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Virée à EMBAG de Bordj Bou Arréridj : La relance, après la stagnation

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Implantée dans la méga zone industrielle de Bordj Bou Arreridj, l’Entreprise Publique Economique (EPE) EMBAG- SPA se dresse comme un défi parmi les nombreuses sociétés, essentiellement  privées, roulant aux toutes dernières technologies de pointe.

De ce point de vue l’on ne peut que rester ébahi, tout comme les différents cadres étrangers, dont l’un avait été apprenti sur l’une des premières machines, opérationnelle depuis 1979 à ce jour, quand on saura que ces équipements vieux de presque un demi- siècle tiennent, non seulement toujours la route mais répondent aussi à la concurrence avérée dans le domaine.

Nous aurons encore le temps de découvrir bien des facettes d’une entité qui a vaillamment résisté à l’épreuve du temps et des mutations structurelles qui avaient failli l’engloutir.

Reportage réalisé par Azouz Kafi

La Société des Emballages et des Arts graphiques, dont EMBAG est l’acronyme, est une unité de production de l’ex Société nationale des industries de la cellulose (SONIC), nous apprend sa fiche technique.

Réalisée ‘’Clés en main’’ par l’italienne INGECO en 1978, elle est mise en exploitation en janvier 79.

S’ensuit une série de restructurations, qui ont, soit- dit en passant, constitué la mise à mort d’une grande partie des entreprises- fleurons du pays.

Ainsi en 1985 l’actuelle unité appartenait à l’ENEPAC, après restructuration de la SONIC en deux structures ; ENEPAC et CELPAP. A la fusion de ces dernières, elle devient, en juillet 1999, une filiale du groupe industriel du papier et de la cellulose (GIPEC). Enfin, en 2020 elle entérine sa fusion- absorption avec la filiale SACAEH- Saïda.

Il est utile de rappeler que EMBAG a pour mission la production, la commercialisation et le développement du marché des emballages en papier et carton.

Aussi, et fidèle à sa ligne tendant à contribuer à la promotion des réalisations nationales, Indjazat a effectué une virée au siège d’une entreprise devenue, à son corps défendant ‘’la gardienne du temple’’ de l’Algérie à l’industrie  industrialisante de naguère. Une posture qui lui sied à merveille !

Le trajet par voiture Alger- BBA effectué d’un trait, c’est avec soulagement que nous mettons pied à terre dans l’enceinte du siège, de prime abord d’une superficie immense. On saura plus tard qu’elle repose sur près de 39 hectares au total, dont 08 abritant l’usine de production et 11 autres constituant un terrain nu sur le quel la Direction fonde de gros espoirs de nouveaux investissements.

A l’accueil, le directeur de production, Hadji Azzedine, au cv parfaitement étoffé. Un DEA en génie mécanique, une licence en énergétique, un diplôme en management d’entreprise et une expérience de 22 ans, entamée à SONIC.

Entamée, notre visite démarre par la première entrée de l’usine gigantesque dont on note l’agencement impeccable  avec d’abord l’espace de stockage de la matière première, ensuite l’atelier des sacs à grande contenance pour le ciment et enfin un continuum pour sachet PMC (Petite et moyenne contenance) dans le troisième atelier dédié au carton pour les boîtes.

Dans l’immense  hangar de stockage et dans toute sa largeur, trônent empilés de grandes quantités de papier Kraft et papier- cartonné.

Notre guide, accompagné par le directeur technique, Gouadah Wahab ; ingénieur en mécanique, se fait un point d’honneur à indiquer qu’ici point de «papier recyclé, mais de  cellulose pure». Un détail qui vaut son importance, notamment pour le sachet alimentaire ; même si en aval, il constitue une certaine contrainte au niveau du prix de revient et donc de la concurrence.

Au départ de la production, trois maillons essentiels. Il s’agit du service infographie, qui intervient pour la conception graphique, selon la demande ou à la carte, le laboratoire d’analyse intervenant à la réception initiale de la matière première puis à l’usine et enfin le service impression graphique.

Ce dernier atelier a connu une bonne avancée de modernisation, à travers de nouveaux investissements traduits  par l’acquisition  d’une nouvelle machine performant à 6 couleurs (5+ 1 vernis) alors que l’ancien parc est doté de machines à 2 et 4 couleurs. Dans ce même contexte, un nouvel investissement a porté sur  une machine contre colleuse, également.

Cet atelier constitue la première étape du process de finition ; s’ensuit le façonnage dans un atelier renfermant 10 machines, dont un nouvel investissement, là aussi et enfin une plieuse colleuse, si utile pour l’empaquetage des ampoules médicales, notamment.

L’on notera ainsi le gros effort de l’entreprise au niveau de nouveaux investissements auxquels appellent tous les cadres avec lesquels nous avons échangé durant notre visite.

«Cette usine a survécu à tous les aléas grâce à la résilience et l’abnégation de vrais hommes qui se sont succédés pour la préserver de prédateurs à l’affût, depuis tous les temps. Nous avons besoin aujourd’hui d’équipements modernes pour booster de plus en plus la production» se plaisent- ils à faire remarquer.

A ce plan, et tout en nous menant à l’atelier- sacherie, Azzedine Hadji met en avant la machine fer- de- lance de l’unité, en matière de production de sac de ciment. Cette nouvelle chaîne, de technologie allemande, reposant sur 3 stations, flexage- tubeuse- boutonneuse, présente cet avantage d’être dotée d’un process entièrement automatisé, de la mise en branle de la bobine au produit fini.

Le directeur de production pointe une capacité de 300 sacs de 50 kg/ minute et soulignant également le lancement effectif de la production de sac/25 Kg.

