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Rafik Boussa, CEO de Grant Thornton Algérie : « Le CPA est une banque solide qui a une histoire »

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Grant Thornton Algérie, cabinet leader dans le conseil financier, a été choisi par le Crédit Populaire Algérien (CPA) pour évaluer son entrée en Bourse et l’ouverture de son capital, à travers un processus d’appel d’offres rigoureux. Fort de ses références nationales et internationales, notamment son succès dans l’évaluation de l’opérateur Télécom «Djezzy», Grant Thornton Algérie a mobilisé ses équipes locales, dotées d’une expertise pointue et d’une formation continue, en collaboration avec des firmes internationales de renom. Rafik Boussa, CEO de Grant Thornton Algérie, explicite, dans cette interview, le processus d’évaluation, dont il a précisé qu’il a été exhaustif, incluant une analyse stratégique, un plan de développement et un business plan ajustable. Les résultats ont confirmé la solidité du CPA et identifié des défis à relever, notamment en termes d’attractivité, de modernisation et de développement à l’international. Pour Grant Thornton, le CPA dispose d’un potentiel humain remarquable avec une volonté de changement et une foi inébranlable dans leur institution. C’est une banque avec une histoire et un héritage qui a su tisser des liens forts avec sa clientèle. D’une valeur de 138 milliards de dinars algériens, l’ouverture du capital du CPA est perçue comme un catalyseur pour la réforme du secteur bancaire et la dynamisation de la bourse d’Alger, offrant des opportunités de croissance et de rayonnement pour le secteur financier et l’économie algérienne dans son ensemble.

Interview réalisée par Hacène Nait Amara

Comment Grant Thornton a-t-il été choisi pour évaluer l’entrée en Bourse et l’ouverture du capital du Crédit Populaire Algérien ?
Tout simplement à travers un processus rigoureux de sélection et de filtrage dans le cadre d’un appel d’offres lancé par le CPA. Nous avons présenté une offre dans laquelle nous avons aligné les meilleurs experts de Grant Thornton avec des références tant nationales qu’internationales. Doté d’un capital de 500 millions de dinars et de moyens humains importants, le cabinet se positionne aujourd’hui comme un cabinet leader dans le conseil financier.
Il faut souligner le fait que Grant Thornton dispose déjà d’une expérience connue et reconnue en matière de conseil financier et d’évaluation d’entreprises et qui permet de rivaliser avec des banques d’affaires internationales. On a eu à réaliser des missions d’évaluation des grands groupes internationaux. Grant Thornton Algérie a été sélectionné avec deux banques d’affaires américaines pour l’évaluation à la juste valeur de marché de l’opérateur Télécom « Djezzy » et a mené avec succès cette opération d’envergure.

Pouvez-vous nous décrire le processus d’évaluation que Grant Thornton a entrepris pour évaluer l’entrée en bourse du CPA et l’ouverture de son capital ? Quelles compétences locales avez-vous mobilisées en Algérie pour mener à bien cette mission ?
Votre question comprend deux volets distincts, à savoir, d’un côté le processus d’évaluation donc la démarche et la méthode, et de l’autre les compétences et qualifications. Je débute par le second volet, car il est primordial et il fait la particularité de Grant Thornton. Le volet des ressources et compétences locales.
Grant Thornton dispose d’une équipe d’experts de haut niveau dans les domaines bancaires, dont certains ont occupé des postes d’encadrement dans diverses banques (publiques et privées). Ces équipes locales formées dans les grandes écoles algériennes (École supérieure de banque, École supérieure de commerce, École supérieure algérienne des affaires) et aussi des grandes écoles et universités internationales (Harvard Business school, Université d’Oxford) ; déjà aguerries et au fait du fonctionnement des banques, des marchés financiers et des méthodes d’évaluation et bénéficient d’un appui de compétence de haut niveau de la part des firmes de Grant Thornton à l’international que ce soit sur la place de Londres, la place de New York ou d’ailleurs.
Cette même équipe bénéficie également de cursus de formation continue sur les différents outils d’évaluation, d’analyse et tout ce qui a trait aux métiers de conseil financier. C’est une exigence de qualité des cabinets internationaux de rang de Grant Thornton.
Sur le volet méthode et démarche, nous avons fait en sorte de fournir au CPA un travail exhaustif et de qualité qui comprend (1) une évaluation stratégique : avant d’entreprendre le travail d’évaluation, nos équipes ont réalisé un diagnostic complet de la banque en mettant en évidence ses forces et ses faiblesses ainsi que les perspectives d’évolution ; (2) un plan de développement : nous avons travaillé avec les équipes du CPA que je salue au passage et qui ont fait preuve d’une mobilisation remarquable pendant des périodes de congé. Cela nous a permis d’échafauder une stratégie nouvelle pour le CPA ainsi qu’un plan de développement ; (3) un business plan : en étroite collaboration avec l’équipe de Management du CPA. Nous avons formalisé les projections financières de l’activités de la banque sur la base des différentes hypothèses d’ouverture de capital du CPA. Il faut savoir qu’au début de nos travaux le niveau d’ouverture et la démarche n’étaient pas encore complètement arrêtés.
Donc, il nous a fallu construire un business plan dynamique (un outil) qui est ajustable selon les différents cas d’ouverture de capital, soit un cas d’augmentation de capital avec l’émission de nouvelles actions ou bien la cession des actions détenues par l’actionnaire ; (4) finalement, nous avons réalisé l’évaluation : selon 3 méthodes reconnues : patrimoniale, comparable et Discounted Cash Flow.

