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Rachid Sekak, expert financier : « Le CPA est une vitrine qui expose l’image de tout le secteur financier »

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Dans cette interview exclusive accordée au magazine indjazat, Rachid Sekak, une voix éminente du secteur financier, nous livre une analyse percutante et éclairée sur l’introduction prochaine du Crédit Populaire d’Algérie (CPA) en Bourse. Avec une expertise aiguisée et une perspective avertie, Sekak explore en profondeur les implications économiques et politiques de cette décision stratégique, mettant en lumière son importance capitale dans l’évolution du paysage financier algérien. En examinant les défis et les opportunités découlant de cette initiative, il offre un éclairage précieux sur son impact potentiel, tant au niveau national qu’international. À travers ses propos éclairants, Sekak aborde le défi de liquidité auquel le CPA pourrait être confronté sur le marché boursier. Il souligne que bien que ce défi soit une préoccupation actuelle du marché boursier algérien, il est néanmoins surmontable, et suggère que des mécanismes conjoints, impliquant notamment les banques locales et le Trésor, pourraient être déployés efficacement pour garantir cette liquidité. Cette réflexion souligne l’importance d’une approche stratégique et collaborative pour assurer le succès de l’introduction en Bourse du CPA et renforcer la stabilité du marché financier local.

Interview réalisée par Hacène Nait Amara

Quelle analyse faites-vous de la prochaine introduction en bourse du crédit populaire d’Algérie ?
C’est objectivement une belle initiative et un excellent signal de nature politique. les choses « bougent » enfin en matière de réforme bancaire le déploiement d’une opération identique pour la banque de développement local (BDL) renforcerait considérablement le message.

Pouvez-vous nous donner votre évaluation des initiatives annoncées par le CPA en direction de ses futurs actionnaires, notamment en ce qui concerne le dividende attaché à l’exercice 2023 ?
Lors du dernier road show d’Alger, il a été annoncé que la date d’entrée en jouissance des actions offertes dans le cadre de l’actuelle offre publique de vente (OPV) sera le 1er janvier 2024. Cela signifie effectivement que les futurs actionnaires ouvriront droit au dividende de l’exercice 2023 qui sera réglé en 2024.
Cela représente indirectement une nouvelle décote entre le prix de cession de 2 300 DA et la valorisation de l’action réalisée par Grant Thornton à 2 561 DA. Cela accroit l’attractivité du titre.

Comment voyez-vous la future position du CPA sur le marché boursier par rapport aux autres entreprises déjà cotées ?
Le CPA sera, pour un certain temps, la plus forte capitalisation de la place boursière et leader du marché. Le CPA devra assurer ce leadership car il sera un peu le benchmark de l’appréciation de la situation économique du pays. il sera suivi de près par les investisseurs. cela représente de nouveaux défis pour la banque, notamment en matière de communication et de transparence.

Etes-vous optimiste quant au succès de l’introduction en bourse du CPA ? Quels sont les éléments objectifs qui nourrissent cette perception ?
Je suis relativement optimiste, mais en matière de bourse et de marché financier, on ne peut malheureusement pas être certain. C’est la nature des marchés. la réputation du CPA est bonne. Il est souvent présenté comme la banque publique la plus efficace avec un portefeuille très majoritairement orienté vers le secteur privé et les Pme. Il était le candidat idéal à cette première opération. L’action est correctement «pricée » à 2 300 dinars. Les efforts de communication et de conviction déployés par les équipes du CPA ont été substantiels et admirables.
Le segment « grand public » répond bien à l’offre publique de vente, notamment les clients du CPA qui connaissent bien la banque. Ce qui est un excellent signal et surtout la confirmation de la qualité de la banque. Les avantages fiscaux accordés aux futurs porteurs sont très substantiels aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises. Le segment visé des entreprises laisse néanmoins apparaître un « retard au démarrage » pour le montant d’environ 55 milliards de dinars qui lui est réservé. Pour la réussite de l’opération, il faudra néanmoins que les membres du syndicat de placement, au-delà du CPA, « mouillent le maillot ». Il s’agit d’un travail d’équipe et chacun doit comprendre que cette première initiative est importante pour le pays et son image, et qu’elle doit impérativement réussir. J’ai envie de tenir un langage politique et pas technique : il s’agit ici d’une opération d’intérêt national qui met en jeu la crédibilité de notre secteur bancaire.

Est-ce que l’introduction en bourse d’un acteur majeur du secteur bancaire va contribuer à clarifier l’avenir du marché boursier local ?
Une chose est certaine : l’arrivée du CPA va assez sensiblement accroitre la capitalisation et la profondeur de la bourse d’Alger. En effet, un montant supplémentaire de près de 140 milliards de dinars arrive sur le marché. A l’échelle actuelle du marché local, c’est un montant énorme.

En quoi l’implication d’un cabinet d’évaluation de renommée internationale comme Grant Thornton, pourrait-elle renforcer l’attrait des actions du CPA sur le marché international ?
Pour le moment, l’international n’est pas une cible pour l’ouverture du capital du CPA. Pour mémoire, on peut actuellement relever quatre cibles : les personnes physiques de nationalité algérienne (les particuliers), les collaborateurs du CPA, les investisseurs institutionnels locaux comme les compagnies d’assurance ou le FNI, et les entreprises locales publiques et privées. Je ne sais pas si une tranche ultérieure à la présente tranche de 60.000.000 d’actions sera offerte pour les investisseurs internationaux. Si tel était le cas, je pense qu’en plus d’une évaluation par un cabinet de renommée internationale, il faudra probablement recourir à un rating du CPA par l’une des grandes agences internationales.

Quels sont les principaux défis auxquels le CPA pourrait être confronté sur le marché boursier et quels seraient les instruments pour les relever ?
Le défi du CPA sera le défi actuel de notre marché boursier : la liquidité. Mais ce souci éventuel n’est pas insurmontable. Des mécanismes conjoints, notamment avec les banques de la place et le Trésor peuvent être facilement déployés pour assurer cette liquidité.
H. N. A.

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