Cela en sus de l’ancien parc qui comprend 4 machines et où le travail se fait en 2 étapes, par une quarantaine de travailleurs ; pour une capacité de production de 2800 sacs/ mn.

Passant à l’atelier  sac- PMC (petite et moyenne contenance), soit de 250 gr à 15 kg, qui renferme 4 machines, Azzedine Hadji insistera longuement sur la qualité du papier, fait de pâte noble, car destiné au produit alimentaire. Nous y trouvons toute une large gamme, du sachet à pizzas et gâteaux à celui de la farine et semoule. «En tant que secteur publique, nous nous interdisons strictement d’utiliser du papier recyclé afin de préserver la santé du citoyen, mais le PR forcément un peu plus élevé qu’ailleurs, nous pénalise quelque peu au niveau de la concurrence et la commande», confie- t- il.

Tout ce machinisme appelle logiquement, pour une entreprise qui veut aller de l’avant, un atelier de maintenance. En arrière plan de l’usine, les services de mécanique générale, d’électricité auto voire d’électronique y sont à pied d’œuvre pour les travaux de réparation ponctuels, aidés grandement par des orientations didactiques à même de fabriquer certaines pièces, notamment électro mécaniques qui finissent dans l’atelier usinage, situé dans le prolongement de l’atelier central.

A défaut, les réparations sont- elles confiées en sous- traitance mais pas question d’immobiliser outre mesure, les machines en panne.

C’est aussi l’une des clés de la réussite d’une entreprise qui a fait sien le crédo ‘’Aller de l’avant’’ !

En quittant le complexe, après avoir vu de près l’application, la discipline de ses travailleurs et surtout leur foi en leur ambition, nous ne pûmes nous empêcher de valider un tel crédo !

Par-dessus tout, l’on comprend mieux qu’avec ses 387 travailleurs, Embag-BBA arrive à tenir le quasi monopole de  la sacherie GC auprès des entreprises publiques les plus prospères, à l’image de GICA pour la cimenterie ou encore le Groupe Saïdal pour la boite du médicament.

A. K.

Entretien Express Avec Brahim Touati, PDG d’EMBAG
«Nous pouvons avancer à grands pas»    

En accédant au bloc administratif, aux allures des plus sobres, de l’EMBAG- BBA, nous redoutions quelque peu un entretien fastidieux classique que nous avions sollicité auprès de Brahim Touati, le Président- directeur général de l’entreprise.

Force est d’admettre  que l’empathie de l’homme a vite fait de dissiper nos appréhensions.

Cet ingénieur en aménagement traine une expérience de gestionnaire de 29 ans derrière lui, passant 11 ans en qualité de P-dg de URBA- Sétif avant de tenter une aventure au sein de la célèbre société privée FADERCO où il est resté 1 an, contre un quasi pont d’or comme rétributions.

Mais quand l’opportunité de présider aux destinées d’EMBAG se présenta, voilà près d’une année, Brahim Touati n’hésita pas. Certaines indiscrétions répondant à notre curiosité de journaliste, nous apprennent que, ce faisant, il renonça à près de la moitié de son salaire.

C’est que Touati semble tellement être un homme de conviction et de défis. Avec en toile de fond, un zeste de patriotisme qui ne dit pas son nom ?

Propos recueillis par Az. K.

Il y a 10 mois vous preniez la tête du complexe EMBAG, dans quel en était l’état des lieux, alors ?

Je dirais franchement qu’il y régnait de l’instabilité et de l’indiscipline au niveau du personnel et les marchés à l’arrêt à un autre plan. Cette grande usine stagnait au lieu d’évoluer. Nous nous sommes évertués à apporter le juste changement à tous les niveaux, y compris les mentalités. Je reste persuadé que nous pouvons avancer à grands pas.

Vous dites que l’usine stagnait : les raisons sont- elles essentiellement endogènes ou nichées à plus haut niveau, celui de la tutelle par exemple ?

En grande partie les raisons sont endogènes et c’est pourquoi j’ai évoqué la nécessité de  changer  les mentalités.

A un autre plan, ma vision est que si je suis venu ici c’est pour développer l’entreprise de façon étudiée et rationnelle, non pas pour redresser ponctuellement pour se contenter d’assurer les salaires des personnels.

L’on déduit  donc que vous avez introduit un plan de charge conséquent ?

Oui, et c’est vraiment pour le court terme. Sans entrer dans les détails exhaustifs, je me contenterais de dire que l’objectif de fond est de parvenir autant que faire se peut, à réduire les coûts, en produisant nous mêmes ce que nous pouvons faire localement et répondre ainsi à la concurrence sur le marché.

Cela suppose aussi de gros investissements…

Ils ont incontournables pour être compétitifs. A cet effet,  nous avons présenté un plan d’investissement à court terme, c’est-à-dire pour 2024. Il porte, notamment sur  une machine- Sac à poignée, une nouvelle machine d’impression, une auto- platine, une coupeuse transversale, un CTP Développeur Polymère et une machine train- onduleur pour fabrication de micro cannelures en réflexion.   

En parallèle, nous avons, à l’échelle du groupe, un terrain secondaire mitoyen du complexe, de 11 hectares, que nous comptons exploiter  en réalisant, dès 2024, une usine de carton compact .Il s’agit là d’un gros projet, à l’étude actuellement et qui peut s’ouvrir au partenariat public- public. En résumé, il faut explorer toutes les voies  qui nous permettent de sortir de la dépendance et, à termes, répondre au besoin national tout en lorgnant l’exportation.

C’est, par là, de grandes ambitions…

Si je n’en avais pas, je resterais chez moi.

A. K.

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