Quels sont les principaux résultats ou conclusions auxquels Grant Thornton est parvenu à l’issue de cette mission d’évaluation ?
Les résultats obtenus sont maintenant disponibles en ligne et accessibles au grand public d’ailleurs, une grande partie est reprise sur la notice du CPA. Ce que je peux rajouter en guise de synthèse, c’est que nous avons pu confirmer que la banque dispose d’un potentiel humain remarquable avec une volonté de changement et une foi inébranlable dans leur institution. Le CPA est une banque avec une histoire et un héritage qui a su tisser des liens forts avec sa clientèle, et je suis sûr que ces derniers vont constituer une grande partie des nouveaux actionnaires de la banque. Mais aussi une banque solide avec des repères et des indicateurs financiers rassurants en dépit des différentes crises qui ont secoué le secteur et le monde financier en général.
 
Y a-t-il des défis spécifiques ou des opportunités identifiées pour le CPA dans son parcours vers l’introduction en bourse ?
le premier défi d’une société cotée en bourse, c’est de garantir son attractivité, le CPA devra maintenir un niveau de résultats permettant de soutenir son développement et de réaliser son plan stratégique articulé autour de : l’orientation client ; la maitrise des risques ; la Gouvernance et l’excellence opérationnelle ; le développement de son Capital Humain ; le développement à l’international.
Le second défi sera celui de la modernisation et de la digitalisation pour être à la hauteur des attentes des nouveaux actionnaires et surtout rivaliser avec les grandes institutions cotées soit au niveau régional ou international. L’autre défi, c’est celui du développement à l’international, initiative déjà entreprise par le CPA avec l’ouverture de deux filiales en 2023 en Mauritanie et au Sénégal.

Comment percevez-vous la démarche globale de l’État algérien consistant à ouvrir le capital des banques publiques, et quelles sont vos recommandations, le cas échéant, pour renforcer ce processus ?
Il faut comprendre que la priorité des autorités est avant tout d’accélérer la réforme du secteur bancaire d’une part, et de redynamiser la bourse d’Alger d’autre part. Notre pays doit disposer désormais d’une place boursière qui non seulement doit être le miroir d’une économie algérienne en pleine mutation et développement, mais aussi un marché boursier dynamique qui rivalise avec les économies de la région MENA.
La bourse est le moteur des économies développées. Le marché boursier est la courroie de transmission entre les entreprises, les investisseurs et les autres parties prenantes. Il est en outre le générateur des grands investissements de manière économiquement saine (non inflationniste).
L’ouverture du capital du CPA constitue un précédent de par sa nature (une grande banque) et de par le montant de l’opération 138 Milliards de dinars algériens et qui va créer un saut dans les valeurs de la bourse d’Alger (capitalisation boursière).
Que cette expérience du CPA soit considérée comme la locomotive pour les autres institutions publiques et privées, et puisse aussi générer un effet d’entraînement pour les autres acteurs des différents secteurs (télécoms, industrie, services…).

En quoi l’ouverture du capital du CPA pourrait-elle bénéficier au secteur financier algérien et à l’économie dans son ensemble ? Quels sont les principaux avantages et défis que vous anticipez dans ce contexte ?
Cette introduction du CPA est censée enclencher une nouvelle dynamique pour accélérer la réforme du secteur bancaire. Les Pouvoirs Publics envisagent des taux d’ouverture plus conséquents qui dépassent les 50% pourvu que la profondeur du marché soit en mesure d’absorber de tels niveaux de valorisation.
Cette introduction en bourse permettra au CPA de renforcer sa notoriété et de renforcer sa visibilité tant nationale qu’internationale, d’améliorer sa gouvernance et ses standards de gestion pour, entre autres, adopter une vision marché résolument tournée vers l’excellence opérationnelle, l’expérience client et in fine sa performance financière synonyme de l’attractivité de son titre sur le marché boursier.
L’opération d’ouverture du capital aura des effets d’entrainements positifs pour le secteur financier et l’économie algérienne dans son ensemble à travers la dynamique qu’elle insufflera. Elle constitue en effet un signal fort pour les investisseurs tant nationaux qu’internationaux quant à la volonté sincère des pouvoirs publics d’accélérer la réforme du secteur bancaire d’une part et dynamiser, d’autre part la bourse d’Alger appelée à jouer un rôle de catalyseur entre les investisseurs et les entreprises. Une telle opération d’introduction en bourse pour un montant d’un milliard USD repositionnera la bourse d’Alger sur la place régionale pourvu que cette dernière accélère à son tour sa mutation et mette en place des outils digitaux de cotation en continu.
H. N. A.

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