« L’Algérie est entrée dans une nouvelle ère, celle de l’informatique centralisée autour de la numérisation et du Cloud. Certes, on y enregistre un certain retard par rapport à ce qui se passe au niveau mondial, mais le secteur peut profiter de ce retard pour en faire un atout et avancer rapidement ». C’est du moins la vision que livre le Directeur général de ADEX Technology et responsable de la commission du développement du numérique au FCE, Djaoued Allal.
Hacène Nait Amara
Innvité pour un débat au Forum «Meet-Tic» de Indjazat, dédié au monde des TIC et sponsorisé par l’opérateur de téléphonie public, Mobilis, l’expert de la transformation numérique et président de l’Association Algérienne des Technologies de l’information -AITA- affirme que depuis le début des années 2 000, le pays a enregistré le lancement de quelques projets de transformation numérique, notamment dans le secteur de la Justice qui ne cesse de se moderniser. Cependant, malgré toute la volonté politique affichée en faveur d ce secteur, cette transformation technologique n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière et, comparativement à ce qui se fait sous d’autres cieux « beaucoup de chose restent à faire ». Pour lui, « la libéralisation du commerce électronique devrait booster le domaine du numérique en Algérie », pour peu que les mentalités changent et que les responsables ne considèrent plus les secteur des hydrocarbures comme principal pourvoyeur de richesse. « Quand on a une économie basée essentiellement sur les hydrocarbures, on néglige forcément les autres secteurs. L’économie aujourd’hui, c’est la donnée et non pas le pétrole. Il faut pousser les opérateurs à l’investissement dans le secteur des nouvelles technologies, notamment en terme d’infrastructure car le numérique offre un potentiel de croissance et de diversification économiques des plus importants », dit-il. Et d’explique que ce secteur est actuellement « victime de l’incompréhension et de la peur que certains affichent vis-à-vis du numérique et du changement, ce qui a engendré un excès de réglementations et une gestion administrative empêchant une avancée rapide dans ce domaine ». Il en veut pour preuve, ces opérations de « dématérialisation des processus qui ne sont pas, en fait, des transformations numériques, d’autant que les moyens mis en place pour leur réalisation sont lents, particulièrement dans le secteur public ». Se référant à des statistiques officielles disponibles, Djaoued Allal affirme que le numérique pèse actuellement pour moins de 4% du produit intérieur brut (PIB), tandis que les nombres d’internautes et d’abonnés à la téléphonie mobile sont estimés respectivement à 35 et 39 millions. Selon lui, ce secteur peut tenir lieu d’un véritable levier pour la croissance économique, en cela qu’il offre surtout « un outil essentiel de bonne gouvernance, de transparence et d’amélioration de la productivité ». Citant une évaluation de la Banque mondiale, l’invité du Forum souligne que « les transformations numériques dans les entreprises peuvent apporter jusqu’à 2% de croissance annuelle »
Abordant certains aspects techniques de la numérisation, l’expert revient sur l’adoption des services dits Cloud computing, c’est-à-dire les services d’hébergement et de stockage de contenus informatisés, estimant qu’il reste encore du chemin à faire : « Le Cloud résout beaucoup de problèmes économiques, de compétitivité et de performance, en ce sens qu’il permet la productivité, la rapidité, la mobilité et le développement des applications. Mais en Algérie, on enregistre un retard dans ce domaine ».
Quant à la dématérialisation et la transformation digitale, le président de l’AITA juge l’implication du secteur privé insuffisante. « On assiste à des projets de dématérialisation dans tous les ministères, par exemple, mais je dois faire remarquer que cette dématérialisation n’est qu’un élément de l’ensemble du processus de numérisation et de digitalisation auquel beaucoup de prestataires de services n’y sont pas associés », note l’expert. Il en est de même pour le Big Data, ou la captation, le stockage et l’analyse massive des données, qui permet de générer des capacités énormes de structuration à l’effet de les analyser au service des clients, mais que « nous n’exploitons pas aujourd’hui, en l’absence de ce type de solution. Cela représente un gâchis pour le pays et nous met en retard par rapport à ce qui se passe dans le monde », regrette M. Allal. Il n’en demeure pas moins que les pouvoirs publics s’attellent aujourd’hui à rattraper tout ce retard, avec l’implication du secteur privé, incontournable aux yeux de l’expert. D’ailleurs, en présidant la Commission « Développement du numérique au sein de l’entreprise » au FCE, Djaoued Allal affirme vouloir mettre l’économie du savoir au dessus de tout et une priorité dans les actions entreprises par l’Organisation patronale. « Notre objectif : faire la promotion du développement du numérique au sein de l’entreprise et œuvrer pour la transversalité du numérique dans toutes les activités de l’entreprise », souligne M. Allal, précisant qu’aujourd’hui, son souci majeur est de parvenir à de convaincre et faire adhérer les entreprises au processus de « mise en place d’une stratégie de transformation numérique assurant à leurs activités une plus grande performance sur le marché ».
L. M.