasionné des pertes colossales au secteur et la mise au chômage technique de plus de 150 000 travailleurs en hébergement et restauration.

Réactivité et mesures salvatrices
Il faut reconnaître cependant que, face à cette crise, les pouvoirs publics ont réagi rapidement. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, n’a pas tardé dès les premières semaines de confinement à annoncer la création de commissions spécialisées d’experts dont la mission est d’examiner la situation prévalant dans tous les secteurs et de relancer la machine économique pour la période post-pandémie. En attendant, une batterie de mesures a été décidée, à ce titre, pour la survie des entreprises, la préservation de l’outil national de production et le redémarrage immédiat, post-pandémie, de l’économie nationale. Les services fiscaux ont été les premiers à entreprendre une série de mesures d’accompagnement pour les entreprises en difficultés de trésorerie en leur accordant le report des délais de paiement de certaines taxes. Pour sa part, la Banque d’Algérie, consciente de l’impératif de protéger l’économie nationale et de garantir les conditions nécessaires à la poursuite de l’activité des entreprises de production de manière régulière, a décidé des mesures exceptionnelles d’allègement, dont le report du paiement des tranches de crédit, arrivant à échéance, ou le rééchelonnement des créances de la clientèle, ayant été impactée par la crise.
Deux autres mesures fondamentales concernent la réduction de la facture d’importation de 41 à 31 milliards de dollars et une réduction budgétaire de 30 %. Aussi l’État a jugé nécessaire de reporter le lancement de plusieurs projets et infrastructures déjà prévus, comme les centrales électriques et a instruit la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, de réduire de moitié ses dépenses d’exploitation et ses coûts d’investissement. Quant à l’activité commerciale extérieure, et afin de sauvegarder le stock stratégique national durant cette crise sanitaire que traverse le pays, il a été décidé l’interdiction d’exporter 17 produits à partir de l’Algérie et ce, jusqu’à la fin de cette crise. Le gouvernement a par ailleurs décidé la suspension de l’application des pénalités de retard sur les entreprises se trouvant dans l’impossibilité d’assurer la réalisation des travaux et prestations prévues pour tous les marchés publics de l’Etat, des collectivités locales, des organismes et établissements publics. Autre mesure, et afin d’amortir les conséquences financières de cette crise sur les entreprises publiques et privées de réalisation et sur l’emploi, le ministre des Finances a été chargé de dégager et de notifier, sous le sceau de l’urgence, aux différents maîtres d’ouvrages, les crédits de paiement et les réévaluations nécessaires au paiement des créances détenues par ces entreprises au titre de la commande publique. signalons, en outre, que le ministère du commerce a décidé, en plus de proroger le délai du dépôt légal des comptes sociaux de l’exercice 2019 jusqu’au 30 Septembre 2020, de permettre aux opérateurs économiques de déposer les annonces légales et comptes sociaux auprès des cabinets de notaires ayant adhéré à la convention conclue entre le CNRC et la chambre nationale des notaires portant le dépôt des annonces légales en ligne.
En sommes, l’ensemble des acteurs économiques s’accordent à dire que la volonté politique existe et que ces mesures, mêmes si leur impact positif est évident, ne seront pas suffisantes à elles seules sans l’implication et la participation effective de tous les intervenants dans la vie économique du pays. Ces acteurs s’interrogent aussi, à l’aune de ce contexte difficile, sur les effets de cette pandémie : serait-elle une menace de plus pour les entreprises et l’économie en général ou une belle aubaine pour une réelle relance ? Les mois à venir ne tarderont pas à en fournir la réponse.
B. T.

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