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MOUZAIA Mohamed Idir, PDG de MFE : «Nous travaillons pour rattraper le manque à gagner en termes de développement»

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Unique fournisseur du complexe d’El Hadjar en minerai de fer, la société des Mines de fer de l’Est (MFE) croise le fer avec une conjoncture difficile pour pouvoir relever le défi de rattraper le déficit en développement et d’investissement cumulé du temps où Arcelor Mittal était l’exploitant des deux mines d’El Ouenza et de Boukhadra. Dans cette interview, le PDG de MFE détaille le plan de développement de son entreprise et les objectifs en matière de production et de développement des gisements de fer. L’ambition étant d’atteindre une production de 04 millions de tonnes par an à l’horizon 2031, à l’issue dudit plan de développement qui s’étale sur dix années.

Interview réalisée par Hacène Nait Amara

Si devait-on parler de MFE et de sa mission, que peut-on dire ?
La Société des mines de fer de l’Est existe depuis l’époque coloniale. Elle est composée de deux mines, à savoir la mine d’Ouenza et celle de Boukhadra, situées, respectivement à 40 et 75 km au nord du chef-lieu de la wilaya de Tébessa, non loin des frontières Algéro-Tunisiennes. Ces deux mines ont commencé leur activité respectivement en 1921 et 1925. Durant l’époque coloniale, la production de ces mines était destinée exclusivement à l’exportation jusqu’à l’indépendance de l’Algérie, voire jusqu’au 1967 avec, au tableau, une moyenne de 03 millions de tonnes de minerai de fer exporté à destination de l’Europe, de l’Asie et l’Amérique. Depuis 1967, date de la nationalisation des mines, ces dernières ont été confiées à la SONAREM (Société nationale de recherche et d’exploitation minières). Jusqu’en 1983, date de la restructuration de la SONAREM, il y a eu création de plusieurs filiales par spécialité, dont FERPHOS, chargée de l’exploitation des mines de fer et de phosphate. En 2001, dans le cadre d’un partenariat, ces deux mines ont été cédées au partenaire ISPAT du groupe L.N.M (Lakshmi Niwas Mittal), qui les a exploitées pendant une quinzaine d’années. Le départ de ce partenaire en 2016 a donné lieu à la création de MFE SPA (Groupe MANAL SPA).

Votre entreprise joue un rôle important dans l’approvisionnement du complexe d’El Hadjar en fer brut. Quelles sont vos capacités actuelles d’extraction et de transport et quels sont vos objectifs dans le développement de ces capacités ?
Nos capacités de production sont tributaires de celles du complexe sidérurgique d’El Hadjar (Annaba) ; Aujourd’hui elles tournent autour de 1,7 million de tonnes par an, destinées exclusivement à l’approvisionnement de ce dernier. Il est à noter que pour extraire ces 1,7 millions de tonnes de minerai de fer, une découverture de plus de 12 millions de tonnes de roches stériles, surmontant les corps de minerai s’impose. Pendant les quinze années d’exploitation par Arcelor Mittal il n’y a pratiquement pas eu d’investissements en faveur du développement, mais une sorte d’écrémage qui a causé un important étranglement de ces mines. Ce que nous faisons actuellement est de tenter de rattraper le manque à gagner en termes de développement pour la préparation des réserves exploitables en minerai de fer pour la satisfaction des besoins de SIDER EL HADJAR.

L’Etat avait, justement, débloqué plus de 8 milliards de dinars depuis 2017 pour la rénovation du matériel et engins d’extraction de fer dans les mines de Ouenza et Boukhadra. Quel était le retour sur investissement en matière de production de cette enveloppe budgétaire ?
Sur ce crédit de 8,56 milliards de dinars qui nous a été accordé en 2014 et validé en 2017, il n’y a eu qu’une seule partie qui a été réalisée et qui équivalait à 24,3 M.USD (2799 MDA). Tandis qu’une autre partie, engagée en 2020, n’a pas été encore concrétisée pour diverses raisons, endogènes et exogènes, dont la pandémie covid-19 qui a bloqué les marchés internationaux ainsi que d’autres contraintes liés à l’octroi d’autorisations d’importation de certains équipements que nous attendons depuis avril 2021 à ce jour. Nous espérons que la situation se débloque avec la fin de cette pandémie.
Nous sommes en train de faire le nécessaire afin de combler le déficit en investissements et en développement cumulé durant les quinze années d’exploitation des mines de Ouenza et de Boukhadra par Arcelor Mittal.
Nous espérons concrétiser cet investissement pour lequel le crédit en question a été ouvert jusqu’en 2023 dans les plus brefs délais. Car les moyens dont nous disposons actuellement sont insuffisants pour la réalisation de nos objectifs planifiés. Nous en sommes à 60 % à peine. Avec le déblocage attendu en faveur de l’acquisition des équipements miniers, nous atteindrons bientôt les 100 % de nos prévisions. Aujourd’hui, pour y remédier au manque de moyens et équipements miniers pour le développement de nos mines, nous avons engagés des travaux de prestation de service avec deux entreprises sœurs du groupe MANAL, l’ENG au niveau de la mine d’Ouenza et l’ENOF au niveau de Boukhadra.

Outre l’approvisionnement du complexe d’El Hadjar, il semble que l’excédent de production sert à alimenter d’autres sidérurgistes nationaux en fer brut. Pouvez-vous nous en parler ?
Les caractéristiques qualitatives de notre minerai, particulièrement celui de l’Ouenza nous obligent à aller vers l’enrichissement de notre minerai de fer afin de pouvoir augmenter sa teneur et de permettre d’atteindre des niveaux de productivité acceptable, comparativement à ceux des concurrents utilisant une technologie similaire à celle du complexe El Hadjar (agglomérés de minerai de fer et hauts fourneaux). Si l’on réussi à enrichir le minerai, une grande quantité de minerai dit pauvre pourrait être exploitée, et par conséquent augmenter le potentiel géologique et la durée de vie de la mine. Nous avions un partenaire sidérurgique turque, installé à Ain Temouchent qui a émis le vœu de conclure un contrat de partenariat pour l’enrichissement des minerais de fer des mines de MFE. Nous sommes actuellement en discussion pour la concrétisation d’un projet de partenariat. Ses ingénieurs ont pris des échantillons de notre minerai pour les besoins d’analyse et essais de traitement et les résultats sont concluants. Il s’agit d’un projet de développement de notre produit à travers son enrichissement. Nous espérons que ce partenariat soit concrétisé dans peu de temps.

Un plan de développement des deux mines d’El Ouenza et de Boukhadra avait été concocté. Quels sont les axes stratégiques et prioritaires de ce plan ?
Le plan de développement de la société MFE Spa s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale arrêtée par le conseil des participations de l’état (CPE) pour la filière sidérurgie -mines, lors de sa 149ème session du 25 juillet 2016.
le plan de développement en question s’étale sur dix années, soit jusqu’en 2031. Ce plan consiste à préparer le gisement pour pouvoir accéder aux réserves qui sont en profondeur, d’une part, et satisfaire les besoins de SIDER El Hadjar en minerai de fer, d’autre part. afin de réaliser cet objectif, nous avons besoin d’augmenter notre potentiel en équipements miniers de production, en multipliant les capacités actuelles de l’entreprise. L’objectif à l’horizon 2031 étant d’atteindre 04 millions de tonnes par an de produit marchand. Le programme de développement de MFE à l’horizon 2031, prévoit de réaliser un total de 30 millions de tonnes de minerai ferreux , contre une découverture de l’ordre de 122 millions de tonnes, soit une masse rocheuse de 152 millions de tonnes et un taux de découverture de 4 T/T.

Y a-t-il eu une augmentation des prix de votre minerai brut qui serait à l’origine de la hausse des prix de certains produits finis ?
Bien entendu, les prix de l’acier sont étroitement liés à ceux de la matière première (minerai de fer), mais aussi aux autres intrants et charges. Ce que je peux vous affirmer, nos prix n’ont pas augmenté depuis l’année 2018 à ce jour. Nous sommes un fournisseur unique d’un client unique. Il est très tôt de parler d’une augmentation et/ou d’une quelconque révision des prix. Nos prix sont calculés sur le coût d’extraction d’une tonne de minerai de fer, alors que les prix fixés par El Hadjar sont calculés sur la base du coût de revient d’une tonne traitée. Il n’y a donc pas de lien à établir entre l’augmentation du produit fini et celui du produit brut. Chacune des deux sociétés, MFE et El Hadjar, a ses coûts de production.

Y aurait-il des études sur le potentiel restant en fer brut de ces deux mines ?
Nous avons des projets en perspectives pour l’étude des zones d’expansion au voisinage du périmètre minier en cours d’exploitation. Nous avons déjà terminé un projet qui a été finalisé par l’ORGM en 2021, lequel a permis de mettre en évidence un potentiel de plus de 37 millions de tonnes de plus par rapport au potentiel existant. Il y a d’autres perspectives dans les régions limitrophes qui pourraient renfermer des réserves géologiques susceptibles d’augmenter davantage le potentiel minier.

Comment se porte votre entreprise au plan financier ?
Nous avons une créance importante détenue par le complexe d’El Hadjar que nous n’arrivons pas à recouvrir facilement, eu égard aux difficultés de trésorerie de la société SIDER El Hadjar. Nous arrivons juste à arracher le strict minimum permettant le fonctionnement de l’entreprise MFE pour couvrir les diverses dépenses et les charges. A travers notre groupe MANAL, nous avons sollicité l’intervention de l’Etat pour faciliter le déblocage d’une partie de cette créance pour que nous puissions faire face à nos objectifs de développement par nos propres moyens.
H. N. A.

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